Nord-Kivu : Les autorités militaires de Masisi spolient les champs de la population (Société civile)

Mercredi 26 janvier 2022 - 14:08
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Photo 7SUR7.CD

L'Alerte Congolaise pour l'Environnement et les Droits de l'Homme (ACEDH), une structure de la société civile qui œuvre dans la promotion des droits humains, fonciers et environnementaux, saisit le gouverneur militaire de la province du Nord-Kivu, le lieutenant-général Constant Ndima, pour dénoncer les violations des droits de l'homme documentées dans le territoire de Masisi.

Dans une lettre ouverte adressée à l'autorité provinciale dont une copie est parvenue à 7SUR7.CD ce mercredi 26 janvier 2022, l'ACEDH rapporte que les habitants de plusieurs villages de Masisi, et en particulier les jeunes de 18 à 38 ans, sont confrontés à de nombreuses violations caractérisées par des arrestations arbitraires, le harcèlement, la chasse à l'homme et la spoliation des champs. Les responsables locaux de l'armée Congolaise sont pointés d'un doigt accusateur.

L'ACEDH rappelle que la prolifération des groupes armés locaux dans cette entité tire son origine dans les questions identitaires et foncières, d'où l'urgence de mettre un terme à cette situation.

« Il ne se passe aucun jour sans que des arrestations arbitraires et autres formes de trouble à la quiétude des jeunes ne soient enregistrées dans plusieurs localités du territoire de Masisi. Les personnalités qui seraient considérées actuellement comme auteurs, co-auteurs ou complices par le silence coupable face à ces actes de violation massive des droits humains sont notamment les autorités militaires affectées à l'administration du Territoire, certains commandants Régiments et autres agents de l’ordre intervenant dans la chaîne judiciaire », écrit cette association de la société civile.

Elle dit avoir enregistré plus d'un millier de familles victimes et invite le gouverneur militaire à s'impliquer pour « ne pas voir l'état de siège laisser derrière lui des problèmes plus graves que ceux qu'il a rencontrés à son instauration ».

« Qu'il vous plaise de prendre une mesure donnant une mise en garde aux administrateurs et commandants des unités FARDC contre ces pratiques illégales et de diligenter une enquête administrative, judiciaire et sociale pour réorganiser les choses et éviter de laisser un héritage sombre aux jeunes ruraux ; d'ordonner à la Justice Militaire, d'ouvrir des enquêtes judiciaires dans les ressorts en vue d'écouter les citoyens et leur donner droits à la liberté d’expression telle que garantie par la loi et donner suite judiciaire aux commandants cités dans ces situations », plaide l'ACEDH dans cette note signée par Me Olivier Ndoole son secrétaire exécutif.

L'état de siège est au cœur de plusieurs débats ces dernières semaines au Nord-Kivu. Plusieurs mouvements citoyens demandent sa levée des suites des tueries qui continuent à être déplorées et des libertés publiques réprimées.

Glody Murhabazi, à Goma