À l'initiative de l'Asbl Conseil pour la défense environnementale par la légalité et la traçabilité (CODELT), des acteurs des secteurs public (ministère de l’Environnement, de l’Intérieur et autres), du privé et de la société civile se sont réunis le vendredi 20 décembre, à Kinshasa, pour discuter de la structuration du marché congolais du crédit carbone.
Ces trois composantes ont échangé sur des propositions à soumettre au gouvernement afin d'améliorer l'offre nationale sur les marchés internationaux de crédit carbone, tant en termes de quantité que de qualité.
Avant cette rencontre, chaque groupe avait identifié, de manière indépendante, les principaux obstacles à l'émergence du marché du carbone en République Démocratique du Congo et avait formulé des recommandations.
« Nous avons constaté que le gouvernement travaille sur la régulation du marché. Cependant, un marché nécessite une offre et une demande. Actuellement, au sein de la société civile, nous observons qu'il n'existe pas une offre suffisante de crédits carbone en RDC pour justifier une régulation. À ce jour, je ne pense pas que nous ayons plus de 10 projets actifs. Dans ce contexte, l’existence d’un organe de régulation serait inutile », a déclaré Floribert Nyamoga, expert en ingénierie environnementale.
Selon cet expert, le secteur des crédits carbone impose des exigences élevées en matière de qualité et d'intégrité. Il est donc crucial que la RDC structure son offre de manière qualitative et quantitative pour espérer tirer profit des centaines de milliards de dollars qui circulent sur les marchés internationaux du carbone.
« Nous avons convenu que pendant que le gouvernement travaille sur la régulation, nous devons nous concentrer sur les conditions à mettre en place pour augmenter l'offre nationale de crédits carbone. Notre souhait est d'avoir une centaine de portefeuilles carbone en RDC dans quelques années, afin que l'autorité régulatrice puisse avoir suffisamment de la matière. Cela pourrait même conduire à la création d'une bourse de crédits carbone dans le pays », a ajouté Floribert Nyamoga.
La RDC a lancé plusieurs initiatives ces dernières années pour rattraper son retard et rendre son marché de carbone effectif et attractif. Dans cette optique, la loi sur l'environnement a été modifiée en 2022 pour intégrer la question des crédits carbone. De plus, l'Autorité de régulation du marché du carbone (ARMCA) a été créée en juin 2023 par décret du Premier ministre, bien que cet établissement public ne soit pas encore opérationnel.
Il convient de noter que l'organisation de ces travaux a été soutenue financièrement par la fondation suédoise Olof Palme International Center, qui œuvre pour la promotion des droits de l'homme, de la démocratie et du développement durable dans plusieurs pays.
Bienfait Luganywa