Sans ambages, le président de la Fédération des entreprises du Congo (FEC)/Province Orientale, Raymond Mokeni Ekopi Kane, apporte son soutien au ministre de l’Industrie, petites et moyennes entreprises, Rémy Musungayi Bampale, dans la désormais sulfureuse affaire de la Cipor (Cimenterie de la Province Orientale). Au cours d’une conférence de presse qu’il a animée le 20 novembre courant à Kisangani, chef-lieu de la Province Orientale, Raymond Mokeni déplore la prise à partie injustifiée du ministre Musungayi par l’autorité provinciale, en complicité avec certains députés nationaux. Le président de la FEC/Province Orientale est formel, c’est grâce à ce membre de l’Exécutif national que les matériels volés ont été récupérés et ceux éparpillés, regroupés puis acheminés à Kisangani où ils sont entrain d’être pillés pour bloquer l’avènement du projet Cipor.
Lors de cette conférence de presse du 20 novembre, Raymond Mokeni s’est insurgé contre l’instrumentalisation des jeunes par des hommes politiques de la province qui pilotent des projets autres que la Cipor.
A en croire le président de la FEC/Province Orientale, ces politiques ont leur cimenterie dans le Bas-Congo, la cimenterie de Zamba, du nom d’une localité de Kimpese. Selon toute vraisemblance, ils voudraient créer la confusion autour de la Cimenterie de la Province Orientale pour bloquer la mise en œuvre dudit projet qui est l’initiative personnelle du chef de l’Etat, Joseph Kabila Kabange. L’exécutif provincial chercherait à s’accaparer de toutes les entités économiques pour son seul compte : sucrerie de Tokila, Sorgerie, gouvernorat… sans que l’on sache pour qui il roule vraiment. Le but finalement est-ce de prendre cette cimenterie et bloquer la popularité du chef de l’Etat dans cette partie du pays qui lui est toujours fidèle, s’intérroge-t-on.
A son corps défendant donc, le président de la FEC/Province Orientale a estimé que la réalisation effective du projet Cipor, non seulement allégera les prix du ciment très cher dans la Province Orientale, mais aussi permettra la construction des infrastructures détruites lors de différents conflits armés qui ont endeuillé cette partie du pays.
En plus de la relance de l’économie de la Province Orientale, analyse Mokeni, la Cipor va créer des emplois pour résorber le chômage et améliorer le bien-être de la population.
Raymond Mokeni a déploré également le pillage des matériels de la Cipor que des camions acheminent en Ouganda sous forme de mitrailles, alors qu’il s’agit bel et bien des éléments indispensables à la construction de ladite cimenterie.
" En dépit des avertissements de la SCPT (ex-Onatra), on est entrain de vivre non seulement la passivité, mais aussi l’indifférence de l’Exécutif provincial qui a, dans ses attributions, le maintien de l’ordre et de la sécurité des biens et des personnes ", fait remarquer le patron des patrons de la Province Orientale.
Sans langue de bois, l’homme d’affaires désapprouve la prise à partie injustifiée du ministre de l’Industrie, petites et moyennes entreprises, Rémy Musungayi, par l’autorité provinciale, en complicité avec certains députés nationaux. Pour Raymond Mokeni, " c’est grâce à ce membre du Gouvernement que les matériels volés ont été récupérés et ceux éparpillés regroupés puis acheminés à Kisangani où ils sont entrain d’être pillés pour bloquer l’avènement du projet Cipor. "
On rappelle que la Cipor est une promesse du candidat Joseph Kabila aux populations de la Province Orientale. Le 24 août 2005, un accord de coopération bilatérale était conclu entre la RDC et l’Inde à l’issue duquel une ligne de crédit de l’ordre de 33 millions de dollars a été débloquée par le gouvernement indien.
De cette somme, 13 millions de dollars US ont été décaissés pour financer ce projet de la CIPOR. Le 30 juin 2007, le chef de l’Etat Joseph Kabila pose la première pierre pour le début des travaux. Mais sur terrain, rien de fait. Trois ministres se sont succédé : Simon Mboso, Anicet Kuzunda et aujourd’hui Rémy Musungayi.
Des sources près du dossier renseignent que l’accord avec l’Inde prévoyait de remettre au gouvernement congolais une cimenterie clé en mains. Mais, il y a des préalables, mieux des contraintes qu’il faudra résoudre, notamment le renforcement de la capacité énergétique par la construction du barrage hydroélectrique à Wanirugula et même le renforcement de celui de la Tshopo et la réhabilitation des ponts et chaussées qui conduisent à Maiko, lieu du gisement.
En fait, 5 mégawatts sont requis alors que le besoin total de la ville de Kisangani est de 33 mégawatts. Aujourd’hui le barrage de la Tshopo fournirait seulement 19 mégawatt, soit une fourniture déficitaire de 14 mégawatt.
Avec recul, Rémy Musungayi parait un parfait bouc émissaire dans cette affaire de la Cipor. Didier KEBONGO