RDC: 63 barrages hydroélectriques à l'abandon (CORAP)

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Lors d'un dîner avec la presse le lundi 1ᵉʳ décembre, la Coalition des organisations de la société civile pour le suivi des réformes et de l’action publique (CORAP) a présenté son baromètre annuel sur l'accès à l'électricité à Kinshasa. Ce document reflète l'opinion de la population sur les services de la Société nationale d’électricité (SNEL) ainsi que sur la politique du gouvernement en matière d'énergie.

« Le baromètre a pour objectif de suivre l’évolution de la desserte en électricité en RDC, le niveau de satisfaction de la population, la question de la facturation… », a expliqué Emmanuel Musuyu, secrétaire exécutif de la CORAP.

Cette édition se concentre uniquement sur la situation à Kinshasa. L'enquête révèle que plus de 70 % des Kinois interrogés ne sont pas satisfaits des services fournis par la SNEL ni des actions gouvernementales concernant la desserte électrique.

« La population se plaint, elle est en colère parce qu’elle passe des nuits sans électricité, elle ne peut pas produire ou même faire des provisions à la maison. Le baromètre renseigne que plus de 70 % de la population donnent au gouvernement et à la SNEL 1 sur 10. La qualité de la desserte est tellement mauvaise, caractérisée par des coupures intempestives », a résumé Emmanuel Musuyu.

Le degré d’insatisfaction est encore plus prononcé chez ceux qui exercent des activités économiques.

« Ceux qui ont des activités économiques ne sont que dans une dynamique de perte à cause de l’irrégularité de l’électricité. L’autorité doit fournir beaucoup d’efforts et nous avons besoin des médias pour porter cette voix de la population », a poursuivi Emmanuel Musuyu.

Iris Kashindi, chargée des programmes au sein de l'organisation, a rappelé que la RDC possède plusieurs barrages électriques abandonnés qui pourraient améliorer le taux de desserte du pays s'ils étaient réhabilités.

« Nous avons 63 barrages à l’abandon en RDC. Il suffit d’un peu de sérieux, ces barrages peuvent être réhabilités et nous aurons du courant partout dans le pays. Pourquoi attendre seulement un grand projet qui va coûter des milliards de dollars, qui va nous plomber dans la dette, avec une clé de répartition pas claire et des impacts environnementaux irréversibles ? », a-t-il interrogé.

Pour lui, le projet Grand Inga ne devrait pas être une priorité, car il nécessite des ressources considérables que le pays ne possède pas et pourrait avoir des impacts sociaux et environnementaux négatifs.

« Pour l’instant, nous disons non à Grand Inga. La gouvernance pose encore problème. Que les autorités nous disent d’abord ce qu’elles sont en train de mijoter, qu’on nous explique le sort de 36 000 ménages qui doivent être délocalisés. Nous soutiendrons le projet dès que nous aurons des réponses à nos préoccupations », a-t-il ajouté.

En guise de recommandations, la CORAP invite le gouvernement à accroître la part de l’électricité dans le budget de l’État, tout en exhortant la SNEL et les sociétés privées investissant dans le secteur à améliorer leurs services et à augmenter leur production respective.

Bienfait Luganywa