Député national et ancien vice-gouverneur de la province du Haut-Uele, Joseph Bangakya a, dans une interview à 7SUR7.CD ce 1er mai, félicité les élections des gouverneurs dans les différentes provinces issues de l'ex-Province Orientale, en particulier dans sa propre province, où Jean Bakomito va succéder à Christophe Nangaa.
Il encourage le candidat malheureux Constant Lungagbe à féliciter son " frère" et à ne pas prêter attention aux conseils des extrémistes.
Question : Les élections des gouverneurs a eu lieu.
Quelle est votre réaction en général et en particulier pour votre province, le Haut-Uélé ?
Il y a eu un vent de fraîcheur dans les provinces de l'ancienne Province Orientale, dont j'ai été vice-gouverneur. Je salue vivement l'élection de Jean Bakomito dans le Haut-Uélé, de Mike Mokeni dans le Bas-Uélé et de Paulin Lendongolia dans la Tshopo.
Tout comme je salue l'élection au Sénat d'Eddy-Pascal Sinango pour le Bas-Uélé, Jean-Pierre Batumoko pour le Haut-Uélé.
Pour le Haut-Uélé, je lance un appel vibrant à l'acceptation des résultats de l'élection du gouverneur.
Je demande à l'honorable chef Constant Lungagbe de féliciter son compétiteur et frère, le gouverneur Jean Bakomito, dans l'intérêt du Haut-Uélé. Il ne faut pas suivre les conseils des extrémistes qui veulent le pousser à contester l'élection devant la Justice et à chercher des soutiens politiques à cet effet.
Il a fait une belle campagne, il a obtenu un score honorable mais il y a un temps pour toute chose et l'intérêt supérieur du Haut-Uélé prime.
Honorable, vous aviez pourtant appelé à voter pour le candidat Constant Lungagbe... Pourquoi l'avoir fait, alors ?
Jean Bakomito avait mon soutien pour l'élection du gouverneur et il le sait. Je l'ai soutenu durant les dures épreuves devant la Cour Constitutionnelle quand Christophe Nangaa tentait de lui ravir son siège.
Et pendant 5 ans, l'honorable Lite, le gouverneur élu Bakomito et moi-même avons fait une opposition féroce à l'ancien gouverneur Nangaa, à cause de sa gestion et plus tard, de l'entrée en rébellion de son frère, l'ancien Président de la CENI.
Notre objectif était clair: obtenir le changement à la tête du Haut/Uélé.
À deux jours de la fin de la campagne pour l'élection du gouverneur, des rumeurs folles ont fait état d'un accord entre Nangaa et Bakomito, où se dernier négociait son ralliement à la candidature de Nangaa, moyennant compensation.
J'ai immédiatement fait parvenir ce message à Bakomito: "Nangaa Gouverneur encore? Pour moi, c'est non!".
C'est ainsi que le samedi 27 avril, dernier jour d'une campagne où je ne me suis jamais exprimé, dans laquelle je n'ai jamais appelé un seul député provincial, j'ai tenu un point de presse en 3 points, pour barrer la route à Nangaa et où je n'ai jamais cité le nom de Bakomito:
1. Les Députés devaient voter pour le changement et la rotation entre territoires;
2. Nangaa devait se retirer de la course;
3. J'ai appelé les députés provinciaux de Bakomito, premier parti du Haut-Uélé, de ne pas tomber dans le vote en faveur de Nangaa car il pouvait voter pour un autre candidat et négocier des compensations en postes au regard de leur poids politique.
Mais ce que tout le monde ignorait, moi y compris, c'est que l'accord dont parlait les rumeurs concernait plutôt le retrait de la candidature de Christophe Nangaa au profit de Jean Bakomito.
Si cela avait été rendu public, Bakomito aurait-il eu plus de 11 voix sur 20? Ou en aurait-il eu moins? On ne le saura jamais, mais ce qui compte, c'est le résultat: le Haut-Uélé a un nouveau gouverneur et ne subira plus les dommages collatéraux de la rébellion de Corneille Nangaa.
Ici aussi, il faut noter que Christophe Nangaa a su taire les rancoeurs du passé pour soutenir ses plus farouches opposants, qu'il s'est retiré de la course du gouvernorat et qu'il a félicité le vainqueur.
Pour moi, il n'y a jamais rien eu de personnel contre lui et j'ai hâte de travailler avec lui au parlement, pour l'intérêt du Haut-Uélé.
Quelle est votre commentaire sur l'élection des gouverneurs et des sénateurs, où nous avons vu plusieurs candidatures de la même majorité s'affronter et différentes accusations sur certaines méthodes?
En regardant le résultat des élections des gouverneurs de province, je dois noter que, pour la première fois, il n'y a pas eu de candidat imposé par la majorité présidentielle, qui aujourd'hui est l'Union Sacrée de la Nation.
Les candidatures se sont exprimées, il y a eu des joutes épiques, pas de menaces ni immixtion des services, des candidats du parti présidentiel ont été battus et eux en ont battu d'autres, tout ceci après une compétition politique.
Je félicite les députés provinciaux, qui savent mieux que quiconque ce qui est bien pour leurs provinces. Il faut toujours laisser chaque Institution jouer pleinement son rôle.
Maintenant, ils devront investir les gouvernements provinciaux et surtout contrôler le gouvernement provincial et le gouverneur, en rapport avec l'exécution du programme du gouvernement et ne pas leur faire du chantage.
Les quelques écueils observés peuvent être réglés par une loi électorale ambitieuse.
J'invite le prochain ministre de l'Intérieur a être une boussole pour les institutions provinciales, toujours prompt à leur rappeler le respect des dispositions constitutionnelles et de la loi sur la libre administration des provinces.
Le prochain ministre de l'Intérieur ne doit pas s'ingérer dans le fonctionnement des institutions provinciales et il n'est pas le ministre d'un parti politique pour défendre les siens et faire défenestrer les autres.
Il est vrai que le Sénat a la mission constitutionnelle de représenter les provinces.
Au niveau de l'Assemblée nationale, nous réfléchissons, entre anciens gouverneurs et vice-gouverneurs, aujourd'hui députés nationaux, à mettre en place un groupe de travail qui aura comme objectif d'aider le Gouvernement de la République et les provinces dans l'atteinte du plein potentiel de la décentralisation.
Avec l'implication directe et permanente de l'Assemblée nationale, qui a un pouvoir de sanctions sur les ministres et qui a une primauté sur le Sénat en cas de désaccord, l'accompagnement efficace de la décentralisation, le suivi des actions des ministres en province et le monitoring des actes posés par province, l'effectivité des budgets d'investissement des provinces que d'efforts pour parvenir à la retenue à la source de 40%, permettront à nos provinces de décoller enfin.