Affaire Chebeya : début des plaidoiries lundi prochain

Vendredi 24 juillet 2015 - 11:07

La Haute Cour militaire congolaise a annoncé jeudi que les plaidoiries commenceront le 27 juillet pour le procès en appel des cinq policiers poursuivis pour l’assassinat en juin 2010 du militant des droits de l’Homme Floribert Chebeya.

"Nous commençons dès le lundi 27 juillet les plaidoiries des parties", a déclaré le colonel Martin Ekofo, président de la Haute Cour militaire.
La Cour prévoit deux jours de plaidoiries: d’abord les parties civiles et le ministère public puis, le 30 juillet, la défense et les avocats de l’État congolais, civilement responsable en cas de dommages et intérêts.

Les parties civiles ont vigoureusement protesté contre cette décision de la Cour, estimant que "l’affaire n’est pas encore en état" d’être plaidée. "Ce procès ne doit pas être un procès d’amendement" à celui de première instance, qui s’était achevé en 2011, a lancé Me Jean-Marie Kabengela aux juges.

C’est "un procès à part entière, mettez-nous en position de vous faire confiance jusqu’à la fin", a-t-il ajouté, avant d’exiger la comparution du général John Numbi, chef de la police au moment des faits, et considéré par les parties civiles comme le "suspect numéro un" dans le meurtre de Chebeya.

Figure emblématique du combat pour les droits de l’Homme en RDC et fondateur de l’ONG la Voix des sans-voix (VSV), Chebeya a été retrouvé mort le 2 juin 2010, après avoir été convoqué au siège de l’inspection générale de la police pour y rencontrer le général Numbi. Quant au chauffeur de M. Chebeya, Fidèle Bazana, il a disparu après l’avoir déposé à ce rendez-vous, et la justice a conclu qu’il avait lui aussi été assassiné. Son corps n’a jamais été retrouvé.

Le général Numbi, qui a été suspendu de ses fonctions après le meurtre de Chebeya, a toujours nié avoir convoqué ou rencontré le militant.
En première instance, au terme d’une enquête dénoncée comme bâclée par les parties civiles, des organisations de défense des droits de l’Homme et plusieurs chancelleries occidentales, quatre policiers ont été condamnés à mort (dont trois par contumace), un autre a été condamné à perpétuité et trois agents ont été acquittés.

Le procès en appel s’est ouvert en juin 2012. En avril, la Cour avait décidé de suspendre les poursuites contre trois policiers condamnés à mort et aujourd’hui en fuite.

L’un d’eux, aujourd’hui en liberté conditionnelle au Sénégal, a mis en cause le général Numbi dans la mort de Chebeya.

Les familles des victimes attendent du procès en appel qu’il fasse toute la lumière sur le double meurtre sur lequel subsiste encore de nombreuses zones d’ombre.