Adversaires politiques, journalistes et avocats visés par des règlements des comptes

Jeudi 9 juillet 2015 - 10:43

La dénonciation a été faite par la Voix des Sans Voix pour les Droits de l’Homme (VSV) qui exprime sa vive indignation face aux règlements des comptes souvent infligés aux adversaires politiques, aux avocats, journalistes … sous le fallacieux motif, d’« outrage au Chef de l’Etat “, en instrumentalisant la Justice et les services de sécurité à des fins inavouées.

En guise d’illustration, il y a lieu de relever le cas d’arrestation suivie de l’inculpation de M. Daniel Safu Butshiemuni, Editeur-Responsable du journal “ Les Points saillants plus “.

En effet, le journaliste Daniel Safu a été arrêté le 01juin 2015 à 21h00 à Matadi, chef-lieu de la Province du Congo-Central, par deux inspecteurs judiciaires munis d’un mandat du Parquet de Matadi, signé par le magistrat IIe.

Lès in3pecteurs accompagnés de deux- militaires armés ont forcé la porte de la chambre du Flat-Hôtel Hirode, avant de brutaliser et menotter la victime.

L’Editeur-Responsable a été placé en détention à la prison de Matadi et ensuite condamné le 04 juin 2015 à 2 ans de prison pour « Outrage au Chef de l’Etat ». Il convient de signaler que M. Daniel Safu avait déclaré que le Chef de l’Etat a souvent posé des pierres sans réalisation, et ce, au cours d’un Point de presse qu’il avait tenu à Matadi en fin mai 2015.

Et d’ajouter : cette fois-ci, la pose de la pierre deviendra une réalité, car la réfection de la route Matadi-Boma serait effective avec l’esprit managérial qui anime l’actuel gouverneur, tout en relevant à titre exemplatif entre autres l’augmentation sensible des recettes du péage dont le montant mensuel s’élèverait à quatre millions des dollars américains (4.000.000$US), contrairement à ses prédécesseurs qui réalisaient un million huit cents mille dollars américains (1.800.000$US).

En outre, M. Daniel Safu est également poursuivi pour “imputations dommageables’ du fait d’avoir dénoncé les méfaits commis par le député Muller Lutelo, membre du Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie (FPRD), élu de Matadi qui avait gagné l’appel d’offre lancé par le gouvernement provincial pour la réhabilitation du Stade Damar de Matadi dont les travaux n’ont jamais commencé depuis lors.

L’Editeur-Responsable a également reproché au député Muller Lutelo d’avoir déstabilisé l’équipe de football dénommée “ Elima de Matadi “, en vendant les joueurs à d’autres équipes. Le journaliste a aussi reproché au député d’avoir promis sans réaliser une motion de défiance contre le 1er ministre Matata, en vue de fustiger la décision aux conséquences néfastes prise par ce dernier, décision relative à l’interdiction d’importation des véhicules vieux de dix ans, tout en affirmant qu’il démissionnerait du PPRD, en cas de non prise en compte de sa motion.

Le journaliste Daniel Safu avait en outre dénoncé la gestion calamiteuse de la province par l’ancien gouverneur Deo Nkusu, actuellement député provincial de la majorité au pouvoir. ‘La dénonciation aurait été axée sur le rapport de la Cour de compte qui aurait fait état du détournement par M. Deo Nkusu d’un montant de soixante huit millions des dollars américains (68.000.000 $US) des recettes publiques.

Adversaire politique
Le député Puela de l’opposition a été également écorché à la même occasion par le journaliste du fait d’avoir changé de nom depuis 2004, en prenant celui d’un notable très apprécié par la population en vue de se faire élire.

Les trois personnalités précitées auraient fait bloc pour se constituer partie civile (partie plaignante) et le verdict prononcé par le Tribunal de paix de Matadi le 04 juin 2015 a énormément suscité d’étonnement au sein de l’opinion d’autant plus que le député Muller Lutelo, une des parties civiles aurait approvisionné en matériels la Cour pour siéger.

Dans un tel contexte, d’aucuns affirment que le procès n’a pas été équitable car la victime n’a pas bénéficié entre autres, de l’assistance judiciaire nécessaire pour défendre publiquement sa cause.

Actuellement, l’état de santé du journaliste, qui se trouve interné à l’Hôpital de Référence de Matadi, ne cesse de se dégrader.

Un avocat dans le collimateur

Sur un autre registre, la Voix des Sans Voix pour les Droits de l’Homme (VSV) exprime ses vives inquiétudes consécutivement à l’enlèvement samedi 20 juin 2015 à Kisangani, Province Orientale, de Me Godefroid Muanabuato, avocat au Barreau de Kisangani, par des personnes se réclamant de l’Agence Nationale de Renseignements (ANR). Conduite au Parquet de Kisangani, la victime a été immédiatement placée en détention.

Lundi 22 juin 2015, pendant qu’une procédure judiciaire devait être entamée, les avocats de la défense, les défenseurs des droits de l’homme et les membres de famille de la victirie.ont été surpris de constater l’embarquement forcé de Me Godefroid à bord d’une Jeep conduite par des agents de l’ANR/Kisangani. Ceux-ci l’ont conduit vers l’aéroport de Kisangani pour son transfèrement à bord d’un avion à Kinshasa. Il serait détenu au secret dans un cachot au siège de l’ANR, sis immeuble ex-Union Congolaise des Banques (UCB), à Kinshasa/Gombe.

Selon des informations parvenues à la VSV, l’ANR reprocherait à l’avocat les griefs ci-après : « Outrage au Chef de l’Etat, Joseph Kabila et exercice des activités subversives contre la république », et ce, à cause de ses messages de soutien envoyés sur facebook aux membres du mouvement pro-démocratique « Filimbi », détenus à Kinshasa.

Menaces de mort contre l’ancien chauffeur du prévenu colonel Mukalay

Des menaces pèsent aussi sur ta vie et l’intégrité physique de M. Kalala Tshitonda Kalao, ancien chauffeur du prévenu colonel Daniel Mukalay Wa Matezo jugé en appel dans l’affaire assassinat de deux défenseurs des droits de l’homme Floribert Chebeya et Fidèle Bazana. Les mêmes menaces qui pèsent également sur les membres de sa famille et ses proches proviendraient des commanditaires et exécutants de l’ignoble assassinat en 2010, de deux défenseurs précités.

Il appert clairement que le journaliste Daniel Safu a été arrêté pour avoir exercé la liberté de l’expression et d’opinion et ce, en violation de la loi sur la liberté de la presse en RD Congo.

L’ancien chauffeur qui a été cité par un des avocats des parties civiles lors de l’audience du jeudi 25 juin 2015 est invité à comparaitre jeudi 09 juillet 2015 à 10h devant la Haute Cour Militaire pour faire sa déposition sous serment, à titre de témoin dans la cause Auditeur Général, Ministère Public et Parties Civiles contre le Commissaire Supérieur Principal Mukalay Wa Mateso Daniel et consorts.

Dans la soirée du 25 juin 2015 M. Kalala Kalao a reçu plusieurs appels téléphoniques venant des personnes avec qui il avait jadis travaillé le suppliant de ne rien dire de ce qu’il savait sur l’affaire assassinat de deux défenseurs des droits humains et une faveur financière lui aurait été promise à cette même occasion, sinon il subirait des représailles car ii s’agit d’un dossier du gouvernement.

Les menaces contre M. Kalala Kalao se sont poursuivies jusque dimanche 28 juin 2015 lorsque la victime aurait reçu tôt le matin, l’épouse du colonel Daniel Mukalay [‘obligeant d’aller signer une déclaration au quartier Livulu. Depuis lors, la victime vit en clandestinité.
L’épouse de M. Kalala Kalao a été menacée d’enlèvement au cas où elle n’indiquerait pas le lieu où son mari se serait mis à l’abri.

Il appert clairement que le journaliste Daniel Safu a été arrêté pour avoir exercé la liberté de l’expression et d’opinion et ce, en violation de la loi sur la liberté de la presse en RD Congo.

Eu égard à ce qui précède, la VSV demande aux autorités rd congolaises de prendre toutes les mesures nécessaires pour garantir la vie et la sécurité de M. Kalala Kalao et de ses membres de famille, avant, pendant et après sa déposition par devant la Haute cour Militaire, de faire cesser immédiatement et sans délai toutes les menaces proférées contre M. Kalala Kalao et les membres de sa famille, de diligenter toutes affaires cessantes, une enquête pour identifier les auteurs de ces menaces, les interpeller et les poursuivre devant les juridictions compétentes.

La VSV demande également aux autorités de la RDCongo de faire preuve de tolérance vis-à-vis des critiques relatives à la gestion de chose publique et des points de vue divergents indispensables en démocratie. De même la VSV exige des autorités rdcongolaises le respect des instruments nationaux, régionaux et internationaux en matière de liberté d’expression et d’opinion.

En définitive, la VSV exhorte le Chef de l’Etat, en sa qualité de Magistrat suprême d’ordonner :

- La libération pure et simple de l’Editeur-Responsable, Daniel Safu ainsi que d’autres victimes de règlements des comptes de la part des services de sécurité et de la justice ;
- L’ouverture d’une enquête indépendante pour faire la lumière sur l’enlèvement de Me Godefroid Muanabuato;
- La sécurisation de la vie et l’intégrité physique de l’avocat Godefroid Muanabuato et sa présentation devant une juridiction compétente en vue d’un procès juste et équitable, en cas des griefs sérieux à charge, sinon sa libération sans conditions ;
- L’indemnisation des victimes pour les préjudices subis.

Par LRP

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