Kinshasa, capitale de la RDC, connaît depuis plusieurs jours une rareté considérable du ciment gris consécutive à la grève des transporteurs. Conséquence, trouver un seul sac de ciment ces trois derniers jours dans cette métropole relève presque du miracle.
Le constat fait par notre rédaction, ce vendredi 27 septembre 2024, dans les communes de Limete, Lemba, Matete, Ngaba, est que la plupart des opérateurs économiques pratiquent la rétention de stocks. Ils ont fermé leurs dépôts et ne vendent qu'à des personnes connues ou celles que leur amènent des commissionnaires.
Ces tenanciers des dépôts de ciment vendent un sac de ciment gris entre 37.000 et 40.000 Fc. Alors qu'il y a quelques jours, le prix d'un sac revenait à 28.000 FC dans certains dépôts. C'est le cas, notamment des dépôts situés sur la route Baypass, sur le tronçon compris entre l'échangeur et le rond-point Ngaba.
« Je n'ai pas eu de choix. Les travaux dans mon chantier sont à l'arrêt. On devrait absolument finir le crépissage aujourd'hui. La vendeuse de ce dépôt a insisté pour que je lui donne 42.000 Fc par sac. Je l'ai beaucoup supplié pour qu'enfin elle accepte de prendre 40.000 Fc par sac. Ce qui m'a encore le plus dégouté est qu'on était nombreux à se disputer les quelques sacs qui restaient dans ce magasin », confie une femme, la trentaine révolue, trouvée en plein acte d'achat à Lemba.
Le même constat est fait dans d'autres coins de la ville. Dans le district de la Tshangu , par exemple, où un sac de ciment s'est vendu entre 31.000 Fc et 33.000 Fc la journée de jeudi dernier, des magasins ont préféré opérer la rétention de stocks ce vendredi 27 septembre.
Dans les magasins des expatriés, on brandit l'argument de la rupture de stock pour renvoyer les acheteurs. Pourtant, certains de leurs agents abordés hors micro confirment qu'il y a bel et bien des stocks et que leurs établissements préfèrent vendre à partir de plus de 50 sacs entre 33.000 Fc et 37.000 Fc le sac.
Interrogés, des tenanciers des magasins disent n'avoir de choix que d'agir comme ceci pour se protéger des fluctuations du marché. Ils renvoient la responsabilité au gouvernement qui devrait tout faire pour éviter cette situation.
« Nous sommes des commerçants, donc dictés par le profit. Le ciment est devenu rare ces jours-ci. On ne sait pas à combien nous sera vendue la marchandise par ceux qui nous approvisionnent. On n'a donc de choix que d'augmenter le prix. Sinon, de garder nos stocks en attendant le retour à la normale», a réagi le responsable d'un magasin interrogé dans la commune de Matete.
Pour une commerçante abordée, le gouvernement devrait agir vite en écourtant la grève des transporteurs qui est à la base de cette rareté, laquelle entraine la hausse des prix dont est victime la population congolaise.
« C'est de la responsabilité du gouvernement de veiller aux bonnes conditions de travail de ses citoyens. Il appartient donc au gouvernement de faire en sorte que ces transporteurs soient rétablis dans leurs droits au plus vite. Mais vous allez constater que depuis le début de leur grève, rien de concret n'est fait pour leur permettre de se remettre au travail. C'est là où il faut frapper. Pas sur les opérateurs économiques que nous sommes. Nous ne pouvons que suivre les mouvements du marché et être prudents pour ne pas faire des pertes », a-t-elle fait remarquer.
Soulignons que dans un communiqué publié le jeudi 26 septembre dans la soirée, le ministère de l'Économie a annoncé des sanctions à l'encontre des opérateurs économiques qui pratiquent de la spéculation en ce qui concerne les prix du ciment gris.
Il a rassuré que le gouvernement travaille d'arrache-pied pour remettre, dans un meilleur délai, de l'ordre dans le circuit de distribution du ciment à Kinshasa et dans d'autres coins du pays.
Rappelons que les chauffeurs des véhicules poids lourds, œuvrant sur la RN1, Kinshasa-Matadi, sont en grève depuis le 16 septembre 2024. Ils réclament l’application des engagements issus de l’atelier tripartite du secteur du transport routier de novembre 2023.
ODN