Affaire 140 millions Usd de créances douteuses . FPI : la tête de Constantin Mbengele visée !

Mercredi 30 décembre 2015 - 06:31

La Commission Parlementaire chargée d’enquêter sur le FPI a, enfin, livré ses secrets. Plein de renseignements, parce que couvrant une période de 25 ans de gestion de cet important outil de promotion de l’industrie locale, le rapport final de ces investigations formule une série de recommandations. Bonne nouvelle cependant pour l’équipe Mbengele. Tout simplement parce que, nulle part, les conclusions n’épinglent directement un problème managérial imputable à l’actuel comité de gestion. Néanmoins, le rapport prédit des sérieuses difficultés auxquelles devait faire face le FPI.

Tout est parti de l’interpellation initiée, le 27 décembre 2014, par l’Honorable Député National Fidèle Likinda Bolom’elenge à l’encontre de l’ADG Mbengele du FPI et examinée à la plénière de la Chambre basse en sa séance du 22 janvier 2015.

Dans les tabloïds paraissant à Kinshasa, des commentaires vont dans tous les sens. Des superficiels, sans fondement, jette la responsabilité sur l’actuel comité de gestion du FPI. C’est ni plus ni moins, de la précipitation. Etant donné que l’enquête a fouillé dans les placards d’une situation antérieure à Constantin Mbengele, actuel Administrateur Directeur Général du FPI.

En réalité, le rapport a dressé un état des lieux de 25 ans de gestion du FPI, comptabilisant toutes les créances accumulées entre-temps, soit une fortune de près de 140 millions de dollars américains. Tout à fait logique que la Commission parlementaire formule des inquiétudes qui se justifient à tout point de vue.

La Commission a notamment, fait mention d’un problème qui ronge le FPI depuis sa création il y a 25 ans. Aussi, dans ses recommandations, la Commission parlementaire a-t-elle convenu de « dépolitiser et rationnaliser les conditions d’octroi des crédits et des subventions», tout en exprimant le vœu de «requalifier les conditions d’octroi des subventions».

En amont, la Commission parlementaire a levé l’option de : « procéder au recouvrement forcé des impayés du portefeuille en force ; poursuivre en justice les promoteurs insolvables et les bénéficiaires des subventions non-justifiées ». Prenant en compte les difficultés structurelles du FPI, la Commission a recommandé l’application des dispositions légales et réglementaires relatives à la transformation. Dès lors, il a proposé à l’exécutif dont dépend le FPI de «diligenter un audit externe au FPI afin d’établir les responsabilités collectives et individuelles et prendre des sanctions qui s’imposent».

Que retenir dès lors de ce rapport parlementaire ? A première vue, il faut dire que la Commission parlementaire n’a pas explicitement remis en cause la gestion de l’actuel comité de gestion du FPI.

Se référant aux termes de l’interpellation de l’honorable Fidèle Likinda, la Commission parlementaire a fait état des problèmes structurels auxquels est confronté, à l’instar d’autres entreprises du portefeuille, le Fonds de promotion de l’industrie. A moins d’une chasse aux sorcières, le rapport ne condamne pas prématurément l’ADG Mbengele. Bien au contraire, le rapport rend compte de gros efforts qui, malgré une trésorerie restreinte, ont été fournis par l’équipe dirigeante du FPI pour résister par ces temps difficiles. Le rapport n’envoie pas Mbengele à la guillotine. Loin de là !

En réalité, le rapport doit servir d’interpellation à l’Etat congolais, seul propriétaire du Fonds de promotion de l’industrie. La voie idéale est celle d’aider le FPI à recouvrer les 140 millions Usd de dettes que détiennent certains opérateurs économiques.

Il faut souligner, par ailleurs, que le rapport de la Commission parlementaire ne doit pas servir d’occasion de déclencher la chasse aux sorcières pour faire couler l’actuel comité de gestion du FPI. Les difficultés de trésorerie du FPI ne sont pas aussi catastrophiques. Elles sont la résultante de 25 ans de gestion de cette entreprise du portefeuille. Elles ne peuvent nullement être imputées à une seule personne. Ça serait une grave erreur d’analyse. De toutes les façons, pendant ces sept dernières années, la paix sociale a toujours régnée au FPI. C’est rare qu’on enregistre une grève ou un arrêt de travail au FPI. Une preuve de plus de la bonne tenue de comptes, dans un contexte de trésorerie tout aussi serrée.

Pour l’instant, le plus important est de rétablir le FPI dans ses droits en l’aidant à recouvrer ses créances.

Lundi dernier, la Troïka stratégique s’est penchée sur la situation dans les entreprises du portefeuille.

«Face à la nécessité de conjuguer les efforts en vue d’une part assurer la diversification de l’économie nationale, et d’en garantir la soutenabilité,  d’autre part, la Troïka stratégique a passé en revue la gestion des entreprises publiques en général, et celle du Fonds de promotion de l’industrie en particulier », indique le communiqué de presse diffusé à l’issue de cette réunion. Epinglant globalement « le problème de gouvernance et d’éthique qui ferait encore défaut dans le chef de la plupart des mandataires », la Troïka stratégique a convenu d’approfondir la question au niveau technique en vue de « lever des options stratégiques visant à améliorer la gouvernance desdits entreprises et services publics ».

Dans les tout prochains jours, le gouvernement sera obligé de faire le choix – le bon. Pour le cas spécifique du FPI, il ne faut pas que l’exécutif se retrouve dans la situation de jeter l’eau et son bébé. Le FPI a fait ses preuves sur le terrain. Certes, il y a eu de ratés dans sa politique d’octroi des crédits de ces 25 dernières années, mais tout n’a pas été noir. Il y a des points positifs à rentabiliser. Cependant, il faut craindre, comme c’est souvent le cas, que la politique ne prenne le dessus sur un dossier éminemment technique.

LPM

 

 

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