Une semaine après le verdict de la Haute Cour Militaire (HCM) sur l’affaire Floribert Chebeya et Fidèle Bazana, les réactions fusent de partout dans les milieux des organisations de défense des droits de l’homme.
Après ASF/Belgique et la Voix des Sans Voix pour les droits de l’homme (VSV), c’est au tour des » Toges Noires « , une autre Organisation de Défense et de promotion des Droits de l’Homme ainsi que de Développement démocratique, d’exprimer ses inquiétudes sur ce verdict de la HCM qui, selon les observateurs, banalise la mort de Chebeya et Bazana.
Banalisation de la mort
Après son analyse minutieuse de l’arrêt de la Haute Cour Militaire, les » Toges Noires » déplorent la manière dontdes dossiers dont les victimes sont les défenseurs des Droits de l’Homme sont pris en charge judiciairement en RDC.
Cette organisation indique que Floribert Chebeya et son compagnon d’infortune Fidèle Bazana, membres de la VSV, avaient été assassinés dans les installations de la Police Nationale Congolaise, sur ordre de la haute hiérarchie.
Les » Toges Noires » déclarent inique et gage d’impunité la décision que la Haute Cour Militaire vient de rendre dans l’Affaire Floribert Chebeya et Fidèle Bazana. Elles encouragent les familles des infortunés ainsi que les Organisations des Droits de l’Homme à s’investir davantage dans la procédure judiciaire ouverte au Sénégal.
Après avoir tenté de taire et de maquiller leur assassinat, la Justice congolaise a, sous la pression de la communauté internationale et des organisations des droits de l’homme, ouvert un procès qui vient d’accoucher d’une décision jugée inique et assurant l’impunité aux commanditaires de leur meurtre, note Me Marie-André Mwila Kayembe, secrétaire exécutif des Toges Noires.
L’avocat déplore le fait que ces collègues avocats des familles de Floribert Chebeya et de Fidèle Bazana ainsi que de leurs organisations tout comme les témoins et les enquêteurs des organisations des droits de l’homme suivant ce dossier font l’objet de menaces et d’agression sur leurs personnes.
Le cas le plus illustratif est celui ducabinet d’avocat de Me Kabengele Ilunga, qui a été pillé et cambriolé. Et, les dossiers importants qui s’y trouvaient, dont le dossier Floribert CHebeya, ont été emportés.
Le dossier Chebeya fait et continue à faire des victimes. Ainsi Me Richard Bondo Tshibombo et Me Marie-André Muila Kayembe, tous deux défenseurs des droits de l’homme et avocats des familles de Floribert Chebeya et de Fidèle Bazana, ont vu leurs candidatures à la Commission Nationale des Droits de l’Homme (CNDH) rejetées par le président de l’Assemblée Nationale, rappelle les Toges Noires.
Témoin gênant, Kalala Kalao en difficulté
Toges Noires fait part des menaces et intimidations dont se trouve victime le témoin Kalala Tshilonda Kalao, ancien chauffeur du colonel Daniel Mukalay wa Mateso. Kalala Kalaoa échappé à plusieurs tentatives d’enlèvements et vit aujourd’hui dans la clandestinité.
Les enquêteurs des » Toges Noires « , Augustin Nyengele Buisha et Guylain Mukelenge, déployés pour explorer la concession du général John Numbi, citée dans le procès, connaissent le même calvaire, indique l’Ongdh dans un communiqué.
Les Toges Noires sont également préoccupées par le calvaire qu’endure Me Nicole Bondo Mwaka, accusée d’avoir filmé l’assassinat d’un militant politique, Armand Tungulu.
Elle a été arrêtée et détenue pendant plus de deux mois dans les amigos de l’Agence National des Renseignements, puis expulsée du pays.
Rentrée à Kinshasa au mois de septembre en cours en qualité decoopérant technique au sein d’une ONG internationale, l’appartement qu’elle possède au Quartier GB, dans la commune de Ngaliema a été cambriolé. Les voleurs n’ont dérobé qu’un lap top et un téléphone portable.
Plaidoyer pour la libération des défenseurs des droits de l’homme arrêtés
Les Toges Noires invitent les autorités congolaises à harmoniser leur collaboration avec les défenseurs des droits de l’homme et à les reconnaître en leur qualité de partenaires privilégiés du gouvernement. L’Ongdh prie Kinshasa de mettre fin à la chasse aux sorcières entreprise à l’endroit des défenseurs des droits de l’homme et d’ordonner la libération de Christopher Ngoy Mutamba, de Fred Bauma et d’Yves Makwambala.
Les Toges Noires exhortent la justice congolaise à se saisir et à trancher les atteintes ainsi que les violations dont sont victimes les défenseurs des droits de l’homme. Tel est le cas de Bienvenu Matumo Mushagalusa,du Mouvement Filimbi et de Mlle Natacha Mbombo Tuamona, de l’ONG » Toges Noires » qui sont harcelés.
Par Godé Kalonji Muk