Affaire du siège de la MIMINCO : Le scandale qui décrédibilise la justice congolaise

Jeudi 2 octobre 2014 - 13:13

En dépit de tous les jugements, y compris un arrêt pertinent de la Cour Suprême de Justice, des bulldozers à l’ordre de Didi Kinuani ont détruit l’immeuble du Dr Jean Ilunga Mukendi devant le regard faussement impuissant du Parquet !

Ce n’est pas un secret. Toutes les enquêtes menées aux titres fonciers, tout comme de nombreux jugements rendus par les cours et tribunaux avaient abouti à la conclusion que l’Américain d’origine congolaise, Dr Jean Ilunga Mukendi, possédait tous les titres requis sur la parcelle numéro 2047 du plan cadastral de la commune de la Gombe, située en plein centre des affaires, sur le boulevard du 30 juin N° 144A, juste à côté du cabinet du Ministère de la Santé.

Et cela depuis les temps immémoriaux qui avaient vu des dignitaires de la 2ème République, dont une fille Litho, tentait en vain d’arracher ce bien par des manœuvres qui n’ont jamais pu tromper la vigilance de la justice congolaise.

Rappelons pour être complet que cette parcelle était également le siège de la société Mineral Mining Company – MIMINCO -, propriété du même Dr Jean Ilunga Mukendi qui, bien que résidant depuis de longues années à Boston, aux Etats-Unis d’Amérique, où il exerce en tant que chirurgien cardiaque, avait décidé d’investir, à la tête d’un groupe de ressortissants américains, dans son pays d’origine.

La Miminco employait une vingtaine d’agents à Kinshasa et près de 70 à Tshikapa qui sont aujourd’hui sur le pavé ainsi que leurs nombreuses familles.

Le dernier rebondissement en date dans cette affaire est l’intervention, il y a deux semaines, des bulldozers qui ont détruit, d’ordre de l’occupant Kinuani Kikunda Didace, alias Didi Kinuani, les bureaux de la Miminco, tandis que des camions entiers ont entrepris de déverser du sable et des matériaux de construction, donnant ainsi un signal clair des véritables intentions de l’occupant.

Ce développement inattendu a surpris les observateurs qui suivent cette affaire, indignés qu’un tel dérapage puisse être accepté dans un « pays normal « , dont la devise est « justice, paix, travail « , aux yeux et à la barbe des cours et tribunaux qui prétendent rendre la justice au nom du président de la république, et où cette dernière se veut l’arbitre impartial, l’ultime recours des faibles, mais aussi l’instrument de la sécurité juridique et judiciaire tant réclamée par les investisseurs afin que le climat des affaires n’y ressemble pas toujours à la loi de la jungle et au règne de la mafia.

Le scandale

Le scandale, c’est justement le fait que Jean Ilunga Mukendi dispose des titres inattaquables obtenus in illo tempore non suspecto, en 1994, soit depuis bientôt plus de 20 ans.

Mais en dépit de ce fait indiscutable, des agents du Parquet ont trouvé le moyen d’installer une autre personne se prévalant d’un titre obtenu auprès d’un ressortissant indien qui a – depuis – totalement disparu de la circulation.

En fait, un curieux concours des circonstances que le Parquet s’obstine à ne pas vouloir corriger, comme pour confirmer les paroles de ce chansonnier bien de chez nous, selon lequel, en RDC plus qu’ailleurs, la chance peut se rencontrer au coin de la rue, ou sortir, comme un authentique miracle, du rêve le plus insensé.

Ce qui rend cette affaire aussi folle, et qui présage un avenir tout aussi tumultueux, pour peu que la République démocratique du Congo puisse compter un jour sur des magistrats consciencieux et des autorités qui restent à l’écoute des plus humbles d’entre nous, c’est le fait que plusieurs juridictions ont effectivement dit le droit et le bon droit. Y compris la célèbre Cour d’ordre militaire qui n’avait trouvé rien à redire au dossier, et surtout, la Cour Suprême de Justice, dont le dernier arrêt en date sur cette affaire a exigé, en décembre 2013, la réinstallation illico presto de Jean Ilunga Mukendi.

Mais c’était pour assister d’abord à de longues tergiversations de la part du greffe, avant de voir une décision se réfugiant ensuite derrière la nécessité de réquisitionner les forces de l’ordre, puis exiger comme par hasard un jugement de déguerpissement, oubliant que le Parquet avait en son temps, dans sa toute puissance, diligenté l’évacuation des agents de la Miminco sans le moindre jugement de déguerpissement.

On a envie de savoir le pourquoi de cette justice à multiple vitesse. D’autant qu’au moment où le Parquet inflige à Jean Ilunga Mukendi le détour d’un jugement de déguerpissement, il oublie, ou fait semblant d’oublier, que l’occupant a détruit la maison et qu’il continue de rassembler les matériaux de construction sans que personne ne lève le plus petit doigt pour suspendre les travaux.

Enfin, dernier scandale en date, pendant que les protagonistes espéraient a minima, depuis le mois de juillet, un jugement de suspension des travaux, voilà que ce 23 septembre 2014, c’est plutôt un jugement demandant la réouverture des débats qui est opposé à Jean Ilunga Mukendi. Comme si la Cour Suprême de justice n’avait jamais rien dit ! Comme si personne ne souvenait plus d’avoir demandé un jugement de déguerpissement ! Entretemps, Didi Kinuani , lui, encouragé par tant de laxisme, peut continuer à détruire allégrement les biens de la Miminco et entasser les matériaux de construction…

Mais ce n’est pas fini !

Interrogé sur les multiples rebondissements du dossier et les scandales judiciaires à répétition auxquelles il est soumis, Jean Ilunga Mukendi a déclaré qu’il gardait son sang-froid et qu’il avait foi dans la bonne cause qu’il défend.

« Si ces gens étaient sûrs de ce qu’ils font, ils ne seraient pas obligés de recourir à tant de stratagèmes pour tenter de masquer la vérité « , a-t-il dit. Ajoutant que, quelle que soit la longueur de la nuit, le jour finira par se lever grâce à des magistrats déterminés à faire régner la vraie justice. «

D’ici là, rappelons que l’affaire du siège de la Mineral Mining Company, qui est une société américaine, a déjà fait l’objet de plusieurs questions du Département d’Etat qui s’est inquiété du traitement infligé à des intérêts américains et des signaux négatifs ainsi lancés aux investisseurs étrangers.

Au Département d’Etat, on ne comprend pas qu’un pays jure par l’amélioration du climat des affaires sans faire l’effort d’apporter la preuve que la justice a cessé d’être clientéliste et qu’il n’existe plus en RD Congo cette caste des intouchables qui avaient fait la pluie et le beau temps durant la Deuxième République.

Ces inquiétudes exprimées par le Département d’Etat avaient été relayées auprès de la délégation ayant accompagné le Chef de l’Etat Joseph Kabila lors de son séjour dans la capitale américaine en 2007, avant de pousser le Chargé d’Affaires américain à Kinshasa à effectuer un déplacement sur le site mercredi 14 novembre de la même année.

Ce dernier était reparti de cette visite avec la ferme conviction que des intérêts américains étaient menacés et que la justice congolaise jouait un grand rôle dans cette mafia.

Au demeurant, plusieurs observateurs ayant fait part de leur indignation continuent de se demander si le président de la république au nom duquel la justice est rendue et qui en a fait l’un de ses chevaux de bataille pour améliorer le climat des affaires et instaurer durablement la paix sociale en RDC est informé de ces scandales à répétition qui se déroulent dans les cours et tribunaux et décrédibilise la justice congolaise, surtout vis-à-vis des investisseurs.

Nous y reviendrons avec force détails sur les multiples réquisitions d’information qui illustrent le triste rôle joué par le Parquet dans cette affaire.

Par Amba Nkuamba/CP

 

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