Lors d'une conférence de presse animée ce mardi 16 avril 2024 à Kinshasa, le coordonnateur du Programme Multisectoriel de Vulgarisation et Sensibilisation (PMVS), Ludovic Kalengayi, a appelé le chef de l’État à peser de tout son poids pour la suspension du directeur général intérimaire de l'Office National d'Identification de la Population (ONIP), l’accusant d’incompétent.
Comme d’autres organisations de la société civile, le PMVS a dénoncé les soupçons de malversations financières dans le contrat entre l'ONIP, IDEMIA et AFRITECH, pour la production des cartes d'identité en République Démocratique du Congo (RDC).
« Le contrat entre l'ONIP et le consortium AFRITECH/IDEMIA a été conclu sans recours à un appel d'offres, ce qui le qualifie de contrat de gré à gré. Il implique plus d'un milliard de dollars américains, dont 600 millions provenant du trésor public, tandis que le partenaire n'apporte que 500 millions. Contrairement aux autres partenaires qui ont soumis des offres techniques et financières complètes, ce partenaire a bénéficié des fonds du trésor public pour mener à bien le projet. De plus, la composition de l'équipe technique de l'ONIP, choisie pour discuter des questions techniques, a été critiquée pour son manque d'expérience par le directeur des opérations et de l’informatique de l'ONIP », a-t-il déclaré.
Et d'ajouter : « Le contrat, qui s'étend sur 20 ans, accorde au partenaire un tiers de toutes les recettes générées par le fichier général de la population, sans que l'on puisse actuellement estimer leur montant. Signé sans plan opérationnel de l'ONIP, essentiel pour déterminer les coûts des opérations, ce contrat soulève des inquiétudes. De plus, la distribution de certaines cartes d'identité à des personnalités avant la finalisation de la fiche d'identification soulève des questions sur la gestion des données. Confier ces données à un partenaire étranger met en danger la souveraineté de la RDC en raison des risques potentiels de fraude à l'identité ».
Selon les informations recueillies par cette structure de la société civile, le directeur général a.i de l’ONIP a également procédé à des recrutements, promotions et déplacements de personnel, violant ainsi les instructions du chef de l'État.
« Malgré l’instruction de la présidence de la République de ne pas procéder aux recrutements, nominations, promotions et mouvements du personnel à tous les niveaux, le DG intérimaire a non seulement supprimé certains membres du personnel de la liste de la paie, mais il a également procédé à des recrutements et des promotions », a dénoncé L. Kalengayi.
Dans son communiqué publié en début de ce mois, la coalition Congo n'est pas à vendre (CNPAV) avait également tiré la sonnette d’alarme sur les soupçons de corruption et la violation des lois sur le marché public par le contrat des cartes d’identité et du fichier de la population en RDC par l'Office national d’identification de la population (ONIP). Le CNPAV avait exigé des enquêtes judiciaires pour faire la lumière quant à ce.
En effet, selon Finance.cd, le quotidien économique cité par le CNPAV, le contrat signé entre l’ONIP et le consortium IDEMIA/AFRITECH d’un montant de plus d’un milliard de dollars (697.509.576,48 USD provenant de l’État congolais, et 503.343.294,00 USD du Consortium) pour la production des cartes d’identité nationales et la gestion du FGP viole non seulement les règles du marché public mais serait aussi en défaveur de l’État.
Merveil Molo