Les conducteurs de taxis, taxi-bus, moto-taxis et autres ont du mal à s'approvisionner en gasoil ou en essence depuis un certain temps auprès des stations de service de la ville-province de Kinshasa.
La situation s'est encore compliquée ce matin du mercredi 16 octobre dans plusieurs stations de service sillonnées par 7SUR7.CD. Il est 8h, nous sommes à la station de service Engen de la place Brikin, sur l'avenue du Tourisme dans la commune de Ngaliema.
D'après les témoignages recueillis auprès des conducteurs, la station est hors service depuis deux jours, faute de carburant. Une situation qui les oblige à envahir la station Total Énergies, située à plus de 100 mètres, qui offre encore ses services.
"On a du mal à acheter des carburants. Là où j'étais, il n'y a pas une seule goutte. Je suis venu ici, mais malheureusement, je suis obligé d'attendre, car il n'y a qu'une seule pompe avec autant de véhicules", se lamente Doudou, moto-taximan trouvé sur place.
À la place magasin Kitambo, les stations de service Cobil et Total Énergies approvisionnent les véhicules en carburant, mais avec un service minimum, selon les conducteurs de moto-taxis positionnés tout autour.
"Ici, on a du carburant seulement durant la journée. À la tombée de la nuit, ils arrêtent les services. Nous ne savons pas pour quelles raisons. Les pompiers nous disent qu'il n'y a plus de carburant. Tantôt, ils nous disent qu'il n'y a pas d'essence", révèle Blaise Mwamba, conducteur de moto-taxi.
En quittant la place Kitambo magasin, nous nous sommes rendus à la station Total Énergies de l'avenue de Libération (ex-24 novembre), située en diagonale de l'ambassade de Belgique en RDC. Ici, de longues files d'attente de véhicules sont observées, bloquant même le passage des véhicules empruntant cette voie.
Interrogé à ce sujet, un pompiste trouvé sur place a, sous couvert d'anonymat, affirmé que le problème vient de certains fournisseurs qui refusent de s'approvisionner les stations de service.
Pour lui, cet état de choses est dû à l'annonce par le gouvernement, via le ministère de l'Économie, de la baisse du prix du carburant à la pompe. Une décision que certaines sociétés pétrolières n'ont pas, selon lui, digérée.
Pour éviter de passer de longues heures devant les stations de service, certains conducteurs se tournent vers des vendeurs de carburant à la sauvette, communément appelés "kadhafi", où le prix du litre se négocie entre 4000 et 4500 francs congolais.
Cette pénurie de carburant pousse les chauffeurs de taxi-bus et de taxis à majorer le prix de la course de transport en commun et à sectionner leurs trajectoires. Désormais, une course partant, par exemple, de La Victoire jusqu'au grand marché de Kinshasa, communément appelé "Zando", est passée de 1000 à 2000 francs congolais durant les heures de pointe. Chez les moto-taximans, il faut débourser jusqu'à 5000 francs congolais.
"Je suis à l'arrêt depuis 7h, il est 8h, il n'y a pas de transport. Cette situation de pénurie de carburant nous inquiète, car c'est la population qui en pâtit, tant que cela va durer. Nous vivons au rythme du taux du jour, comme disent les Kinois. Nous allons commencer à payer le double, voire le triple du prix initial. C’est pénible", se plaint un passant trouvé à l'arrêt de bus TRANSCO du boulevard.
Le vice-Premier ministre, ministre de l’Économie nationale, Daniel Mukoko Samba, avait signé, mercredi 2 octobre dernier, un arrêté révisant à la baisse les prix des produits pétroliers en RDC.
Conformément à cet arrêté, entré en vigueur le jeudi 3 octobre 2024, le prix du litre de carburant dans la zone Ouest est passé de 3 340 à 2 990,49 francs congolais pour l’essence, soit une baisse de 13 %. Pour le gasoil, il est passé de 3 435 à 2 979,73 francs congolais, également une réduction de 13 %.
Murphy Fika