La Haute Cour militaire a confronté, à l'audience foraine du 16 juin 2023 à la prison militaire de Ndolo, des anciens et actuels responsables de la Police Nationale Congolaise au Nord-Kivu, en qualité de renseignants.
Il s'agit du général Vital Awashango, commissaire provincial de cette province de 2013 à 2017, du général Placide Nyembo (2017 à 2019), du général François Xavier Aban Van qui dirige la Police du Nord-Kivu depuis 2020, du colonel Van Kasongo qui a travaillé comme adjoint de deux premiers et enfin de Fidèle Nkumu et de José Bohongo, qui ont travaillé comme T3 dans cette province.
Il ressort du jeu de questions-réponses que la société minière SMB ne payait à la DGRAD que pour la moitié des policiers qui étaient sur place. Par exemple, pour le dernier effectif de 86 éléments qui assuraient la sécurité dans ce site minier, la SMB ne payait que pour 43, alors que tous devaient rester sur place.
Les renseignants se sont surtout contredits et renvoyés les responsabilités quant à l'identification des policiers devant sécuriser la SMB, mais aussi à la question de savoir si après la relève, le premier groupe de 43 éléments devaient rester dans les périmètres de ce site minier ou rentrer dans leurs unités.
Contrairement à ce qu'il a déclaré précédemment devant la Cour, le général Xavier ABA Van, actuel commissaire divisionnaire de la province du Nord-Kivu, a reconnu que 25 éléments de la Police qui étaient au détachement de la SMB ont fait défection pour le mouvement terroriste du M23.
Faux, a rétorqué l'officier du ministère public qui estime que c'est plutôt 40 éléments de ce détachement qui ont rallié le M23. Le colonel Hippolyte Ndaka a soutenu que la Haute Cour militaire doit poursuivre le général Xavier ABA Van pour avoir délibérément donné les faux renseignements à la justice.
« Nous estimons que le général ABA a menti à la Cour. C'est une infraction. Vous devriez établir un PV pour qu'il soit poursuivi pour les mensonges devant la cour qui vous embobinent. On sait qu'une quarantaine d'éléments a fait défection pour le M23. Quand nous disons que ce détachement constituait une réserve pour le M23, ça se prouve. Pourquoi à travers la province, d'autres unités ne font pas défection ? Il n'y a que dans une unité de 86 personnes où une quarantaine fait défection pour le M23 », a-t-il fait remarquer.
Tout comme le ministère public, les avocats de la partie civile RDC dénoncent une négligence coupable de la part des responsables de la Police qui ont comparu comme renseignants dans cette affaire. Ils demandent à la justice de se saisir d'eux pour répondre de leur responsabilité.
ODN