Affaires fortages et lampadaires : Début du procès ce lundi [Tribune]

Lundi 4 novembre 2024 - 13:26
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C’est ce lundi 04 novembre que s’ouvre le procès sur l’affaire dite des forages (RP 15/CR : Aff. MP) à l'issue d'une instruction qui aura duré près de 5 mois. Sur le banc des accusés, Mike Kasenga, PDG de la société Sotrad Water, et l’ancien ministre du développement rural, François Rubota, tous deux poursuivis pour détournement des fonds publics alloués à la construction de stations de collecte, traitement et distribution d’eau sur l’ensemble du territoire national.

Pour ce qui est de Nicolas Kazadi, ministre des finances au moment des faits et épinglé pour avoir payé ces fonds prétendument détournés, le Procureur Général près la Cour de Cassation avait prononcé le non-lieu en sa faveur.

Fin avril 2024, le PGR près la Cour de Cassation avait ouvert une enquête pour faire la lumière sur des probables détournements en rapport avec un montant de 71 millions $ portant sur la première phase (241 stations) d’un marché de plus de 1300 stations de collecte, traitement et distribution d'eau à travers le pays.

Mike Kasenga, bénéficiaire de ces fonds, François Rubota, ministre du développement rural sous Sama pour qui et sur demande de qui les fonds ont été décaissés, Nicolas Kazadi, ministre des finances sous Sama qui a ordonné le paiement, et Guy Mikulu, ministre du développement rural sous Ilunkamba qui avait conçu le projet et recruté le consortium dirigé par Mike Kasenga pour l'exécuter, tous feront l’objet d’une enquête pour déterminer les responsabilités de chacun et faire la lumière sur cette affaire qui a alimenté la controverse durant plusieurs mois dans le pays. 
 
Des indices de culpabilité 
 
Tous interdits de quitter le territoire national jusqu'à l'issue des enquêtes, Mike Kasenga et François Rubota vont être emprisonnés sur la base d'éléments de l'enquête qui établissent directement leur responsabilité dans la non-exécution de ce projet et laissent croire à un probable détournement de fonds.

Quant à Guy Mikulu et Nicolas Kazadi, qui ont été confrontés aux deux prévenus précités, l’enquête va conforter leurs défenses et les innocenter. L’ancien ministre des finances, sur qui tous les projecteurs avaient été braqués, en le présentant comme le principal auteur dudit détournement, va même être autorisé fin juin 2024 à quitter le pays pour des soins au moment où les autres étaient placés sous mandat d'arrêt provisoire. 
 
Mais comment un ministre des finances qui a exécuté un ordre de paiement ayant suivi toutes les étapes réglementaires et légales a pu être mêlé à ces accusations de détournements et surfacturation des Forages et Lampadaires ?

Pourquoi la justice, en ouvrant l’enquête, n'a pas fait mention d'une quelconque surfacturation des forages ou des lampadaires ?

À qui a profité l'éviction in tempore suspecto de Nicolas Kazadi du gouvernement alors que tous les chiffres et ses performances faisaient de lui le meilleur ministre des gouvernements Sama 1 et 2 et l’un des meilleurs ministres des finances du continent, selon l'opinion nationale et internationale ?

Pourtant, soucieux de la transparence, l’ancien ministre des finances avait saisi à deux reprises par écrit le procureur général afin d’une part de confirmer sa disponibilité à collaborer avec la justice et d’autre part lui demander d’étendre ses enquêtes à la question de surfacturation.
 
Nicolas Kazadi ne s’est pas contenté de ses performances dans la mobilisation des finances publiques qui ont fortement contribué à l'organisation des élections, à la montée en puissance de nos forces armées aujourd'hui équipées plus que jamais auparavant, et à la relance de l’investissement public à des niveaux records. Il a initié plusieurs autres réformes, très bien accueillies par le chef de l’État et l'opinion congolaise.

Parmi ces réformes, celle sur les jeux de hasard, mais surtout celle portant sur la mise en place de la facture normalisée, sont celles qui étaient censées fortement compromettre les intérêts de la Mafia et permettre à l’État congolais, pour ce qui est de la facture normalisée, de maîtriser le chiffre d'affaires réel de chaque entreprise opérant en République Démocratique du Congo, réduire la fraude à l’IBP et doubler les recettes liées à la TVA. L’impact de cette mesure porte sur plusieurs milliards de dollars aujourd’hui volatilisés. Dès cet instant, Nicolas Kazadi a été déclaré la cible à abattre.

À l'issue des élections, voyant le succès électoral historique de Nicolas Kazadi aux législatives où il est arrivé en tête sur la liste nationale des députés UDPS élus, une vaste campagne a été orchestrée contre ce dernier en passant principalement par des médias.

Des contre-vérités et des injures portant atteinte à l’honneur ont été diffusées dans l’opinion et relayées dans les réseaux sociaux en toute impunité. 
 
Nicolas Kazadi a été accusé d'avoir payé ces deux projets sans aucun soubassement. Pourtant, des éléments de l’enquête relevés par le PGR ont prouvé que ce dernier n'a fait qu’exécuter des demandes de paiement et est allé jusqu'à bloquer les autres demandes du ministère de développement rural en exigeant que le nombre de stations livrées sur terrain soit conforme aux fonds déjà décaissés.

Et quant aux accusations de détournements ou corruption, aucun indice ne permet de dire, encore moins de soupçonner que Nicolas Kazadi a d'une façon ou d'une autre bénéficié des fonds alloués à ces deux projets pour lesquels la justice n'a jamais reproché une quelconque surfacturation mais plutôt d’importants retards d’exécution, pendant que l’État congolais avait déjà décaissé les fonds.

Samba Bathily, au moment où on l’accusait d'avoir détourné avec Nicolas Kazadi les fonds décaissés par ce dernier pour l'installation des lampadaires à travers sa société Solektra, avait déjà tous les matériels au port de Matadi depuis plus d'un an, et attendait l'exécution de l'exonération bloquée.

Solektra acceptera finalement de travailler à perte et payer la douane pour installer ces lampadaires qui à ce jour éclairent les rues de Kinshasa. 
 
Mike Kasenga a pour sa part, depuis sa cellule de prison, pris l’engagement d'accélérer l'installation des stations de collecte, traitement et distribution d’eau pour se conformer aux fonds déjà perçus et poursuivre l'exécution du contrat jusqu'à son terme. 
 
Nicolas Kazadi semble quant à lui n’avoir pas baissé les bras. Tenu à l’écart des médias pour ne pas perturber le déroulement des enquêtes et de l’instruction préjuridictionnelle, il annonce une grande sortie médiatique cette semaine pour dire sa part de vérité.

Tribune de l’économiste Alain Mulamba toleka