Au lendemain de l’arrestation de membres du mouvement de la Lutte pour le changement (LUCHA) à Goma, Avocats Sans Frontières-Belgique (ASF/B) se dit préoccupée par la recrudescence, depuis plusieurs mois, des restrictions aux libertés publiques de membres de la société civile congolaise.
Le 15 mars 2016, au moins 18 sympathisants de la Lutte pour le Changement (LUCHA) ont été interpelés au terme d’une manifestation pacifique,organisée en soutien à deux de leurs militants, Fred Bauma et Yves Makwambala, arrêtés il y a exactement un an.
Ces derniers sont en effet toujours détenus à la prison centrale de Makala, alors que leur détention a été déclarée arbitraire à plusieurs titres par le Groupe de travail des Nations-Unies sur la détention arbitraire.
ASF explique que ces nouvelles arrestations se sont produites alors que la manifestation du 15 mars dernier avait dument été annoncée aux autorités, conformément aux exigences légales et que les participants s’étaient contentés de défiler pacifiquement dans les rues de Goma, poings liés et bâillonnés, afin de symboliser les atteintes aux libertés des deux militants détenus.
Elles constituent une nouvelle mesure à l’encontre des membres de la LUCHA, dont les libertés publiques notamment d’association, de manifestation et d’expression sont depuis quelques mois régulièrement mises à mal par les autorités congolaises, quand bien même elles sont garanties par la Constitution.
ASF est préoccupée par la persistance des arrestations et des placements en détention des sympathisants de la LUCHA. » Nous avons assisté à diverses audiences relatives aux vagues d’arrestation précédentes.
Et d’importantes questions quant à la légalité de certaines détention préventives et à l’indépendance des procédures judiciaires qui en ont résulté sont posées « , estime Catherine Lalonde, Coordinatrice stratégique ASF pour les Grands Lacs. » Les motifs précis liés à ces nouvelles arrestations ne sont toujours pas connus et la priorité aujourd’hui est d’assurer le respect immédiat de les droits des sympathisants arrêtés. », ajoute-t-elle.
ASF invite les autorités judiciaires congolaises à tout mettre en œuvre afin que les droits fondamentaux des membres de la LUCHA soient respectés dans les suites qui seront données à ces arrestations, notamment le droit à la liberté de la personne ainsi que le droit à un procès équitable.La LUCHA se décrit comme un mouvement citoyen, non-violent et non-partisan. L’ONG internationale ASF soutient les efforts des avocats qui défendent les membres de la LUCHA ayant été interpellés par les autorités congolaises.
Vivement leur libération
La libération des jeunes de la LUCHA est une victoire des forces démocratiques sur les forces du mal qui veulent prendre en otage le peuple et ses aspirations profondes à la démocratie, explique sur son compte facebook Me Jean-Claude Katende, président national de l’Association africaine de défense des droits de l’homme (ASADHO).
» Nous condamnons la justice pour avoir gardé nos collègues pendant des longs mois pour rien. Pour se donner une conscience tranquille, ils les ont condamnés à une peine courte que le temps qu’ils ont passé en prison. Pour se débarrasser des prisonniers qui devenaient de plus en plus encombrant tant pour la justice que pour le régime.
Leur libération est une joie, mais leur condamnation restera toujours un acte d’injustice inacceptable.
Nous lançons l’appel à tous les jeunes filles et garçons de la République Démocratique de s’organiser en mouvements citoyens, dans tous les villages et toutes les villes, pour revendiquer les meilleures conditions de vie et la démocratie.
Les intimidations, menaces, arrestations et prisons ne doivent pas nous décourager, elles ont toujours été le lot de ceux qui se battent pour les grandes causes et pour les valeurs démocratiques » écrit Me Jean-Claude Katende.
Par Godé Kalonji