A la clôture du congrès de l’Envol à Nioki : Sesanga contredit Nanga

Lundi 21 mars 2016 - 05:47
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Delly Sesanga s’est offert une bonne tribune pour rappeler à l’ordre le président de la commission électorale nationale indépendante. A Nioki dans le Bandundu où il clôturait le congrès de son parti, le président de l’Envol a martelé que Corneille Nanga n’a pas le droit de saisir la cour constitutionnelle pour solliciter une extension afin d’organiser les élections en dehors du délai constitutionnel. ‘‘La démarche est irrégulière et illégale’’, explique-t-il. Devant les cadres et militants de son parti et dans une salle bondée du monde, le brillant juriste a démontré les dérives  du leadership actuel de la centrale électorale. ‘‘La position militante de la CENI de saisir la Cour Constitutionnelle en vue d’obtenir la couverture judiciaire de l’organisation des élections en dehors des délais constitutionnels est une forfaiture d’une institution chargée d’appuyer la démocratie’’, tranche Sesanga. L’élu de Luiza charge Nanga et ses hommes. L’extension recherchée vise une prolongation du mandat du président de la république, par le pouvoir judiciaire réputé indépendant, qui n’a ni titre ni qualité pour conférer un quelconque mandat au président de la république. ‘‘Ce qui constituerait à n’en pas douter une confiscation du pouvoir du peuple par des personnes non investies de ce mandat. Au demeurant, la CENI n’a pas qualité pour saisir en interprétation la Constitution  qui énumère limitativement en son article 161 les autorités habilitées à cet effet, sans mentionner la CENI’’, ajoute le président de l’Envol. Selon lui, le pouvoir a un plan. Il mène le pays là où la conscience nationale a toujours refusé d’aller depuis plus de trois décennies. Delly Sesanga pense que le régime Kabila marche sur la constitution et les lois de la république, en faisant l’apologie de la violence, pour réinstaurer la discorde, là où règne l’harmonie. L’ancien président de la commission politique administrative et juridique de l’assemblée nationale trouve très grave que le pouvoir ramène le Congo-Kinshasa, à pas de charge, vers le monopartisme, là où le peuple congolais s’était déjà libéré de la dictature. L’élu de Luiza s’indigne de ce comportement qui est, par ailleurs, sanctionné par l’article 7 de la Constitution qui dispose que : ‘‘Nul ne peut instituer, sous quelque forme que ce soit, de parti unique sur tout ou partie du territoire national. L'institution d'un parti unique constitue une infraction imprescriptible de haute trahison punie par la loi’’. Sur le fond, l’Envol est étonné que la Ceni n’ait pas pu prendre en compte la position de la Cour suprême, agissant comme cour constitutionnelle dans son arrêt du 31 juillet 2007. Dans cet arrêt, la cour suprême se prononçant sur la constitutionnalité de la décision de la CENI, avait déclaré inconstitutionnelle la décision fixant le calendrier du second tour de l’élection présidentielle au 29 octobre 2006. La Haute cour avait critiqué ladite décision pour violation de l’article 71 de la Constitution, alors qu’elle devait l’organiser 15 jours après le mois d’août. Pour avoir ainsi dépassé largement le délai constitutionnel, la Cour avait déclaré ce calendrier inconstitutionnel, argumente l’un des leaders des partis membres la Dynamique de l’opposition. Toutefois, Delly Sesanga ne s’oppose pas qu’un parti ou un regroupement cherche à conquérir ou à conserver le pouvoir, quoi de plus normal, mais là où le bat blesse, dit-il, c’est la démarche de la MP qui frise la violation flagrante de la constitution. ‘‘Qu’un individu ou un groupe veuille s’accaparer du pouvoir d’Etat, pour en faire un élément de son patrimoine privé, transmissible par des voies extraconstitutionnelles, voilà qui rompt le compromis politique sur base duquel il exerce le pouvoir’’, vocifère Sesanga. Dans ces conditions, la cour constitutionnelle joue sa légitimité en ne mettant pas en cause son impartialité par un revirement opportuniste de jurisprudence. Après deux jours des travaux, les participants ont décidé d’aligner les candidats à tous les niveaux sauf à l’élection présidentielle où le parti a levé l’option de militer pour une candidature commune de l’opposition. ‘‘Le candidat commun doit être désigné par consensus’’, plaide Sesanga, insistant même qu’en cas des primaires, le consensus demeure toujours l’idéal. Une manière pour lui de rassembler toutes les forces de l’opposition afin de contrer la majorité au pouvoir et relever le défi de l’alternance attendu depuis longtemps par l’ensemble du peuple congolais. A l’interne, le congrès du parti a refondé ses structures. Un nouveau dispositif a été mis sur pied en vue de mieux aborder les échéances électorales.