Ancien Président sud-africain, Dr Thabo Mvueyelwa Mbeki va rehausser de sa présence les cérémonies commémoratives du 30ème anniversaire du génocide des Tutsi rwandais qui auront lieu en ce début du mois d’avril au Rwanda. Il l’a annoncé solennellement dans une conférence donnée au mois de mars 2024 devant les universitaires l’Université Sud-Africaine (UNISA) et les étudiants de l’Ecole africaine des affaires publiques et internationales dont il est le Fondateur.
Le conflit à l’Est de la République Démocratique du Congo, avec l’implication soutenue depuis trois décennies par le régime dictatorial rwandais piloté de main de maître par Paul Kagame, était naturellement un des points développés par l’ancien Champion de la renaissance africaine, défenseur de la démocratie, des droits de l’homme et auteur de «Africa : the time has come», autrement dit «Afrique : le moment est venu». Cependant, en lieu et place de restituer la vérité au regard de la réalité connue de tous aujourd’hui et traduite même par différents rapports des experts des Nations unies, l’ancien chef de l’Etat sud-africain est apparu tel un avocat acharné de Paul Kagame dont il ne s’est pas empêché de ressasser la rhétorique absurde pour justifier la guerre injuste imposée au pays de Lumumba à la base de plus dix millions de vies humaines fauchées, ainsi qu’une crise humanitaire innommable avec de millions de déplacés.
En effet, devant l’assistance sans doute médusée, l’ancien président Mbeki a justifié l’aventure criminelle de Paul Kagame en République Démocratique du Congo par le souci «de protéger le peuple rwandais, d’éliminer les Interhamwe qui avaient perpétré le génocide des Tutsi en 1990 avant de fuir au Congo voisin afin d’empêcher un nouveau génocide et, par surcroît, de protéger la population tutsi y habitant».
Le successeur de Nelson Mandela d’heureuse mémoire a donc repris mot à mot le narratif, qui ne tient plus la route, du régime sanguinaire rwandais et endossé sa rhétorique guerrière.
De ce fait, le CADA (Congo Action pour la Démocratie Agissante), tient à souligner ce qui suit :
1°. L’ancien Président Mbeki a fait sien ce gros mensonge qui a toujours constitué le fond de commerce du Rwanda auprès des Occidentaux, qui se reprochent de n’avoir rien fait pour arrêter la tragédie rwandaise, pour justifier son invasion du Congo et piller ses ressources dans l’indifférence de la communauté internationale et avec l’accord tacite de celui-ci ;
2°. L’ancien Président Mbeki n’ignore pas que le Congo n’est pour rien dans le génocide des Rwandais contre les Rwandais perpétré sur leur territoire, mais c’est celui qui paie paradoxalement le lourd tribut du fait de la nonchalance de la communauté internationale qui l’avait contraint, alors que les autres pays voisins étaient restés catégoriques, d’ouvrir ses frontières pour recevoir de millions de réfugiés en provenance du Rwanda ;
3°. L’ancien Président Mbeki n’ignore pas non plus,
- qu’avec l’avènement en mai 1997 de l’AFDL (Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo) au pouvoir au Congo sous l’impulsion du Rwanda, un officier rwandais en la personne du Général James Kabarebe, avait été nommé Chef d’état-major général de l’Armée congolaise et est resté pendant une année à la tête de celle-ci et qu’à l’instar de l’armée, les services de sécurité congolais avaient été pris d’assaut par les Rwandais et les Ougandais. C’était pour prendre le contrôle du pays et éliminer au besoin toute menace ;
- qu’avec la deuxième guerre déclenchée le 02 août 1998 par le RCD (Rassemblement Congolais pour la démocratie), un mouvement rebelle sous la botte du Rwanda, l’Est du Congo, passé sous l’administration dudit mouvement, avait été occupé pendant cinq ans et Kigali y faisait la loi ;
- que sous les deux mandats constitutionnels de l’ancien Président congolais Joseph Kabila, des accords ont donné libre cours à l’Armée rwandaise d’opérer à l’Est du Congo, voire ailleurs, et que, moyennant brassage et mixage, des militaires rwandais ont infiltré en masse l’Armée congolaise.
4°. Quelques questions, de ce fait, méritent
d’être posées à l’ancien Président Mbeki :
a. Toutes ces expéditions militaires de l’Armée rwandaise au Congo n’ont pas eu raison des Interhamwe qui, curieusement, garderaient les mêmes capacités trente ans après malgré les conditions précaires dans lesquels ils vivent et leur âge avancé ?
b. Quelle localité rwandaise a déjà été envahie à partir du Congo, même pendant une minute, par ces forces négatives trente ans après ?
c. Est-ce que finalement le Rwanda ne recycle pas les Interhamwe convertis et qui se sont rendus pour justifier perpétuellement la présence de ses troupes au Congo ?
d. Comment le Président d’un pays peut se proclamer protecteur d’une tribu, soit-elle tutsi, vivant dans un autre pays et supposée être loyale à celui-ci ? Ne tombe-t-on pas dans la même situation que des Russophones ukrainiens ?
e. Est-ce qu’enfin, l’ancien Président sud-africain, qui émet ainsi sur une même longue d’onde que les dirigeants occidentaux, ne pense pas se constituer en obstacle, avec une certaine opinion dans son pays, au déploiement des soldats sud-africains au Congo dans le cadre de la SADC ?
5°. La démarche de l’ancien Président Mbeki à l’endroit du Congo :
- revêt un caractère négationniste, parce que ce qui se passe au Congo n’est pas différent de ce qui se passe en Ukraine et à Gaza. Point n’est besoin de rappeler au monde ses convictions sur le sida ;
- le met aux antipodes de celle de son prédécesseur Nelson Mandela qui s’est révélé chantre de la paix et du panafricanisme et qui, à sa sortie de prison en 1994, est venu au Congo pour remercier le Gouvernement zaïrois avec le Maréchal Mobutu à la tête pour le soutien bénéficié dans la lutte contre l’apartheid ;
- le met en marge des principes cardinaux régissant les relations internationales contenus dans la Charte des Nation unies et dans l’Acte constitutif de l’Union Africaine, en particulier le respect de l’intégrité territoriale, de l’indépendance et de la souveraineté d’autres Etats ;
- Conforte le régime rwandais dans son relent dictatorial et sa gouvernance autoritaire sur fond d’ignorance de la démocratie, des droits de l’homme, des élections libres, crédibles, transparentes et démocratique, et d’anéantissement de l’opposition. Des brigades de la mort sont en action pour anéantir les opposants de par le monde.
De ce qui précède, le CADA convie l’ancien Président Mbeki à se rappeler qu’il a fait rêver autrefois le peuple africain avec sa vision de la renaissance africaine sur fond du panafricanisme qui exclut l’invasion d’un pays par un autre et la fabrication des prétextes pour le déstabiliser et lui priver de ses ressources par pillage au profit des puissances occidentales dont les dirigeants se régalent tels des «agents» et des «courtiers» du Rwanda dans le monde entier.
Par ailleurs, son attitude est comme un chèque en blanc délivré au dictateur Paul Kagame qui pense bénéficier d’une compassion éternelle pour ainsi défier l’humanité.
Fait à Boston le 19 mars 2024
Pour le CADA
Eric KAMBA , coordonateur .
Thabo Mbeki peut-il prétendre ignorer ces faits véridiques ? Peut-il ici nous dire si Paul Kagame parviendrait à soutenir le soi-disant « développement » dont il parle sans cesse sans faire la guerre au Congo et piller ses ressources ? Voici des questions auxquelles Thabo Mbeki doit répondre.
Sa conception erronée du panafricanisme, sa fausse vision d'une « renaissance africaine », et son rattachement aux intérêts mesquins des occidentaux font de lui « un corrompu »
Son négationnisme du sida, sa perte de vitesse et sa chute en politique Justifieraient son incohérence aujourd’hui. Ainsi, Mbeki n’est pas un panafricaniste. C’est plutôt un confusionniste conscient qui entretient délibérément le flou, le mensonge et les incertitudes scientifiques pour donner l’image d’intellectuel qu’il n’est pas en vue de flouer le monde.