Le procès contre les assaillants membres du mouvement terroriste « New Zaïre » amorce son dernier virage. L’audience de ce lundi 26 août 2024 a été consacrée au début des plaidoiries.
Le Tribunal a commencé par recevoir les conclusions des avocats des parties civiles RDC qui ont exigé à la bande de Christian Malanga des dommages et intérêts de 250 millions USD, payables en francs congolais. C’est Me Felly Kalema qui l’a dit, soutenant qu’il est difficile de déterminer un montant qui puise être à la hauteur du préjudice subi.
"Les faits sont là. La République a subi un préjudice énorme. Ces gens ont tué les policiers qui assuraient la garde de Vital Kamerhe. Ces policiers qui servaient la République. Tous ces prévenus ont tué, commis les actes de vandalisme, porté atteinte aux emblèmes de la République, crée la psychose, n’ont pas permis aux congolais de fermer l’œil cette nuit-là. Le préjudice qu’a subi la République est tellement immense qu'il est difficile de l'évaluer en termes pécuniaires. C'est ainsi que nous avons estimé qu’une somme de 250 millions de dollars, payables en francs congolais, au taux du jour, pourrait aider la République à réparer le lieu saint qui a été saccagé", a-t-il déclaré.
Me Felly Kalema a été précédé à la barre par le bâtonnier Tharcisse Matadi Wamba qui a fait le rapport entre les faits et les préjudices subis par l'État congolais qui, selon lui, sont enormes.
"Dans ce groupe de boutons, il y a des moutons à 5 pattes qui emportent l’entière responsabilité. Il s'agit du groupe de 5 prévenus étrangers dont les Américains. Dans le deuxième groupe, des recrus de Boma à Kasangulu Kinshasa, il y a des complices qui doivent être distingués des auteurs proprement dits. S’ils ont été mentis qu'ils rejoignaient une ONG, on les a tous vus en train de se rejouir au Palais de la Nation. Le troisième groupe est celui des personnes issues de l'auberge Chez Momo. Le quatrième groupe est celui des recrus de circonstances, à Kinshasa. Vous allez creuser les méninges pour voir qui a fait quoi. Le cinquième groupe est l’ensemble Wondo. Nous avons noté la personnalité de Wondo, un ex-militaire, bandé des diplômes, conférencier sur le complot et le coup d’État. Nous nous remettons à votre Tribunal qui va creuser encore davantage", a-t-il déclaré.
Au bâtonnier Matadi Wamba de poursuivre : "Le préjudice subi par la RDC est énorme. Il est immense, car c’est le deuxième procès dans le mois après celui de Nangaa. C’est un coup qui vient des fils, enfants du pays qui prennent les armes contre leur mère. C’est acquis qu’il y a une main étrangère derrière cela. Le préjudice, c’est que notre pays est présenté comme un état instable, où il n'y a pas de démocratie, que des abuseurs. C’est des arguments que les étrangers mettent à leurs têtes. Le préjudice est d'abord moral. Sans compter que ces assaillants ont tué et détruit les biens de la république".
Prenant la parole, Me Gabriel Lisamba, un autre membre du collectif des avocats de la partie civile RDC, a rassuré les juges que son collectif va leur introduire une liste complète des biens de la République qui ont été saccagés durant l'opération du 19 mai 2024.
"Effectivement, le préjudice moral subi par l'État congolais est énorme. On a touché au sommet du pouvoir et ça a ébranlé tant de Congolais. Imaginez si cette aventure était réalisée. Ensuite, le préjudice est matériel. On a cassé, démoli et saccagé le bureau du chef de l’État. Nous vous amènerons la liste des biens saccagés. C’est ainsi que, nous disons que ce préjudice moral doit être évalué pour que la justice trouve son compte", a-t-il soutenu.
Pour Me Hugues Matadi, la RDC est passée à côté du chaos la nuit du 18 au 19 mai 2024. Il a soutenu que la psychose qui a caractérisé chaque citoyen congolais le jour qui a suivi ce coup d'État avorté est assez éloquente pour demontrer le caractère obligatoire de la réparation.
"La RDC est passée à côté du chaos. Le préjudice qu’a subi le pays n’est pas à démontrer, dès lors que la psychose créée démontre que cela doit être réparé. Votre tribunal s’est rendu à l'évidence que Malanga et sa bande ont mûri leur coup. Il est difficile d’évaluer le préjudice moral dans la mesure où on ne saurait pas recueillir le choc que chaque congolais a ressenti lors de cette attaque. Il y a eu saccage et destructions. Des faits qui ont été posés et ont porté préjudice à la République. Vous allez constater que les faits mis à leur charge ont un lien juridique avec les préjudices subis par la République", a-t-il conclu.
Après les conclusions des parties civiles, viennent le réquisitoire du ministère public et les plaidoiries des avocats de la Défense. C'est après cette étape que le Tribunal militaire de garnison de Kinshasa/Gombe va prendre l'affaire en délibéré pour rendre son verdict dans le délai légal.
Rappelons qu'au total, 51 personnes sont poursuivies dans cette affaire pour les infractions suivantes : terrorisme, détention illégale d'armes et munitions de guerre, tentative d'assassinat, association des malfaiteurs, meurtre et financement du terrorisme.
Elles sont accusées d'avoir tenté le coup d'État en République démocratique du Congo, la nuit du 18 au 19 mai 2024, au Palais de la Nation, siège de l'institution président de la République. Ce, après avoir attaqué la résidence de Vital Kamerhe, alors ministre de l'Économie nationale.
ODN