L'instruction du procès sur le meurtre de l'activiste pro-démocratie Rossy Mukendi s'est poursuivie le lundi 20 septembre 2021 à la prison militaire Ndolo, devant la Cour militaire de Kinshasa-Matete.
Ladite instruction a porté sur le grief de violation des consignes. Tous les témoins invités à comparaître notamment le responsable du ravitaillement de la police de Kinshasa, ont fait défaut à l'exception de l'ancien garde rapproché de la commissaire supérieure Carine Lokeso nommé Nkuya, en détention à la prison militaire de Ndolo.
Comme prévu, ces deux officiers de la police ont été confrontés aux questions de toutes les parties au procès. Dans sa déposition, le brigadier Nkuya a affirmé que Bivuala qui l'a remplacé comme gardé rapproché de C. Lokeso, détenait dans son chargeur des munitions létales.
« Il était constant. Il a dit qu'il avait fait la remise et reprise avec son collègue Bivuala qui est en fuite, le 23 février 2018. Il a aussi reconnu qu'il avait des munitions létales. Lui [Nkuya ndlr] avait remis 3 chargeurs de balles réelles à Bivuala puis il a informé Carine Lokeso, leur chef, qu'il y a déjà eu remise et reprise et qu'il doit maintenant partir. De son côté, Carine Lokeso lui a dit de ne pas partir parce qu'ils ont reçu des consignes que demain, le 24 février, ils doivent être présents à la parade au commissariat provincial de la police. C'est ce qui a fait qu'il reste mais sans travail parce qu'il avait déjà fait la remise et reprise avec Bivuala. Ils sont allés à la parade. On leur a doté des balles en plastique. Lui [Nkuya] avait été doté par Carine Lokeso d'une arme FLG, des gaz. Puis, son collègue Bivuala avait enlevé les deux chargeurs pour mettre des balles d'exercice et le troisième chargeur était resté avec des balles réelles. Il [Nkuya] a interpellé son ami Bivuala sur les consignes reçues à la parade mais ce dernier lui a répondu qu'il va changer que s'il reçoit les ordres de Carine », a expliqué à 7SUR7.CD Me Claude Kaniekete, l'un des avocats des parties civiles.
Avant l'audition de Nkuya, la partie prévenue Lokeso a exprimé son opposition sur la liste des témoins invités à comparaître. Les avocats de la commissaire supérieure ont estimé que la Cour devait, en premier lieu, notifier la défense. Position rejetée par le ministère public et les parties civiles.
Après avoir pris connaissance des arguments des uns et des autres, la Cour s'est prononcée en faveur des moyens qui ont été soulevés par le ministère public et les parties civiles.
En ce qui concerne les témoins qui ne se sont pas présentés, le ministère public appuyé par les parties civiles, a demandé à la Cour d'user de la contrainte conformément aux dispositions 242 et 249 du code judiciaire militaire face à cette défaillance.
La commissaire supérieure Lokeso et consorts sont poursuivis pour meurtre et violation des consignes. Hormis Bivuala en fuite, tous les prévenus sont détenus à la prison militaire Ndolo.
Merveil Molo