La situation concernant l'interdiction de la farine contaminée à Kasumbalesa, ville située à 90 kilomètres de Lubumbashi dans le Haut-Katanga, en République démocratique du Congo, soulève des préoccupations majeures au sein de la société civile et des autorités locales. En tant que président du cadre de concertation de la société civile de Kasumbalesa, Maître Legrand Mbelenge alerte sur certaines pratiques frauduleuses de certains commerçants qui changent des sacs de farine en y posant d'autres sacs pour tromper la vigilance et les services de l'État à la frontière de Kasumbalesa. Des pratiques qui ont des risques de santé publique.
Dans une interview ce dimanche 1er septembre 2024 à 7SUR7.CD, maître Legrand Mbelenge explique que malgré les mesures mises en place par le gouvernement congolais pour éviter l'entrée sur le territoire de 8 marques de farine, des pratiques frauduleuses sont signalés. Certains commerçants tentent de contourner les contrôles en changeant les sacs de farine contaminée par des sacs portant des marques sud-africaines, afin de les faire passer pour des produits sains. Il précise que ces agissements non seulement compromettent les efforts de contrôle mais mettent également en danger la santé de la population congolaise, qui risque de consommer des produits potentiellement mortels.
"Il y a ceux-là qui font le malin. Ils préfèrent changer les sacs avec la marque sud-africaine pour passer librement sans passer au contrôle de l'OCC. C'est un constat que nous avons le regret de le dire. Ça risque même de tuer à petit feu la population qui va consommer cette farine", a-t-il déclaré au téléphone de 7SUR7.CD.
La société civile, représentée par maître Legrand Mbelenge, a fermement dénoncé ces pratiques et a appelé à une vigilance accrue de la part des autorités et de la population. Il a exhorté la population à signaler tout cas suspect afin de prévenir toute contamination.
"Pour notre population du grand Katanga en général et celle de Lubumbashi en particulier, il faut dénoncer les cas que vous allez trouver suspects dans le sens de 8 marques de farines qu'on a interdit à sa consommation. Nous sommes vraiment très vigilants parce que la vie humaine n'a pas de prix", a-t-il martelé.
Dans la foulée, maître Legrand Mbelenge appelle également le gouvernement congolais à réfléchir à des mesures de soutien pour les commerçants impactés par cette interdiction. Ces derniers ont investi des capitaux importants dans leurs activités et risquent de tout perdre, surtout en cette période de rentrée scolaire. Un soutien, même symbolique, de la part du gouvernement pourrait les aider à surmonter cette crise économique.
La réaction du gouvernement
En réponse à cette situation alarmante, expliquent plusieurs sources à Kasumbalesa, une commission mixte, incluant l'expertise de l'Office Congolais de Contrôle (OCC), a été mise en place pour surveiller et contrôler l'importation de la farine à Kasumbalesa. Tous les dépôts de farine ont été temporairement fermés, et des échantillons sont prélevés sur chaque cargaison interceptée aux barrages routiers, notamment à la barrière du whisky, avant que la farine ne puisse être acheminée vers Lubumbashi ou d'autres destinations dans le grand Katanga. Ces mesures visent à éviter la propagation de produits contaminés sur le territoire congolais.
La situation à Kasumbalesa est un défi majeur pour la société civile et les autorités congolaises. La protection de la santé publique doit être une priorité absolue, et cela passe par une vigilance accrue, une coopération entre les différents acteurs et un soutien aux victimes économiques de cette crise. Le message est clair : la vie humaine n'a pas de prix, et tout doit être mis en œuvre pour la protéger, à conclu le cadre de concertation de la société civile.
Le dimanche 25 août dernier, le ministre du Commerce Extérieur, Julien Paluku, avait interdit l'entrée sur le territoire de la RDC, 8 marques de farines contaminées à l'afflatoxine. Il s'agit de Africa Milling, Roller Meal And Breakfast, Farm Feed super dog Meal, Continental melling, Shabco milling, Girad milling, Suba milling et star milling. Cette décision fait suite à des incidents survenus en Zambie où la consommation de cette farine a entraîné la mort de plus de 400 chiens et certains personnes restent en observation médicale.
Patient Lukusa, à Lubumbashi