ALTERNANCE IRREVERSIBLE EN 2016 : Majorité Sauve qui peut général, le navire prend l’eau de toutes parts

Vendredi 10 avril 2015 - 09:57

C-NEWS ne croyait pas si bien dire, dans une de ses récentes éditions, quand il annonçait pour imminente l’implosion de la Majorité présidentielle (MP). Désormais ses membres s’affrontent aux coutelas après les
insultes et les menaces. L’hémorragie est donc loin de s’arrêter à la Majorité présidentielle après le fiasco de la réunion politique de Kingakati du mois passé, terminée en queue de poisson, car au lieu de discuter sérieusement entre eux, en se disant de vérités en face, les membres de cette plateforme politique se sont
amusés à se donner des noms d’oiseaux. Comme pour consacrer l’implosion programmée de la famille politique du chef de l’Etat, l’un de ses poids lourds, le président de l’Assemblée provinciale du Katanga et
président de l’UNAFEC, Gabriel Kyungu Wa Kumwanza, vient d’annoncer que son parti présentera une candi-
dature à la présidentielle de 2016. « Baba Wa Katanga » avait eu du mal à faire entendre sa voix car lui et ses
militants avaient été empêchés par la police de se réunir.

Lui-même avait été bloqué à sa résidence. C’est la nouvelle façon de dialoguer à la MP. Mais têtu, Gabriel Kyungu, non sans peine, a pu se rendre quand même au Congrès de son parti l’UNAFEC, tenu le weekend dernier dans la ville de Lubumbashi, et a pu faire cette déclaration lourde des conséquences sur le plan politique. En clair Kyungu dit qu’il ne soutiendra pas ni l’éventuelle candidature de Kabila ni sa consigne de vote au cas où il s’est décidé enfin de désigner son dauphin pour respecter la Constitution. Gabriel Kyungu lui, a déjà un candidat tout trouvé. Les militants de son parti à l’annonce faite par le parti de concourir à la présidentielle, ont scandé tout de suite le nom du gouverneur du Katanga Moïse Katumbi. Katumbi voit donc là son schéma conforté, celui de se mettre à l’intersection de tous les courants politiques d’où qu’ils viennent. C’est un secret de polichinelle, Kyungu et Katumbi, affiche une complicité politique presque parfaite. D’ailleurs plus prosaïquement dans le bureau de Kyungu, au lieu de la photo du chef de l’Etat qui doit être mise en exergue, c’est le portrait de deux compères politiques qui y trône. Ce détail n’est pas anecdotique. Avec ce plébiscite de l’UNAFEC, Katumbi voit sa stature de présidentiable confortée. Même absent de la scène politique il est présent. C’est finalement Kyungun usant de sa liberté politique et constitutionnelle, qui reprend le flambeau du combat de Katumbi.

D’ailleurs, tous les deux s’opposent au découpage précipité du Katanga en 4 provinces et dénoncent la non rétrocession des 40% des recettes à caractère national que l’Etat doit à leur province. Et Kabila pour l’imposer à fait du patron de ses services de renseignements, Kalev, son envoyé spécial au Katanga pour « vendre » son découpage. Du jamais vu, le rôle d’un barbouze, c’est la collecte de l’info et l’analyse stratégique suivie des actions d’intelligence pour protéger l’Etat et sa population, pas de plonger ses mains dans la bouse politique comme le fait Kalev. Un mélange de genres que seul la Kabilie sait offrir au monde. On comprend aisément pourquoi l’ANR va des bourdes en bourdes en qualifiant les activistes des droits de l’homme africains (Balai citoyen, Filimbi et Y en a marre) de « terroristes ». Une accusation qui fait sourire les rd-congolais et le monde entier. Kyungu lui n’a pas attendu une hypothétique orientation de la MP, de son transparent Secrétaire général (Aubin Minaku) ni de son autorité morale pour se prononcer par rapport aux futures élections générales. Un coup de boutoir que le président de l’Assemblée provinciale vient d’assener à la MP qui est déjà sérieusement affaiblie par notamment par la lettre de 7 chefs des partis frondeurs. Et par la lettre du Palu, écrite plus tôt que celle des frondeurs (MSR, UNAFEC, UNADEF, MSDD, ARC, PDC, ACO). Ces partis ont dit tout haut ce que tout le monde pense tout bas dans la famille politique du chef de l’Etat. A savoir que le lien entre la population et le régime est rompu à cause notamment de la mauvaise gestion de la nouvelle loi électorale, la gestion tout aussi mauvaise de la problématique de la révision constitutionnelle, le flou entretenu par Kabila lui-même sur son avenir politique et bien entendu, l’absence d’une vision partagée politique au sein de la MP.

Kabila à force de s’entêter et de s’enfermer dans un mutisme politique, s’isole chaque jour davantage de ses partenaires politiques et de la population. Kabila paie cher le diktat qu’il veut, pour des raisons inavouables, imposer coûte que coûte à ses partenaires politiques ainsi qu’à la nation toute entière. Kabila fait face à un triple isolement si l’on intègre la communauté internationale dont la pression ne faiblit pas pour le contraindre à respecter la Constitution et à organiser des élections crédibles, transparentes et apaisées. Le coup de fil de Barack Obama à Joseph Kabila est le dernier coup de semonce adressé au régime. L’administration Obama a déjà sur sa table tous les scénarios possibles pour agir selon des sources diplomatiques. Obama veut stabiliser la RD-Congo afin que celle-ci aussi joue le rôle de stabilisateur dans la région des grands lacs. L’administration a tiré les leçons de son prédécesseur qui voulait imposer
la démocratie dans des pays où ce mode de gouvernance n’était pas vraiment désiré par les populations (Irak et Afghanistan). Contrairement à ces pays, l’administration Obama a perçu une véritable aspiration démocratique des rd-congolais à la démocratie, eux qui ont souffert de la guerre comme mode d’accession au pouvoir. Selon toujours des sources diplomatiques, les USA feront tout ce qui en leur pouvoir pour que la démocratie se consolide en RDC. La pression est telle sur les autorités actuelles, que le retrait même symbolique de
2.000 hommes de troupe de la Monusco sur 22.000 est conditionné par les progrès en matière de gouvernance
politique, électorale, sécuritaire et des droits humains. La MP n’existe plus que sur papier, plus aucun consensus ne lie ses membres sur les enjeux politiques de l’heure.

MTN