ALORS QUE LE CONCLAVE DE L’OPPOSITION S’OUVRE CE JOUR A BRUXELLES, DES VOIX S’ELEVENT : LA SOLUTION À LA CRISE PASSE PAR LE DIALOGUE

Mercredi 8 juin 2016 - 08:02
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Pour le Grand Kasaï, les problèmes du pays doivent être résolus en interne et non à l’étranger

Une rencontre de l’Opposition politique rd congolaise s’ouvre en principe du mercredi 8 juin à Bruxelles. Déjà, quelques figures bien connues de la scène politique de la RD Congo ont quitté Kinshasa depuis mardi dernier pour la capitale belge. Bien sûr, la rencontre semble ne pas intéresser tous les acteurs politiques du pays, se réclamant de l’Opposition. Parmi eux, Vital Kamerhe, président du parti Union pour la nation congolaise (UNC).
Par ailleurs, la nouvelle province du Grand Kasaï se dit, elle, non concernée par ce conclave convoqué par Etienne Tshisekedi. Pour ces acteurs politiques originaires de l’aire ethnique de l’incontournable et inamovible leader de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), les problèmes liés à la marche du pays doivent être résolus en interne et non à l’étranger. Manière pour le Grand Kasaï de condamner avec véhémence, cette attitude extravertie qui tend à s’institutionnaliser. " 56 ans après l’accession du pays à sa souveraineté politique, les acteurs politiques congolais doivent savoir prendre leurs responsabilités. Le pays compte d’importantes ressources humaines dans tous les secteurs de la vie nationale. Ce ne sont pas les intelligences qui manquent pour trouver sur place au pays, des solutions à ses problèmes ", renchérit le Grand Kasaï, sur un ton de déception.
En ce qui concerne l’UNC Vital Kamerhe Lwa Kanyiginyi Nkingi, l’opinion ignore encore tout sur les motivations de son refus de rejoindre ses pairs à Bruxelles. Toutefois, certains analystes pensent que les points inscrits à l’ordre du jour de cette rencontre, pourraient être à l’origine du désaccord de Vital Kamerhe, ancien président de l’Assemblée nationale (28 décembre 2006-25 mars 2009) et troisième dans l’ordre d’arrivée lors de la présidentielle de novembre 2011.

BRUXELLES : UN NON-EVENEMENT POUR LA MAJORITE PRESIDENTIELLE
" Nous sommes sereins. Le conclave d’une faction de l’Opposition politique à Bruxelles est un non-événement pour notre plate-forme, la Majorité présidentielle (MP)", a déclaré hier sur les ondes de Top Congo, un sociétaire de la coalition au pouvoir en RD Congo.
Par ailleurs, le même acteur politique membre de la MP, n’a pas cherché de mots pour qualifier le groupe de Bruxelles d’hétérogène. A la suite de la très enrichissante théorie du célèbre médecin psychiatre suisse, Carl Gustave Jung, ce membre de la MP est convaincu que les participants à la rencontre de Bruxelles, auront du mal à harmoniser leurs points de vue sur l’essentiel. Dans un pays comme la RD Congo où tout est " Prophétie ", on ne devrait peut-être pas être loin d’y croire. " Wait and see ", diraient les contemporains de William Shakespeare.

UNE " MESSE BASSE " ?
Peut-être. D’ores et déjà, la démarche de l’Opposition veut qu’on s’y interroge quelque peu. Pourquoi Bruxelles ? Peu importent ses aspects collatéraux (billets, logement des participants), le conclave de l’anti pouvoir de ce jeudi dans la capitale des Belges, semble être loin ; et même très loin de faire l’unanimité. Le refus de certains membres d’y prendre part en est une illustration parfaite. Même si cette rencontre avait été organisée dans un pays d’Afrique, plus d’un observateur pense qu’elle est inopportune. Pour les auteurs de cette assertion, l’issue à la crise politique réelle ou potentielle en RD Congo, ne peut -être trouvée dans une approche centrifuge. Bien au contraire.
De quoi pourraient parler les Opposants congolais présents à Bruxelles, qu’ils ne le feraient au cours du Dialogue dont ils ont eux-mêmes été demandeurs ? Au-delà des questions de fond, la réunion de Bruxelles est une preuve que la jeune démocratie en RD Congo a franchit un grand pas. En temps normal, une rencontre de l’Opposition, où qu’elle se tienne, ne sortirait pas sans doute de l’ordinaire. Mais, que cette même Opposition se réunisse à Bruxelles au moment où le facilitateur du Dialogue attende désespérément la liste de ses délégués au Comité préparatoire de ce Forum national, des observateurs avertis pensent qu’il ya de quoi se mordre le doigt. Si, fondamentalement, ce Dialogue est loin d’être une confrontation, les différents protagonistes (la Majorité présidentielle, l’Opposition politique et la Société civile) devraient par conséquent s’interdire tout procès d’intention. Hélas.
A entendre ce qui se raconte jusqu’ici, on a l’impression que le Dialogue a déjà eu lieu et que ses conclusions ont même été vulgarisées. Prodigieux tout de même ! Le bon sens oblige qu’on se déleste des appréhensions. Bien pire. Nombreux sont des acteurs politiques qui pensent à tort que l’Arrêt de la Cour constitutionnelle rendu en mai dernier, vidait le Dialogue de toute sa substance. Comme qui dirait, la question relative à la fin constitutionnelle du mandat actuel du Président Joseph Kabila en novembre prochain, constitue l’essentiel de cette rencontre en interne.

L’EVIDENCE
Dans exactement 22 jours, le premier semestre de l’année 2016 touche à sa fin. Si cette année est réputée électorale, alors il y a lieu d’en faire une évaluation. Qu’est-ce qui est fait de plus concret et qui augure la tenue des élections dans le délai ? Pas grand-chose, semble-t-il. A-t-on déjà un chronogramme réaliste des scrutins ? Parce que le processus en cours prévoit plusieurs élections. A -t-on les moyens et le temps nécessaires de les organiser tous ? Sinon, quelles sont les élections qu’on peut organiser et lesquelles peuvent être postposées ? Les réponses à ces questions sont loin d’être une prérogative d’une famille politique. Elles doivent plutôt résulter d’un Consensus politique. Et donc, du Dialogue.
Tout bien considéré, la classe politique rd congolaise se trouve devant l’évidence. La vérité, presqu’absolue, est telle que, par rapport au temps qui reste, il parait plus qu’hallucinant de penser à la tenue d’une quelconque élection. Voilà qui justifie la pertinence du Dialogue pour vider toutes ces hypothèques. De ce choc des idées jaillira sans doute la lumière. C’est aussi ça la démocratie.Laurel KANKOLE