Pour eux, Joseph Kabila doit démissionner le 20 décembre prochain,
tel que prévu dans la Constitution, pour éviter le chaos*
La gouvernance locale, le renforcement du commerce intra- Afrique Caraïbes et Pacifique (ACP) et la gestion commune des migrations ACP-Union Européenne (UE) ont été parmi les sujets abordés par l’Assemblée parlementaire paritaire (APP) ACP-UE lors de sa 31ème session qui s’est clôturée le mercredi 15 juin dernier, à Windhoek, en Namibie.
C’est ce qui a été révélé dans un communiqué sanctionnant cette rencontre, rendu public le vendredi 24 juin 2016. Et les députés européens se sont dits préoccupés par le climat préélectoral instable en République démocratique du Congo.
Ainsi, une résolution appelant les autorités à adapter un calendrier ainsi qu’un budget pour les élections tant présidentielle que législatives, attendues pour novembre prochain, a été adoptée.
« Le Président Kabila, au pouvoir depuis 2001, est tenu de démissionner le 20 décembre 2016 étant donné que le mandat du Président de la RDC est limité à deux mandats en vertu de la Constitution congolaise », affirment-ils dans deux résolutions.
Lors de la 31e session de l’Assemblée parlementaire paritaire ACP-UE des 13-15 juin, les députés européens et leurs homologues des pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP) ont approuvé à l’unanimité une résolution qui condamne tous les actes de violence politique et appelle à un « déroulement réussi et en temps opportun des élections, qui seront cruciales pour la stabilité et le développement à long terme du pays et de la région entière ».
Dans la Résolution du 15 juin sur la « situation pré-électorale et sécuritaire en République démocratique du Congo » et la Résolution du Parlement sur « la République démocratique du Congo (10.03.2016) », « les députés ont souligné qu’en n’ayant pas encore déclaré qu’il le ferait, le Président Kabila contribue à exacerber les tensions politiques dans le pays », indique un communiqué de l’UE parvenu samedi 25 juin 2016 à La TDT.
Préoccupée par l’insécurité et la violence politique en RDC
Bien qu’amputée d’un membre, la Grande-Bretagne, l’UE se dit inquiète de la dégradation de la sécurité, de la situation des droits de l’homme et de l’accroissement de la violence politique en RDC. D’où l’appel lancé à toutes les parties congolaises pour un dialogue politique national ouvert à tous.
Préoccupation de l’administration Obama
De leur côté, les Etats-Unis demandent également au président Joseph Kabila de démissionner avant la fin de l’année 2016. Ce, pour éviter le chaos en République démocratique du Congo comme cela est le cas au Burundi voisin avec le président Pierre Nkurunzinza qui a violé la Constitution burundaise qu’il avait pourtant juré de respecter, en se représentant pour une troisième fois à la présidentielle.
Cette situation d’instabilité qui a occasionné plusieurs morts du côté de la population civile, est à la base des déplacements massifs des populations qui fuient des combats.
Les Etats-Unis, par l’entremise de son ambassadeur en RDC, James C. Swan, se sont dits aussi préoccupés par l’escalade des violences et restrictions de l’espace démocratique au Congo-Kinshasa.
Il s’est prononcé à l’occasion de la fête de l’indépendance américaine, célébrée pour des raisons pratiques à Kinshasa le jeudi 23 juin 2016.
« Les Etats-Unis ont été un partenaire réceptif dans les efforts collectifs et héroïques du peuple congolais visant à reconstruire ce pays au cours des quinze dernières années.
Mais je dois toutefois vous dire en toute honnêteté que nous sommes préoccupés en tant qu’ami et partenaire par l’incertitude entourant la trajectoire du Congo au cours de l’année à venir et au-delà.
Quand je regarde l’assistance ce soir, je suis inspiré par les leaders talentueux que je vois, issus de tous les milieux de la société représentant le monde académique, le monde culturel, les affaires, la société civile, le gouvernement et la politique et je sais qu’il en existe beaucoup d’autres à travers cette grande nation.
Les autres partenaires et nous-mêmes comptons sur vous pour rassembler vos immenses talents, montrer la voie à suivre, fournir plus de clarté à l’égard de la destination que ce pays est censé atteindre et de nous informer, nous vos partenaires, de ces choses, mais, plus encore, d’en parler à vos concitoyens », a déclaré James C. Swan.
« Pour que le Congo bénéficie des contributions de tous ses citoyens, il est crucial qu’il existe un espace où leurs voix et opinions puissent se faire entendre exempt de toute crainte d’intimidation et de harcèlement qui garantisse le respect absolu de leurs droits constitutionnels », a soutenu le diplomate américain.
« Notre gouvernement a clairement affirmé cette position et croit que même en tant qu’étrangers nous devons nous exprimer en faveur des droits fondamentaux.
A ce sujet, par souci de transparence, je vous annonce que plus tôt dans la journée, notre gouvernement a annoncé que des sanctions individuelles ciblées seront appliquées à l’encontre du commissaire provincial de la Police nationale à Kinshasa, le général Kanyama, en vertu d’un décret présidentiel qui s’applique aux individus responsables de certaines violations des droits de l’homme ou d’abus et d’avoir sapé les institutions et les processus démocratiques.
Bien que ce soit un sujet délicat pour un discours de réception, cette information circulera dans les medias et j’ai jugé important d’évoquer cette question directement ce soir.
En tant qu’amis et partenaires, nous pensons qu’il est particulièrement important d’être honnête et direct quand nous communiquons sur les points de désaccord et les sujets de préoccupation.
Nous espérons vivement que la protection de l’espace politique et des droits de l’homme parallèlement à des progrès rapides vers la tenue des élections crédibles et une passation de pouvoir pacifique feront en sorte que cela soit la dernière fois que nous sommes contraints de prendre des mesures telles que celles annoncées aujourd’hui », a conclu James C. Swan.
RDC : le Conseil de sécurité reconduit les sanctions jusqu’en 2017
Dans sa résolution 2293 (2016) adoptée tout récemment à l’unanimité, le Conseil de sécurité a décidé de reconduire jusqu’au 1er juillet 2017 les sanctions concernant la République démocratique du Congo (RDC) et de proroger jusqu’au 1er août 2017 le mandat du Groupe d’experts du Comité 1533 chargé de surveiller l’application des sanctions imposées.
Cette résolution, soulignant également qu’il est crucial que le « prochain cycle électoral se déroule de façon pacifique et crédible, comme prévu par la Constitution », a été vivement critiquée par le représentant de la République démocratique du Congo.
Ce texte, « qui n’a rien à avoir avec les élections », risque, a-t-il prévenu, de « raviver les tensions qui sont déjà latentes dans mon pays ».
Dans sa résolution 2293 (2016), le Conseil a ainsi reconduit les mesures portant sur les armes et celles concernant les transports.
Il a également reconduit les mesures financières et celles portant sur les déplacements applicables aux personnes et entités que le Comité aura désignées comme se livrant ou apportant un appui à des actes qui compromettent la paix, la stabilité ou la sécurité de la RDC.
Par LM & Godé Kalonji