Les organisations des droits humains dont Justicia ASBL, l'Institut de recherche en droits humains et le Centre pour la justice et la réconciliation exigent la libération sans condition de Kafutshi, chauffeur de l'opposant Moïse Katumbi arrêté depuis le début de ce mois dans l'affaire de la construction de l'aérodrome de Mulonde situé dans le territoire de Pweto en province du Haut-Katanga.
Maîtres Hubert Tshiswaka de IRDH, Timothée Mbuya de Justicia ASBL et Freddy Kitoko de CJR ont, dans une déclaration signée conjointement le lundi 28 octobre 2024 et dont une copie est parvenue ce mardi à 7SUR7.CD, précisé qu'ils ont rencontré les responsables de l'Agence nationale des renseignements civile et militaire à Lubumbashi.
Dans leur enquête, ils ont découvert que Kafutshi, chauffeur de Moïse Katumbi, était en détention, mais les circonstances de son arrestation demeuraient floues. Les autorités leur ont expliqué qu'il avait été arrêté par des officiers de l'enseignement militaire, mais "aucune charge claire n'avait été formulé".
Pour comprendre bien la situation de l'aérodrome, poursuivent-ils, ces avocats des droits humains ont pris la décision de se rendre sur le terrain pour recueillir des informations et discuter avec les parties concernées. L'accusation de complot contre la sûreté de l'État, comme leur ont déclaré les autorités des renseignements, potentiellement passible de la peine capitale, a été jugée particulièrement grave par les avocats.
Décente à Mulonde
Au cours de leur enquête, maîtres Hubert Tshiswaka Timothée Mbuya et Freddy Kitoko ont visité Mulonde et ses environs pour mieux comprendre la situation. Ils ont tenté d'accéder à l'aérodrome, au cœur des accusations, mais ont été empêchés par des militaires sur place. Néanmoins, ils ont recueilli des témoignages d'habitants et d'anciens travailleurs de Mulonde, qui ont partagé l'histoire de cette région, autrefois occupée par un Allemand. Ce dernier avait développé une piste, qui est maintenant au centre des accusations dirigées contre le chauffeur Kafutshi.
Les avocats ont également cherché à corroborer les éléments qui pourraient soutenir l'accusation. Ils ont rencontré Moïse Katumbi, une figure politique mentionnée dans l'affaire, qui a nié toute implication illégale et a affirmé que les accusations étaient motivées par "des raisons politiques". Les avocats ont constaté que, bien que Katumbi ait développé des infrastructures à Mulonde, il n'y avait pas d'éléments solides pour prouver qu'il y avait un complot en cours.
Après avoir examiné tous les éléments, ces 3 ONG ont conclu qu'il "n'existait pas de preuves substantielles contre le chauffeur Kafutshi. Les témoignages recueillis sur le terrain et les interactions avec les autorités ont confirmé que "l'accusation de complot contre la sûreté de l'État manquait de fondement." Ils ont donc émis des recommandations claires : "la libération immédiate de Kafutshi".
"M. Kafutshi a été arrêté dans le contexte de travaux de réhabilitation d'un aérodrome qui, selon les autorités, seraient liés à des intentions malveillantes. Cependant, notre investigation a révélé que cet aérodrome, situé dans la concession de M. Katumbi, est en activité depuis des décennies, ayant eu plusieurs propriétaires, dont le dernier était son frère KTB. Il semble donc peu probable que la simple réhabilitation d'un aérodrome puisse justifier des accusations aussi graves. Les militaires présents dans la région ont également souligné qu'ils contrôlaient rigoureusement les activités, rendant peu probable l'entrée d'armes ou de matériels pour une prétendue rébellion, surtout avec la surveillance étroite qui existe.", ont-ils regretté.
Et d'ajouter : "Les déclarations recueillies auprès des autorités nous ont également fait prendre conscience d'une dynamique politique sous-jacente. Certains membres de l'administration ont laissé entendre que M. Katumbi, une figure politique de l'opposition, serait visé pour des raisons politiques plutôt que juridiques. Il a été insinué que la libération de M. Kafutshi dépendrait de l'engagement de Katumbi dans l'Union Sacrée, renforçant l'idée que cette affaire est utilisée pour faire pression sur des acteurs politiques clés".
Il est à rappeler que le chauffeur de l'opposant Moïse Katumbi Chapwe a été arrêté par les services des renseignements le 02 octobre dernier à Mulonde, nous sommes dans le territoire de Pweto. Depuis, expliquent ces ONG des droits humains, cet homme est en isolement et les visites de sa famille et de ses avocats est interdite.
Patient Lukusa, à Lubumbashi