" AFFAIRE NTAGANDA " : LE PREMIER TÉMOIN INCRIMINE L’EX-CHEF REBELLE À LA CPI

Mercredi 16 septembre 2015 - 06:09

Caché à la vue du public et la voix déformée dans le cadre de mesures de protection, le témoin anonyme contre l’ex-chef rebelle s’est exprimé hier mardi 15 septembre devant les juges de la Cour pénale internationale dans l’affaire opposant Bosco Ntaganda à cette institution internationale. Ce témoin, non autrement identifié, a, au cours de sa déposition, assuré que les rebelles étaient venus "faire la guerre" dans son village.

Appelé "Monsieur le témoin" par les juges, l’homme, qui se dit agriculteur, a raconté comment il faisait du commerce en 2002 dans la communauté voisine de Yedi quand les rebelles sont arrivés dans son village. "J’ai vu les gens fuir et se réfugier vers Yedi", a-t-il assuré, soulignant qu’il avait pu entendre "les balles et le bruit des armes lourdes".
"J’avais peur qu’ils ne me tuent parce que vous voyez, je suis Lendu", a-t-il ajouté, affirmant qu’il s’agissait d’une "guerre tribale".
L’accusation s’est d’ailleurs plainte aux juges que l’équipe de défense de Bosco Ntaganda ait été en contact avec des témoins de l’accusation dans leurs villages en RDC, rapporte l’AFP. Les enquêteurs de la défense ont rencontré quatre témoins "par accident", a assuré l’avocat de Bosco Ntaganda, Stéphane Bourgon. Le témoin a raconté aux juges comment les rebelles de l’Union des patriotes congolais (UPC) étaient venus "faire la guerre" dans son village de Mongbwalu, en Ituri, dans le nord-est de la RDC. Bosco Ntaganda, 41 ans, est accusé de 13 crimes de guerre et cinq crimes contre l’humanité, dont des meurtres, pillages, attaques contre des civils, viols et esclavage sexuel dans cette région.
Bosco Ntaganda avait plaidé non coupable au début du mois lors de la première journée du procès, rejetant le surnom de "Terminator" dont il est souvent affublé en raison de sa réputation. Devenu général dans l’armée congolaise de 2007 à 2012, Bosco Ntaganda était le fugitif le plus recherché dans la région des Grands Lacs jusqu’à ce qu’il se rende, de manière inopinée, à l’ambassade des Etats-Unis à Kigali, au Rwanda, en mars 2013, pour demander son transfert à la CPI.
L’accusé était chef adjoint de l’état-major général des Forces patriotiques pour la libération du Congo (FPLC), milice à prédominance Hema qui visait, selon l’accusation, les populations perçues comme appartenant aux ethnies Lendu, Bira et Nande.
Rachidi MABANDU

 

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