RDC : la suppression des taxes à l’importation pour certains produits de 1ʳᵉ nécessité va bloquer la « revanche du sol sur le sous-sol » (Toile d’araignée)

Dimanche 1 septembre 2024 - 11:01
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Regroupant des journalistes économiques, l’Asbl Toile d’araignée a donné son point de vue, le samedi 31 août, sur le projet du gouvernement de supprimer certaines taxes à l’importation pour les produits de première nécessité. L’association craint que ce projet ne produise des effets contraires.

Selon Jérôme Sekana, coordonnateur de Toile d’araignée, le projet gouvernemental est suicidaire pour l’économie nationale, particulièrement pour l’industrie agroalimentaire, qui représente environ 20 % du PIB national. L’impact sera dévastateur pour l’emploi et la production locale.

« Cette situation pourrait forcer de nombreux acteurs de l'industrie à réduire leur production, entraînant des suppressions massives d'emplois et une instabilité économique accrue pour les familles et les communautés dépendantes de ce secteur. Une contraction de l'industrie agroalimentaire aurait également un effet domino sur d'autres secteurs tels que le transport, la distribution, la logistique et les services, qui emploient collectivement des centaines de milliers de personnes supplémentaires », a-t-il déclaré.

Prenant l’exemple du secteur de l’huile de palme, Toile d’araignée craint que des importations moins chères de l’étranger ne contraignent les producteurs locaux à réduire leurs effectifs de travailleurs.

« À lui seul, le secteur de l'huile de palme en RDC représente environ 40 % de la production agro-industrielle du pays, avec une production annuelle estimée à plus de 450 000 tonnes. Ce secteur emploie directement plus de 50 000 travailleurs et soutient indirectement environ 500 000 personnes, y compris les familles des travailleurs et les petits exploitants agricoles. À titre illustratif, la société PHC, en tant que leader de l'industrie, emploie à elle seule plus de 10 000 personnes sous contrats directs dans les provinces de l'Équateur, de la Mongala et de la Tshopo, et contribue de manière significative à l'économie locale à travers la création d'emplois, le développement d'infrastructures et le soutien communautaire », a poursuivi Jérôme Sekana.

De plus, l’Asbl trouve anormal que la RDC continue d’importer des produits alimentaires pour un montant de 3 milliards de dollars par an alors qu’elle dispose de plus de 80 millions d’hectares de terres arables, d’une abondance d’eau pour l’irrigation et d’un climat favorable. Elle s’interroge sur le sort du slogan « la revanche du sol sur le sous-sol » et sur l’objectif gouvernemental d’atteindre l’autosuffisance alimentaire.

« Comment peut-on parler de "revanche du sol sur le sous-sol" si, en même temps, le marché congolais est inondé de produits importés ? En continuant à se reposer sur les importations de produits de première nécessité, tels que l'huile de palme, le sucre, le blé, le maïs, le poisson et la viande, le pays ne pourra jamais augmenter son PIB de manière significative ni atteindre l'autosuffisance alimentaire tant convoitée. En favorisant les importations, on privilégie les producteurs étrangers, notamment ceux de Malaisie, d'Indonésie, de Thaïlande et d'Inde, au détriment des producteurs locaux », a ajouté le coordonnateur de Toile d’araignée.

Pour conclure, Toile d’araignée recommande au gouvernement d’adopter des politiques cohérentes avec les objectifs nationaux en matière alimentaire.

« Il n’est pas souhaitable de continuer à prioriser les importations alimentaires. Notre pays, doit-il continuer à utiliser plus de 15 % de son budget pour financer les producteurs agricoles des autres pays alors que 75 % de notre population active, représentant plus de 16 millions de ménages, sont impliqués dans l’agriculture […] ? La revanche du sol sur le sous-sol prônée par le chef de l’État étouffée dans l’œuf, l’industrie locale sacrifiée et menacée sur l’autel du dumping ! L’avenir économique de la RDC et son émergence à l’horizon 2030 hypothétiques », s’est exclamé Jérôme Sekana.

Récemment, lors d’une conférence de presse avec son collègue de la communication, le ministre de l’Économie, Daniel Mukoko, a annoncé que le gouvernement va alléger les charges sur les importations pour réduire le coût des produits de première nécessité sur le marché.  Ceci pour tenter de maîtriser l'inflation et de soutenir les ménages en rendant les produits de première nécessité plus accessibles.

Bienfait Luganywa

 

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