
Les rebelles rwandais des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR) dénoncent un discours propagandiste du régime de Kigali sur la crise sécuritaire dans la sous-région, particulièrement au sujet de la situation en République démocratique du Congo.
Alors qu'un accord de paix a été signé à Washington grâce à l'administration Trump, le groupe armé accuse les autorités rwandaises d'avoir torpillé plusieurs autres démarches de pacification engagées depuis 2001.
Dans un contexte où les dirigeants rwandais conditionnent le désengagement des forces sur le terrain par la neutralisation des FDLR du côté congolais, la rébellion rwandaise considère cela comme un prétexte et affirme n'être pas génocidaire comme le soutient souvent Kigali.
Elle accuse le régime Kagame de crimes contre l'humanité et d'engager les troupes rwandaises pour faciliter le bardage des ressources congolaises. Les FDLR appellent, par ailleurs, à la décrispation politique et à un dialogue inclusif au Rwanda.
"Les FDLR ne sont pas génocidaires, contrairement à la propagande du régime de Kigali, qu'elles accusent de crimes contre l'humanité. Les accusations de crimes imputées aux FDLR sont des manipulations. Les FDLR affirment que les RDF (Forces armées rwandaises) sont les véritables fauteurs de guerre dans la région, au service du pillage des ressources de la RDC", lit-on dans un document du 2 juillet dernier adressé au président américain.
Depuis la signature de l'accord de paix entre Kinshasa et Kigali le vendredi 27 juin dernier, la controverse au sujet des FDLR est bien réelle.
Les officiels congolais espèrent avant tout le retrait des troupes rwandaises du sol congolais avant le démantèlement des FDLR. Mais, le Rwanda est formel, arguant que la question devrait prioritairement être vidée pour que Kigali retire "ses mesures défensives".
"Toute solution qui ne prend pas en compte ces questions importantes (réfugiés, FDLR...) ne fera que prolonger indéfiniment les problèmes entre le Rwanda, la RDC et toute la région", a déclaré le président rwandais lors d'une adresse aux médias le vendredi 4 juillet à Kigali
Mais, le sujet est délicat, d'autant que la zone d'influence des FDLR (le Nord-Kivu) est entièrement sous contrôle du M23, un groupe armé au service de Kigali.
Nombre d'analystes estiment même qu'il s'agit d'un piège tendu à la RDC et, surtout, une échappatoire des autorités rwandaises pour continuer de maintenir les tensions dans la partie orientale du Congo.
Il y a peu, dans une réaction à la presse, Julien Paluku, ministre congolais du Commerce extérieur, a soutenu que la question FDLR n'était qu'un alibi dont se servait constamment le pouvoir rwandais pour participer au pillage des ressources congolaises.
Pour l'ex-gouverneur du Nord-Kivu, la rébellion dont les acteurs sont, pour la plupart, vieux, n'est pas une menace pour Kigali.
"Le Rwanda a occupé l'Est de la RDC de 1998 en 2003. Si FDLR, il y avait, il les aurait exterminés. Mais, on a observé qu'en lieu et place des FDLR, le Rwanda est sorti premier producteur du coltan. Après, il ne cesse d'alimenter la conflictualité dans la région : le CNDP, le M23, etc. Les véritables FDLR que le Rwanda poursuit, ce ne sont pas les FDLR humains, c'est effectivement le coltan, le niobium, le pyrophore, la cassitérite et non les FDLR qui sont vieux", avait expliqué l'ex-dirigeant du Nord-Kivu.
Les Forces démocratiques pour la libération du Rwanda sont en République démocratique du Congo depuis le génocide rwandais de 1994 et l'arrivée au pouvoir du Front patriotique rwandais (FPR) qui a conduit Paul Kagame au pouvoir.
Censée être hostile au régime de Kigali, la rébellion est plutôt responsable des exactions dans le Nord-Kivu, même si depuis quelques années, son degré de nuisance a sensiblement diminué sur le terrain.
Isaac Kisatiro, à Butembo