Dans presque chaque commune de la ville province de Kinshasa, on compte par dizaines les vendeuses de légumes à la criée qui approvisionnent les ménages et ces clients se trouvant dans l'incapacité d'atteindre les marchés.
Nous sommes allés à la rencontre de celles qui quittent le quartier Kimwenza et les quartiers périphériques de Mont-Ngafula à l'ouest de Kinshasa.
Dès les premières heures de la journée, ces femmes prennent d'assaut les petits marchés de légumes où elles achètent auprès de leurs fournisseurs, détenteurs des plantations de légumes dans ce même coin de la capitale.
Elles achètent différentes sortes de légumes (feuilles de manioc, feuilles de patate douce, oseille, épinard...) entre 12000fc et 45000fc,voire plus.
Une fois achetés, ces légumes sont classés par botte dans des bassines de 20 à 20 litres qu'elles placent sur la tête de ce site jusqu'à parcourir plusieurs quartiers de cette commune pour enfin chuter dans les quartiers cité-verte et Badiading dans la commune voisine de Selembao.
Ces légumes sont visibles pour les passants, mais exigent d'être présentés aux autres clients se trouvant dans leur domicile à la criée" Matembele, pondu, Nga-Ngai, épinard yango eleki eeeh", comme on peut les entendre depuis les parcelles.
C'est de l'énergie consommée au cours de ces longues heures de marche, mais aussi par le poids sur la tête de ces femmes qui n'ont qu'un seul objectif : nourrir leurs familles et prendre soin d'elles-mêmes.
" J'achète l'ensemble de ces légumes entre 12000fc, 15000fc et 20000fc. Pour 15000fc par exemple, je peux les revendre à 28000fc. Il m'arrive aussi d'enregistrer des pertes quand la vente est faible. Dans ce cas, je ramène la marchandise chez moi pour la revendre le lendemain", a expliqué Marlène, une jeune dame de la trentaine.
En plus de se balader avec ce récipient sur la tête, il y a celles qui aussi ont opté pour un étalage en vue d'écouler rapidement la marchandise, d'après Mme Jeanne.
« Je viens de Mont-Ngafula. Moi, par exemple, j'ai mes propres plantations, je cueille puis je vends. Il y a aussi des collègues pour qui nous vendons dès que leurs légumes sont mûrs. Il m'arrive aussi d'acheter une rangée de plantations. Il ya des pertes dans ce métier. J'ai aussi des endroits où je dépose mes marchandises pour gagner la clientèle, mais se déplacer est beaucoup mieux pour écouler la marchandise », a-t-elle fait savoir.
Le choix opéré par ces dames de parcourir 4 à 5 quartiers par jour est aussi tributaire à la concurrence au marché.
« Nous nous promenons pour éviter les nombreux problèmes qu'il y a au marché entre nous, vendeurs. Quand je vends à la criée, je suis plus à l'aise de gagner rapidement mon argent », nous apprend Marie.
Celle qui a à sa charge sa mère, ses enfants et ses frères se dit déterminée à poursuivre ce métier malgré les difficultés qu'elle endure et compte sur les personnes de bonne volonté qui pourraient lui apporter une aide financière pour élargir son commerce.
" Quand on prévoit de vendre par exemple une botte de légume à 1500fc, le client marchande jusqu'à 1000fc, ça, c'est une perte. Mais malgré cela, l'argent que j'ai tous les jours m'aide à nourrir ma famille qui ne compte que sur moi et à me couvrir des petits besoins. Notre seule demande est que quelqu'un m'aide à élargir mon commerce avec d'autres produits alimentaires tels que les vivres frais, la farine de manioc et les épices", a-t-elle ajouté.
La majorité de ces femmes sont célibataires et n'enregistrent pas de gros bénéfices pouvant les aider à économiser pour subvenir aux besoins du lendemain.
Christel Insiwe