La version officielle sur l’expulsion le vendredi dernier à l’aéroport in¬ternational de N’Djili de l’artiste musicien ivo¬irien, Tiken Jah Fakoly alors qu’il devait prendre part au festival interna¬tional de Jazz à Kinshasa reste ambigüe. Décidé¬ment, la RD-Congo tend vers un pays où tout artiste engagé n’a pas le droit de fouler ses pieds. Au lendemain de son ex¬pulsion, Tiken Jah Fakoly a déclaré sur un média français qu’il regrette qu’au pays de Lumumba que cela se passe ainsi.
Loin de lui de se lancer dans la polémique pour un éven¬tuel troisième mandat de Kabila ou pas mais, l’artiste pense que son soutien aux opposants burundais serait la cause de son expulsion. Il y a quelques jours, cet artiste ivoirien, avait pris cause pour ceux qui luttent pour que le président bu¬rundais, Pierre Nkurunzinza ne puisse pas se représent¬er pour un troisième man¬dat. Qu’avait peur des au¬torités rd-congolaises d’un chanteur venu participer à un festival de Jazz dont le public est connu. Ce n’est pas l’homme de la rue qui allait se rendre au Théâtre de Verdure, endroit haute¬ment sécurisé par des élé¬ments de la Garde Répub¬licaine ou encore au Bar Kwilu, dans la commune de la Gombe pour savourer des beaux morceaux de Tiken Jah Fakoly. Ce que Kinshasa a oublié, c’est du fait que la musique Jazz tire son origi¬ne de l’esclavagisme.
Ce sont des rythmes que composaient des esclaves noirs pour exprimer leur souffrance. Depuis, ça pris de l’ampleur sur l’échiquier mondial. Cette musique est devenue un lieu d’expression des peuples opprimés. Né¬anmoins, que le régime prouve que son peuple est opprimé pour avoir peur des chansons engagées de Tik¬en Jah Fakoly. Pour sa part, l’artiste musicien connu pour ses engagements pour la cause des opprimés et auteur de «La Révolution af¬ricaine» reste persuadé que l’Afrique finira par changer. Le Reggae man meurt tou¬jours d’envie de fouler le sol rd-congolais après son passage à Goma, dans la province du Nord-Kivu où il a pris part à la deuxième édition du Festival «Amani». Des témoins affirment qu’à Goma, Tiken Jah Fakoly avait interpellé ses collègues de la RD-Congo à prendre faits et causes pour que l’Afrique en général et la RD-Congo en particulier reste sur la voie de la démocratie.
A Kinshasa, après le re¬foulement de l’artiste, des organisateurs de la neu¬vième édition de Jazz Kif disent avoir regretté et ont quant même continué la fête sans star engagée. Le débat est donc lancé chez les artistes rd-congolais même s’ils n’osent pas le dire ci haut. Certains d’entre eux se demandent comment ils peuvent prester ailleurs si la RD-Congo commence à renvoyer des artistes res¬sortissants des pays où ils ont l’habitude de livrer des spectacles. Ce qui est vrai, avec le renvoi de l’ivoirien après que des sénégalais de «Y en a marre» en ont eu pour le compte, des nuages sombres s’observent dans les relations diplomatiques entre la RD-Congo, le Séné¬gal et la Côte d’Ivoire.
XAVIER PERES