Reporters sans frontières sur la détention de Stanis Bujakera : « C’est un dossier éminemment politique »

Vendredi 20 octobre 2023 - 09:45
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En séjour à Kinshasa, une délégation de Reporters sans frontières (RSF) a tenu une conférence de presse le jeudi 19 octobre 2023. L’état de la liberté de presse en RDC à la veille des élections était au centre de ladite conférence.

Abordant le dossier de Stanis Bujakira, le responsable du bureau investigation de RSF, Arnold Forger, trouve que les accusations portées contre le correspondant de Jeune Afrique sont fantaisistes.

« Stanis est un journaliste professionnel, rigoureux et fiable. On n’est pas suivi par plus de 500.000 personnes si l’on n’est pas fiable. Il ne publie pas de vidéos humoristiques, de commentaires ou de photos à clics. L’accuser d’être à l’initiative d’un complot ourdi à l’extérieur pour diffuser des informations qui seraient compromettantes pour le régime, non seulement que c’est faux mais aussi l’accusation aura du mal à prouver ces charges qui sont complètement grotesques », a-t-il déclaré.

Convaincu que ce dossier est politique, RSF envisage de rencontrer le président de la République pour solliciter son implication pour que Stanis Bujakira soit libéré.

« Nous avons déjà sollicité une audience avec le président Tshisekedi. Il s’était déjà exprimé publiquement sur la question aux Nations Unies. C’est connu de tous que c’est un dossier politique. Il y a la partie qui va se passer dans l’arène juridique et les avocats vont faire en sorte que le droit soit dit. Mais on a conscience que c’est un dossier de nature éminemment politique, raison pour laquelle on s’adresse aux autorités politiques, y compris au plus haut niveau », a ajouté Arnold Forger.

Pour sa part, le responsable du bureau Afrique subsaharienne de RSF, Sadibou Marong, pense que l’arrestation de Stanis Bujakira ternit l’image de la RDC à l’international.

« A chaque fois qu’un journaliste est mis en prison dans le cadre de l’exercice légitime de son travail, c’est un point de moins pour le pays (…). On s’attendait à ce que la liberté de la presse puisse se développer davantage après la promulgation de la nouvelle loi mais on se retrouve dans une situation difficile. C’est vraiment moche sur le plan international, ça va mettre mal à l’aise le pays, y compris les autorités. Nous continuerons à le rappeler car c’est extrêmement important », a-t-il dit.

Quant à Tshivis Tshivuadi, secrétaire général de Journaliste en danger (JED), il a soutenu que le droit de la présomption d’innocence de Bujakira a été violé. Il a appelé à sa libération.

« Un des droits de Stanis Bujakira qui n’est pas respecté c’est sa présomption d’innocence. Ça fait deux mois qu’il est détenu sans jugement, sans être condamné. Donc il a droit à la présomption d’innocence parce que sa condamnation n’est pas encore établie. A moins que sa condamnation ait été actée d’avance. Je lance donc un appel pour que Stanis soit libéré car sa place n’est pas en prison. Il a droit à la présomption d’innocence car c'est un droit fondamental pour tout citoyen », a-t-il déclaré.

A en croire l’un des avocats de Stanis Bujakira, les infractions mises à sa charge « sont issues de la violation de son intimité » car établies après la fouille de son téléphone et de son ordinateur. Ça constitue une infraction, d’après lui. Quant à l’élément déclencheur de l’affaire, « Stanis en assume aucune responsabilité », a conclu l’avocat.

Notons que le procès de Stanis Bujakira reprend ce vendredi 20 octobre à la prison centrale de Makala. Il est accusé notamment de « faux en écriture, falsification des sceaux de l'Etat » en lien avec un article paru dans Jeune Afrique le 31 août dernier sur la mort de l’opposant Chérubin Okende qu’il n’avait pas signé. Il risque une peine de 10 ans de prison au cas où il est reconnu coupable 

Bienfait Luganywa

 

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