
Le Club des Experts des Marchés Financiers (CEMF) a tenu une réunion le 25 avril 2025 à Kinshasa pour analyser les risques systémiques associés à un lancement prématuré d’une bourse des valeurs mobilières en République démocratique du Congo.
Ce club qui rassemble des professionnels du secteur financier, des chercheurs, des juristes et des fiscalistes, a souligné dans ses échanges l’importance cruciale d’un cadre technique et institutionnel robuste.
Glosy Muenzi, président du CEMF, a exprimé la position du club : lancer une place boursière sans les bases nécessaires, que sont notamment un socle institutionnel solide, une infrastructure réglementaire consolidée et une sensibilisation à la culture financière de la population congolaise, exposerait la RDC à des risques significatifs.
Ainsi, le CEMF a précisé que cette démarche pourrait entraîner une désintermédiation désordonnée, l’absence d’engouement pour les investissements directs souhaités et, potentiellement, une destruction de valeur à l’échelle systémique.
Les experts ont identifié plusieurs lacunes majeures actuellement :
• L’absence d’une réelle politique de sensibilisation de la population aux questions financières ;
• L’absence d’un cadre d’échange entre les différents acteurs du secteur, les chercheurs et les consommateurs des services financiers pour l’analyse approfondie de cette réforme ;
• Le calibrage insuffisant des normes existantes face aux défis et aux réalités congolaises de l’écosystème financier du pays, ainsi que leur alignement sur les normes internationales ;
• L’inexistence d’un système de post-marché sécurisé, incluant un dépositaire central de titres (CSD) et une chambre de compensation opérationnelle ;
• L’absence d’un corpus de normes comptables unifiées, comme les IFRS, essentielles pour garantir la transparence des informations financières des sociétés à coter.
Par ailleurs, le CEMF a alerté sur les dangers accrus de pratiques frauduleuses telles que les délits d’initié et la manipulation des cours, exacerbés par le manque d’une culture de transparence et de reporting.
Ainsi, le président du CEMF a précisé qu’un marché boursier dépourvu d’un code de gouvernance, d’un système de notation local et d’accès à des données financières fiables est voué à un décollage difficile, à la méfiance et à une spéculation improductive.
À l’issue de la réunion, le CEMF a réaffirmé sa volonté de collaborer avec les autorités publiques, le secteur bancaire et les investisseurs pour bâtir un marché solide et efficace. Un cadre de concertation devra être mis en place pour élaborer une feuille de route stratégique et un document de positionnement destinés aux instances concernées.
La rencontre du Club s’est conclue sur un constat : l’économie congolaise a besoin d’un marché de capitaux crédible, attractif et adapté aux besoins de financement de son économie, et le CEMF s’est dit disposé à apporter son expertise au service de l’État et du secteur privé afin de faire émerger une bourse des valeurs mobilières en RDC.
Linda Lusonso