Laurent Monsengwo : Retour sur "l'immense" parcours d'un homme au service de Dieu (Portrait)

Lundi 12 juillet 2021 - 21:57
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Le décès du cardinal Laurent Monsengwo Pasinya, à Versailles en France le dimanche 11 juillet 2021, est arrivé comme un coup de massue pour le peuple congolais en particulier et l'église universelle en général. Quant aux réactions qui fusent de partout, elles prendraient une éternité si on s'y attarde.

Laurent Monsengwo Pasinya, qui était-ce ?

Natif de Mongobele, un village de la province de Maindombe, Laurent Monsengwo Pasinya est né le 7 octobre 1939. Pendant toute son existence, il aura été l'un des témoins et acteurs clés de l’histoire contemporaine de la République démocratique du Congo.

Son parcours ecclésiastique

Après ses études primaires à Nioki et secondaires au petit séminaire de Bokoro 
(au Maindombe), Laurent Monsengwo intègre le grand séminaire de Kabwe( au Kasai-Central), où il suit le cycle de philosophie. A l'issue de ce cycle, il sera ordonné prêtre en décembre 1963 pour le compte du diocèse de Inongo.

En 1980, il sera nommé Evêque auxiliaire du diocèse du diocèse de Inongo. Il reçoit la consécration épiscopale le 4 mai de la même année  par le pape Jean-Paul II. Et le 7 avril 1981, il est transféré à Kisangani, toujours comme évêque auxiliaire. Le 1er septembre 1988, il sera nommé archevêque de Kisangani. 

De 1984 à 1992 et de 2004 à 2008, il présidera la conférence épiscopale du Zaïre (l'actuelle Cenco), alors qu'il en était secrétaire général de 1974 à 1980. En 1987, il est également élu membre du conseil du secrétariat général du synode des évêques, poste auquel il est réélu en 1990 et en 2001. En 1997, il sera élu président du symposium des conférences épiscopales d'Afrique et de Madagascar (SCEAM), poste qu'il conservera jusqu'en 2003. En même temps, il sera élu vice-président de de Pax Christi internationa

Le 6 décembre 2007, le pape Benoît XVI le transfère à  Kinshasa, où il deviendra archevêque métropolitain, avant qu'il ne soit créé cardinal par le même pape lors du consistoire du 20 novembre 2010.

En 2013, Monsengwo sera nommé par le pape François, membre du groupe d'évêques chargés de réformer la curie romaine. Et en 2014, il sera nommé toujours par le pape François, père synodal pour la troisième assemblée générale extraordinaire du synode des évêques sur la famille.

Son parcours scientifique 

Après son ordination sacerdotale, Monsengwo ira poursuivre ses études à Rome. En 1970, il devient le premier africain à obtenir un doctorat en "écriture sainte" à l'institut biblique pontifical de Rome. Sa thèse avait comme sujet: "La notion du Nomos dans le Pentateuque grec". Après son retour au Zaïre, il occupera différents postes de professeur de théologie aux facultés catholiques de Kinshasa (aujourd'hui Université catholique du Congo) et dans plusieurs séminaires, notamment Jean XXIII à Kinshasa.

Il écrira plusieurs ouvrages  dont "L'église catholique au Zaïre: ses tâches, ses défis, ses options" en 1991".

Son parcours politique 

En tant que citoyen, Laurent Monsengwo Pasinya aura été une voix forte pour le retour de la démocratie en RDC. Il joua un rôle de premier plan dans la vie politique depuis la transition politique des années 1990 jusqu'aux crises politiques et électorales des années 2000.

En 1991, il devient ainsi président du bureau de la Conférence nationale souveraine. Puis, de 1992 à 1996, il présidera le Haut conseil de la république, érigé en parlement de transition en 1994.

Quelques citations célèbres 

Elu en 2018 comme le 4e africain le plus influent par le magazine Jeune Afrique, chacune des sorties publiques de Monsengwo avait l'effet d'une bombe dans l'opinion.

"Il est temps que les médiocres dégagent! Et que règnent la paix et la justice en République démocratique du Congo", propos tenus le 31 décembre 2017, en réaction à la répression de la marche des laïcs catholiques.

"Le fait de prendre le pouvoir par les armes ne justifie pas qu'on ne puisse le quitter que par les armes. Celui qui respecte la constitution n'a rien à craindre de la justice. Celui dont les droits sont bafoués se sent protégé par la même constitution", propos tenus le 25 décembre 2016 dans son homélie de Noël.

"Les resultats des élections n’étaient pas  conformes ni à la vérité, ni à la justice", propos tenus en 2011 pour contester la réélection de Joseph Kabila.

"Je n’envie pas le pouvoir politique. Si je le voulais, je l’aurais pris en 1997, avec la chute de Mobutu, mais je ne l’ai pas fait, car mon pouvoir ecclésiastique est mille fois supérieur au pouvoir politique", propos tenus dans une conférence de presse en 2002.

Bienfait Luganywa