Absence très prolongée à la Ceni; Malu malu en disgrâce pour avoir comploté avec Kengo contre le régime

Lundi 16 février 2015 - 12:01

Cela n’a échappé à personne, l’absence remarquable et remarquée de l’abbé Apollinaire Malu Malu, président de la Ceni (commission électorale nationale indépendante), à la cérémonie solennelle de la publication du calendrier électoral global, intervenue le jeudi 12 février 2015. C’était en soit un évènement dans l’évènement. Curieusement, au moment de la présentation du calendrier MaluMalu se trouvait en Afrique du sud.
Selon ses proches, il y est allé pour y suivre des soins de santé : il y a subi une opération. Selon des sources proches du Bureau de la Ceni, MaluMalu a quitté le pays de Nelson Mandela pour l’Arabie Saoudite au Moyen-Orient.

Pendant que la Ceni est entrée dans sa phase décisive, voilà que son président controversé décide de bourlinguer aux quatre coins de la planète. Il n’en fallait pas plus pour mettre la puce à l’oreille de la Rédaction de C-NEWS. Votre rédaction a commencé à soupçonner un malaise en-tre l’abbéMaluMalu et ses parrains de la Majorité présidentielle. D’après nos sources, il y a bel et bien brouille entre le président de la Ceni et certains caciques du pouvoir. Le malaise entre le président de la Ceni et les faucons de la Majorité présidentielle remonte à l’interview qu’il avait donnée à Jeune-Afrique (J-A) l’année passée au plus fort de la controverse sur l’opportunité ou non de réviser la constitution notamment son article 220 pour permettre à Joseph Kabila de briguer un troisième mandat présidentiel. Interview dans laquelle il avait dit, contre toute attente, « qu’en tant que citoyen il n’était pas favorable à la révision de la Constitution ». Lire cette interview (p.). Cette prise de parole sur un sujet aussi politique et politisé que la révision constitutionnelle avait été peu appréciée par certains membres influents de l’entourage présidentiel. Y voyant un appui à l’opposition. Mais en fait cette position de MaluMalu, dont on sait qu’il est proche du parti anti-révision MSR de Pierre Lumbi, est conforme à la ligne de cette formation politique qui assume avec cour-
age ses valeurs. Depuis cette interview,MaluMalu n’était plus regardée de la même façon par ceux qu’ils l’ont placé à la tête de la Ceni. Poussant nos investigations plus loin, des sources proches de bureau de la Ceni nous ont révélé que la méfiance entre MaluMalu et le pouvoir s’est accentué davantage pour plus grave que cette sortie médiatique dans J.A. En fait, c’est à cause surtout du rôle qu’il a joué dans l’échec de la nouvelle loi électorale dite loi boshab.

Selon leurs dires,MaluMalu avait personnellement appelé le président du sénat Léon Kengo pour le dissuader de voter cette loi controversée spécialement l’article 8 en son alinéa 3.MaluMalu avait estimé aussi que cet alinéa n’avait rien à faire dans cette loi. Il a donc demandé à Kengo d’user de son pouvoir pour bloquer cette loi scélérate. C’est cet appel qui l’a mis vrai-ment en porte à faux avec ses amis de la Majorité présidetielle autre que ceux le MSR et les autres forces anti-révision.Depuis il est donc tombé en disgrâce.Pour la Kabilie il est allé trop loin. La ligne rouge a été franchie. Mais avant, à cause de sa proximité avec le MSR de Lumbi, il y avait déjà des tensions au sein du Bureau de la Ceni, notamment entre lui et le vice-président
André Mpungwe (PPRD). Ce dernier avait même provoqué une crise parce non content des nominations intervenues
dans les principales antennes de la Ceni en province, près de 200. Plus de 70% de postes avaient été attribués aux personnes proches du MSR selon les proches de Mpungwe. Ce qui avait beaucoup déplu le PPRD Mpungwe qui avait dénoncé la mainmise du MSR sur cette institution d’appui à la démocratie. Sachant aussi que MaluMalu avait placé Flavien Misoni, un autre MSR, comme patron des Opérations électorales, ça faisait trop. En
fait, c’est lui (Flavien Misoni) la clé de voûte de tout le dispositif électoral.Ce différend entre MaluMaluet le pouvoir est une conséquence d’une démarche de fond amorcée par l’abbé qui veut s’émanciper de toutes les pesanteurs politiques d’où qu’elles viennent. L’homme en a assez de recevoir des injonctions intempestives. Il a décliné le rôle qu’on lui demandait de jouer, celui d’être la roue de secours d’un pouvoir en manque d’arguments pour motiver ses révisions, constitutionnelles et électorales. L’abbé a estimé que le prix a payé était sans doute trop élevé comme l’ont d’ailleurs démontré les émeutes sanglantes de janvier. Selon ses proches, l’abbé MaluMalu est même prêt à démissionner. L’homme s’est construit une carapace qui le rend imperméable aux pressions politiques de ses parrains. Il dit à ses proches qu’il a déjà payé un trop lourd tribut en acceptant, contre la volonté de l’Eglise catholique, le poste de président de la Ceni. Pas question pour lui de s’enfoncer davantage. Mais son absence prolongée à l’extérieur, n’a pas empêché la présentation du calendrier électoral assorti d’un budget d’à peu près 1.2 milliard USD. Budget surévalué dénoncent déjà les forces sociales et politiques qui le passent au peigne fin afin d’en élaguer ce qui est superfétatoire. D’ici à
l’élaboration d’un calendrier consensuel, MaluMalu sera-t-il déjà de retour ? Compte-t-il toujours présider aux destinées de la Ceni lui qui ne fait plus désormais l’unanimité aussi bien dans son camp (MP), l’Opposition et la société civile ?

Matthieu Kepa

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