La ville de Kinshasa se prépare à lancer le « Plan Assainir Kinshasa » (PASKI), un projet d'assainissement décentralisé qui s'étendra de 2026 à 2028. Initié dans le cadre du programme « Kinshasa ezo bonga » du gouverneur Daniel Bumba, ce plan a pour objectif de rendre la ville propre en structurant une chaîne de valeur pour la gestion des déchets, allant de la collecte à la valorisation, grâce à des pôles communaux d'économie circulaire.
Contrairement à d'autres initiatives d'assainissement précédentes, PASKI accorde une plus grande autonomie aux communes et quartiers. Le plan prévoit que la collecte primaire des déchets soit assurée par les quartiers avec l’appui des collecteurs privés formalisés, tandis que le transport des immondices vers les pôles municipaux de tri sera géré par la commune. La valorisation finale et l’enfouissement technique seront, quant à eux, pris en charge par la province.
Concrètement, PASKI se fixe cinq objectifs principaux à atteindre au cours des trois années :
• Renforcer la gouvernance décentralisée et la recevabilité municipale ;
• Capturer les financements endogènes pour une collecte et une gestion durables des déchets ;
• Développer 24 pôles communaux de valorisation ;
• Mobiliser les investissements privés et climatiques ;
• Créer une économie locale verte et inclusive.
« Pendant une année, les parties prenantes ont réfléchi à la solution pour assainir Kinshasa. Nous avons développé un plan déclinant un modèle économique d’assainissement durable. Si les outils sont utilisés à bon escient, ce plan va délivrer des résultats », a assuré Junior Tchiteya, membre de C&S Expertise, un cabinet collaborant avec l’hôtel de ville.
Des objectifs annuels sont prévus: l'année 2026 sera consacrée à la formalisation de la collecte et à l’autofinancement de la gestion des déchets ; 2027 sera dédiée à la structuration des chaînes de valeur des déchets et à la création de débouchés ; enfin, 2028 visera le développement de l'industrie, notamment dans le recyclage et l’énergie.
Bien que ce plan soit conçu pour trois ans, il s'inscrit dans la mise en place d'une filière pérenne.
« La stratégie du gouverneur repose sur l’économie circulaire. Personne ne dort avec ses déchets dans sa maison. Il y a toujours un acteur externe qui peut être un pousse-pousseur ou une ONG pour nous débarrasser de nos déchets. Malheureusement, nous ne savons pas où partent ces déchets. Avec ce modèle économique, les déchets deviennent une matière première. Nous nous rassurons qu’il y a une filière qui est mise en place et qu’il y ait des gens qui s’intéressent », a déclaré Melia Bosiki, conseillère principale du gouverneur Bumba.
Le budget de PASKI est estimé à 150 millions de dollars. Ce montant couvre la collecte et l'évacuation des déchets ménagers et assimilés, le curage des caniveaux ainsi que le contrôle régalien de l'hygiène et de l'assainissement des ménages. Selon les estimations, ces dépenses pourraient générer jusqu'à 208 millions de dollars grâce notamment aux paiements effectués par les ménages pour l'enlèvement des immondices et la vente des déchets plastiques.
Il convient de noter que la réalisation de ce plan a été soutenue par l’ambassade des Pays-Bas et UN Global Compact RDC. Sa présentation s'est tenue en présence du ministre de l’Intérieur Jeannot-Canon Larose, des responsables du Fonds de promotion industrielle (FPI) et des responsables des régies provinciales intervenant dans le secteur de l’assainissement.
Bienfait Luganywa