
L’Institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN) a trouvé un partenaire qui va réhabiliter et moderniser le jardin zoologique de Kinshasa ainsi que le jardin botanique de Kisangani. Ce partenaire est Vantara, un centre indien spécialisé dans la restauration des espèces animales et des écosystèmes menacés.
Situé dans l’État du Gujarat, précisément à Jamnagar, Vantara est un vaste refuge animalier dédié à la sauvegarde des animaux maltraités, à la restauration des espèces menacées d’extinction, à la formation des spécialistes en conservation animale et à la recherche sur la pérennité des espèces. Le complexe s’étend sur 1400 hectares (soit 14 km) et emploie plus de 3000 personnes, incluant des soigneurs animaliers formés après leur recrutement au sein des communautés locales, des vétérinaires spécialisés en faune sauvage, des conservateurs, des biologistes, des naturalistes et des nutritionnistes.
Actuellement, Vantara abrite plus de 8000 individus de 2000 espèces provenant de 32 pays. Parmi ces animaux figurent des éléphants, des félins tels que les tigres blancs, les tigres de Sibérie et de Bengale, les panthères des neiges et les pumas, ainsi que des ours noirs, des loups, des chiens sauvages, des girafes, des okapis, des chimpanzés, des rhinocéros blancs, des hippopotames, des zèbres, divers reptiles comme les anacondas albinos et les cobras, ainsi que plusieurs espèces de crocodiles. On y trouve également des oiseaux rares comme les Makaws, originaires du Brésil et déclarés officiellement éteints à l’état sauvage.
« Notre objectif est de créer une sorte d’Arche de Noé. Lorsqu’une espèce aura disparu dans son milieu naturel, nous serons là pour la réintroduire. C’est pourquoi nous aménageons un environnement spécifique pour chaque animal, semblable à son habitat naturel. Cela permettra à l’animal de conserver ses réflexes naturels en cas de réintroduction », a expliqué à 7SUR7.CD l’un des guides lors d’une visite sur place.
Le partenariat avec l’ICCN, quels enjeux ?
Le mémorandum d’entente (MoU) entre Vantara et l’ICCN a déjà été signé et l’exécution du projet a débuté. Avant cela, l’ensemble du conseil d’administration de l’ICCN s’était rendu à Jamnagar pour évaluer le travail réalisé par son partenaire.
Grâce à ce partenariat, les travaux de réhabilitation et de modernisation du zoo de Kinshasa vont commencer très prochainement. Par la suite, le jardin botanique de Kisangani, situé dans la province de la Tshopo, sera également réhabilité. Cet accord concerne toutes les aires protégées gérées par l’ICCN.
« Nous avons déjà conçu la maquette. Ce qui pourrait légèrement retarder le début des travaux est l’acheminement du matériel. Pratiquement tout ce que nous allons utiliser devra être importé, car il n’existe pas d’usines au Congo où nous pourrions passer commande. Nous serons donc contraints d’importer tout le nécessaire », a rapporté notre guide.
Le partenariat inclut également la formation et l’échange d’animaux. 17 agents de l’ICCN se rendront à Jamnagar en ce mois de mai pour suivre une formation de trois mois. Les préparatifs sont déjà bouclés, selon les dernières nouvelles.
« Les démarches sont déjà en cours. Dix-sept personnes vont se rendre en Inde où elles seront formées pendant trois mois sur le traitement des animaux, notamment en ce qui concerne les soins médicaux, la nutrition et la manipulation. Actuellement, l’ICCN ne dispose à Kinshasa qu’une seule personne capable de manipuler les serpents ou les crocodiles. Ce partenariat représente une opportunité précieuse pour renforcer nos capacités », a déclaré Joseph Mapilanga, l’un des directeurs de l’ICCN.
La science au service de la sauvegarde animale
Tous les aspects sur le plan sanitaire et scientifique sont soigneusement pris en compte pour assurer le bien-être des animaux. En matière de santé, le complexe combine des soins vétérinaires traditionnels, l'Ayurveda, l’hydrothérapie et la médecine vétérinaire moderne. Il dispose d'un hôpital central et de 22 cliniques spécialisées. Grâce à des équipements de pointe tels que des scanners et des IRM, divers services y sont offerts, incluant l'anesthésie, la cardiologie, la néphrologie, l'endoscopie, la dentisterie, la médecine interne, la médecine transfusionnelle, la médecine de conservation, l'orthopédie, l'oncologie, l'ophtalmologie, la néonatalogie ainsi que les soins d'urgence et intensifs.
« De nombreuses interventions pratiquées ici sont réalisées pour la première fois sur certaines espèces, générant des données précieuses qui repoussent les limites de la médecine vétérinaire et établissent de nouvelles normes mondiales en sciences de la faune sauvage. Il y a quelques semaines, nous avons réalisé une opération de cataracte sur un éléphant. L’animal a retrouvé sa vue. C’est une première au monde », a fièrement déclaré notre guide.
En ce qui concerne la recherche, le laboratoire Vantara Dhirubhai Ambani est le plus grand centre de diagnostic de la faune sauvage en Inde. Sa biobanque abrite plus d'un million d'échantillons et de séquences génomiques provenant de 2 000 espèces. Le laboratoire comprend des départements spécialisés en parasitologie, microbiologie, pathologie, toxicologie, biologie moléculaire et génomique.
« Le laboratoire mène par exemple des études pour comprendre pourquoi les éléphants présentent un risque nettement inférieur de cancer par rapport aux humains. Les résultats pourraient avoir des implications bénéfiques pour la santé humaine. Certaines de nos données sont accessibles à tous les scientifiques du monde », a expliqué l’un des responsables du laboratoire.
Pour ce qui est de la nutrition, un centre nutritionnel de 9 000 m² est établi au sein du complexe. Avec l'aide de 100 chefs cuisiniers, cet établissement accrédité par l’Autorité indienne de sécurité alimentaire (AFSSAI) fournit par jour 72 800 kg de nourriture adaptée aux besoins spécifiques de chaque animal.
« Chaque repas est soigneusement conçu pour garantir une santé optimale, une récupération efficace et un bien-être à long terme, en tenant compte de l'âge ainsi que des besoins physiques et physiologiques spécifiques de chaque animal », nous a confié un chef cuisinier.
Bienfait Luganywa