L’Observatoire de la liberté de la presse en Afrique (OLPA) et Internews ont organisé un atelier le jeudi 27 juin à Kinshasa sur l’évaluation des outils de surveillance et des mécanismes de protection des journalistes en République démocratique du Congo.
Intervenant sur les risques de travail du journaliste, le professeur Claude Mukeba a démontré que le journaliste se met en insécurité lui-même lorsqu’il se met à communiquer pour les acteurs politiques ou d’autres personnes.
« Il y a un risque que je considère comme pernicieux et sournois auquel on ne fait pas attention et qui vient du journaliste lui-même. Ce risque, je l’appelle promiscuité entre l’information et la communication, qui se traduit notamment par le cumul de fonctions chez la même personne qui est en même temps journaliste et attaché de presse. Les profils de journaliste et de communicant ne peuvent pas marcher ensemble. Ce risque est dangereux contre le journaliste et aussi contre le journalisme. Si tous les journalistes devenaient communicants, on aura tué le journalisme », a dit cet enseignant à l'Institut des sciences et techniques de l'information (ISTI).
Pour sa part, William Baye, avocat au barreau de Mbandaka et défenseur des droits de l’homme, a exposé sur « la responsabilité des journalistes comme socle du processus de la démocratisation de la RDC ». Pour lui, la liberté de la presse est un bon indicateur de la démocratie dans un pays. Cependant, le journaliste peut contribuer à endormir la démocratie lorsqu’il « perd son indépendance et sa neutralité, ne respecte pas la vérité et se fait maître en racolage pour attirer l’attention vers lui ».
« Le journaliste est capable de faire vivre la démocratie tout comme il peut l’endormir. Pour preuve, le journal de 20 h de la RTNC pour lequel les gens se bousculaient il y a quelques années pour suivre, n'intéresse presque personne aujourd’hui », a-t-il illustré.
Défenseur de la liberté de la presse et ancien membre des organisations Journaliste en danger (JED) et Reporters sans frontières (RSF), Scott Mayemba a parlé des outils que la plupart d’organisations de défense de la liberté de la presse utilisent. Il s’agit, entre autres, de l’alerte, du communiqué de presse, de la lettre de protestation, de la conférence de presse, de l'appel téléphonique, du rapport annuel, la marche de protestation ainsi que de la relation et de la communication interpersonnelles.
Cet atelier était organisé grâce à l’appui financier du gouvernement suédois dans le cadre du projet de renforcement des radios rurales en République démocratique du Congo (3R-RDC).
Bienfait Luganywa