Condamné à 30 ans de prison en novembre 2019 par la CPI pour crimes contre l’humanité à la suite des exactions commises en 2002 et 2003 en Ituri, Bosco Ntaganda dit «Terminator» vient d’être transféré dans un établissement pénitentiaire belge pour y purger le reste de sa peine, soit 21 ans, après avoir passé 9 ans à La Haye. Pendant ces temps, ses complices civils dans l’aventure meurtrière au Nord-Kivu, à l’image du député national Edouard Mwangachuchu qu’il avait désigné président du CNDP avec des liens directs et indirects avec le M23, évolue sans le moindre scrupule, même sur le plan moral, infligeant, de surcroît, des souffrances aux populations du Masisi en mettant le grappin sur le coltan avec le cortège des malheurs qui en découle.
Après la passe d’arme à la plénière de l’Assemblée nationale du 22 mai 2022 entre les députés nationaux élus du Masisi (Nord-Kivu) Edouard Mwangachuchu et Justin Ndayishimiye, ce dernier avait exprimé des craintes, aussitôt la ville de Bunagana passée entre les mains du M23, de voir le Masisi subir une attaque de ce mouvement terroriste qui y a des cellules dormantes bien localisées. La contrée l’a échappé bel parce que les colonnes du M23, qui voulaient y faire incursion à partir du Rutshuru afin de faire jonction avec leurs hommes déjà en place, ont été arrêtées dans leur offensive par le réveil des FARDC et les pressions diplomatiques qui ont fusé de partout. L’objectif était d’occuper le territoire stratégique du Masisi, réserve mondiale du coltan, afin de peser dans les négociations.
Point n’est besoin, en effet, de rappeler que le Masisi fut le fief de Bosco Ntaganda où, d’après le rapport de l’ONU de juin 2012, des unités majoritairement composées d’éléments du CNDP avaient été déployées dans les zones d’importance stratégique pour garantir sa sécurité et ses intérêts économiques. Parmi ces intérêts économiques, c’est principalement l’exploitation et la commercialisation du coltan qui revenaient quasi exclusivement à la SMB (Société Minière de Bisunzu). C’est aussi, indique le même rapport, les militaires du CNDP qui avaient imposé le vote en faveur du sieur Edouard Mwangachuchu, patron de la SMB, aux élections générales de 2011 à l’issue desquelles il a été élu député national dans le Masisi.
Afrikarabia est ainsi convaincu que, quoiqu’Edouard Mwangachuchu ait dénoncé le M23, il reste lié directement ou indirectement à ce mouvement terroriste. Et «Le Potentiel» d’insinuer dans sa livraison du 29 août 2012 qu’il ne manque pas de sympathie pour ce mouvement rebelle en demandant au gouvernement de mettre en avant l’esprit de réconciliation à son endroit. Et le député Justin Ndayishimiye craignait ainsi une attaque du Masisi à partir du PE 4731 appartenant à SMB où des gens camouflés en tenue de la Police nationale sont identifiés comme ayant appartenu au M23. Cependant, la commission d’enquête parlementaire décidée après la passe d’arme entre les deux députés se fait toujours attendre. Elle avait pour mission de palper du doigt la réalité sur le terrain afin d’éclairer la lanterne de l’Assemblée nationale en vue d’éventuelles recommandations à l’exécutif dans la perspective de trouver une issue à la situation préoccupante qui prévaut dans cette partie de la République.
Cette situation d’insécurité est l’œuvre des individus bien identifiés, dont Bosco Ntaganda qui, après sa condamnation de 30 ans de prison en 2019 par la CPI pour des crimes contre l’humanité suite aux exactions commises en 2002 et 2003 en Ituri, va purger le reste de sa peine dans un établissement pénitentiaire en Belgique, soit 21 ans, étant entendu qu’il a déjà passé 9 ans en détention à La Haye. Il y est transféré depuis le 14 décembre 2022. C’est en 2043, si jamais il n’y a pas de manœuvres pour alléger s sa peine, qu’il va quitter la prison. Il aura 70 ans. Entretemps, quel sort est réservé à ses complices, à l’image du député national Edouard Mwangachuchu qu’il avait désigné en son temps président du CNDP qui évolue sans le moindre scrupule, même sur le plan moral, infligeant, de surcroît, des souffrances aux populations du Masisi en mettant le grappin sur le coltan avec le cortège des malheurs qui en découle.
Paul Kaseraka Paluku