Les acteurs du secteur de la santé publique réfléchissent aux adaptations de la Stratégie de nutrition à assise communautaire (NAC) et au développement d’une stratégie de communication pour le changement social et de comportement dans le cadre du programme multisectoriel de nutrition et de santé, à travers un atelier ouvert mardi 29 octobre 2024 à Kinshasa.
Cet atelier, qui va durer 6 jours, a pour objectif principal de proposer des adaptations à la stratégie NAC afin de simplifier et d’accélérer le processus de mise en œuvre, tout en assurant une forte adhésion communautaire et l’atteinte des résultats contribuant au développement de la stratégie de communication pour le changement social.
Le directeur du Programme national de nutrition et de santé (PRONANUT), Docteur Bruno Bindamba, a révélé que face à la malnutrition qui touche 8 % des enfants en RDC, la mise en œuvre de bonnes stratégies s'avère pertinente pour réduire ces chiffres.
« La RDC est confrontée à un problème sérieux de malnutrition. Un enfant sur deux est sujet à la malnutrition chronique, également appelée retard de croissance, qui affecte non seulement la croissance physique mais aussi le développement psychomoteur. Il y a également la malnutrition aiguë qui touche environ 8 % des enfants (...) Après deux ans de mise en œuvre de l’approche NAC, nous avons constaté des difficultés. C’est pourquoi nous organisons cet atelier avec toutes les parties prenantes, au niveau national, provincial et local, pour réfléchir sur la mise en œuvre de cette approche et trouver des mécanismes pour booster la stratégie, en établissant une feuille de route pour accélérer la mise en œuvre de la NAC », a-t-il fait savoir.
Pour sa part, le docteur Dominique Baboo, coordonnateur de l’UG-PDSS, a émis le souhait de faire le point sur l’état de mise en œuvre, d’identifier des actions pour améliorer et de créer une feuille de route pour déployer efficacement la nutrition dans les communautés.
« La première attente est de faire le point sur l’état de mise en œuvre et d’identifier les défis. Ensuite, il s’agit de déterminer des actions pour améliorer la mise en œuvre et de créer une feuille de route pour être efficace. Pas seulement pour dérouler la nutrition dans ces communautés, mais pour le faire de manière efficace », a-t-il souligné.
Prenant à son tour la parole, le docteur Khady Toure, Project Manager du Programme multisectoriel de nutrition et de santé (PMNS), a estimé que l’approche Nutrition à assise communautaire (NAC) est cruciale pour prévenir, entre autres, la malnutrition, nécessitant une compréhension et une utilisation adéquates des services de santé par la communauté, ainsi qu’une communication continue pour favoriser un changement de comportement durable et encourager le recours aux soins.
« La NAC est une stratégie pertinente pour appuyer la prévention de la malnutrition, mais elle doit être menée de manière appropriée au niveau de la communauté. Cela implique une bonne compréhension de l’activité et une utilisation efficace des différents services. Nous constatons que des enfants décèdent encore au sein des communautés sans être en contact avec le système de santé. Si la communauté est informée des signes de danger liés aux maladies, des moments où il faut recourir au système de santé, et de l’utilisation des services de santé, alors la NAC pourra être considérée comme réussie », a indiqué Dr Khady Toure.
L’approche « Nutrition à Assise Communautaire » (NAC), soutenue par le Programme multisectoriel de nutrition et de santé (PMNS) financé par la Banque mondiale, couvre 45 zones de santé dans quatre provinces à travers les groupements d’ONG, notamment dans les provinces du Kasai, Kasai Central, Kwilu et Sud-Kivu, en complémentarité avec d’autres partenaires. Pour les participants, cet atelier représente une étape clé vers une amélioration significative de la nutrition et de la santé des enfants en RDC.
D'après des données tirées d'une enquête nationale de nutrition menée en 2023 :
* 59,6 % des enfants, soit 6 sur 10, ont bénéficié de l’allaitement maternel exclusif avant l’âge de 6 mois ;
* Seulement 10,1 % des enfants ont bénéficié d’une diète minimale acceptable ;
* 8,2 % des enfants de moins de cinq ans souffrent d’émaciation ;
* 47,9 % des enfants de cette même tranche d’âge présentent un retard de croissance ou une malnutrition chronique.
Murphy Fika