AFFAIRE CHEBEYA ET BAZANA AU SENEGAL Paul Mwilambwe : vers une commission rogatoire pour John Numbi ?

Vendredi 12 septembre 2014 - 06:29

Alors qu’en RDC, la Cour suprême de justice vient de se déclarer incompétente sur la cause introduite par les parties civiles Chebeya et Bazana sur les irrégularités dans la procédure devant la Haute cour militaire, à Dakar au Sénégal, l’instruction de la même affaire a commencé. Hier, ce sont les mêmes parties civiles Chebeya et Bazana qui ont été entendues par le juge d’instruction (magistrat instructeur) du Parquet de Dakar.

Ce dernier est saisi de l’ignoble assassinat, voici 4 ans, de deux défenseurs des droits de l’homme, Floribert Chebeya Bazehire, directeur exécutif de la VSV et Fidele Bazana Edadi, chauffeur-courrier jusqu’au moment des faits. L’instruction de la cause se déroule encore au niveau du Parquet qui n’a pas encore clos les auditions pour fixer l’affaire devant la juridiction d’instance.
La pièce maîtresse de la procédure ouverte à Dakar sur plainte de la FIDH et des familles des deux infortunés n’est autre que le major de la Police nationale congolaise (PNC) Paul Mwilambwe, ancien chef de la sécurité de John Numbi Tambo, alors Inspecteur général de la PNC. Mwilambwe, en fuite est condamné à mort par la justice militaire congolaise pour avoir pris part à ce double assassinat.
C’est de son exil en Belgique qu’il fait des révélations fracassantes mettant en cause la pleine responsabilité de son patron John Numbi dans ce double assassinat. D’où l’ouverture de la cause au Tribunal de Dakar sur base de la loi sur la compétence universelle. Cependant il sied de relever que le Parquet n’a pas encore inculpé Paul Mwilambwe, c’est-à-dire que les poursuites ne sont pas encore enclenchées contre sa personne.

PAS ENCORE INCULPE
C’est ce lundi que le juge d’instruction va l’entendre sur procès verbal pour la toute première fois. C’est donc à l’issue de cet interrogatoire que la décision d’inculpation sera prononcée ou pas.
Les parties civiles notamment la FIDH et les deux familles Cebeya et Bazana tout comme le Parquet espèrent bien que Paul Mwilambwe ne va pas se dédire, c’est-à-dire remettre en question les aveux faits publiquement accusant son ancien patron John Numbi Tambo d’avoir commandité le double assassinat.
Si Mwilambwe tourne casaque et change de langage les chances des poursuites contre John Numbi Tambo seraient compromises. De ce fait, tous les regards sont juchés Mwilambwe pour reproduire ses aveux. Ce qui permettrait au Parquet d’initier une procédure contre John Numbi Tambo Banza.
Il y a deux possibilités. La première, c’est que le Parquet convoque John Numbi Tambo pour l’entendre sur les faits qui seraient retenus contre lui. Mais, ce n’est pas du tout évident que l’intéressé fera le déplacement pour Dakar. La seconde proposition, celle de désigner une commission rogatoire du Parquet qui viendrait à Kinshasa entendre le concerné. C’est cette possibilité qui est la plus plausible.

TENTATIVE D’ENLEVEMENT
Mais il ne faudrait pas que Paul Mwilambwe se dédise. Il y a quelque temps, son épouse qui vit à Lubumbashi a déclaré avoir été victime d’une tentative d’assassinat de la part de deux capitaines, ex-collègues de son mari à l’Inspection générale de la PNC le jour du double assassinat et condamnés aussi à mort par contumace car comme Mwilambwe ils sont en fuite.
Aux yeux de nombreux observateurs, cette tentative de Kidnapping de l’épouse de Mwilambwe, a été comme une manière de contraindre son mari à changer de version... dans la procédure de Dakar. Des informations en provenance de la capitale sénégalaise confirment le fait que l’épouse de Mwilambwe avait été exfiltrée de la Rdc et se trouve en ce moment à Dakar.
Cette mise en sécurité est un signe que Paul Mwilambwe va rester cohérent avec ses aveux livrés librement sur Rfi et lors d’un entretien filmé avec le réalisateur belge Thierry Michel.
Voilà 4 ans que le procès de l’assassinat de ces défenseurs des droits de l’homme de la VSV n’a jamais connu son terme devant les juridictions militaires. Au 1er degré, seul le colonel Daniel Mukalayi, ancien commandant second des Services secrets de la PNC sous John Numbi a été reconnu coupable de ce double assassinat et condamné à mort avec les quatre autres officiers fugitifs.
Lui, il n’a cessé de prétendre devant les juges qu’il n’était qu’un simple exécutant qui a appliqué les ordres venus de son chef John Numbi Tambo Banza. Il est resté constant sur ces affirmations même en apel où le dossier est bloqué à ce jour. KANDOLO M.

 

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