Attaque contre l’aéroport de Goma : Les suspects gardés jusque-là sans jugement

Jeudi 18 juin 2015 - 11:05

Amnesty International préoccupé par le sort de ces présumés malfaiteurs privés de visites

Amnesty International, une organisation non gouvernementale de défense et de promotion des droits de l’homme, se dit préoccupé par le sort des suspects accusés d’avoir attaqué, il y a quelques deux semaines, l’aéroport international de Goma, au Nord-Kivu. En effet, après cet événement, les autorités de République Démocratique du Congo ont interpellé une cinquantaine de personnes lors d’une manœuvre de répression.

» Ces personnes doivent de toute urgence être autorisées à consulter un avocat et à recevoir des visites de leur famille, et comparaître devant un tribunal afin de statuer sur la légalité de leur détention, a déclaré Amnesty International le mardi 16 juin, dans un communiqué.

» La Constitution congolaise énonce très clairement les droits des personnes arrêtées et placées en détention « , a précisé Sarah Jackson, directrice adjointe du programme Afrique de l’Est, Corne de l’Afrique et région des Grands Lacs d’Amnesty International.

» La détention sans possibilité de consulter un avocat ni de recevoir de visites de sa famille accroît le risque de torture et de mauvais traitements, ainsi que le risque de disparition forcée.

« , a renchéri Jackson. Pour rappel, quatre personnes, dont deux membres de la Garde républicaine en charge de la sécurité de l’aéroport, ont été tuées lors de l’attaque du 2 juin 2015.

Arrestations en cascade

Le lendemain, 32 personnes ont été interpellées dans le cadre d’une opération de sécurité menée par la police nationale, la Garde républicaine et l’Agence nationale de renseignements (ANR).

Selon Amnesty International, au moins 43 autres personnes ont été arrêtées par la suite, portant le total à 75 détenus. Environ 25 d’entre eux ont été relâchés, selon l’un des détenus libérés.

Les autres sont toujours retenus à la prison de l’ANR, à Goma, et n’ont pas pu recevoir de visites de leur famille ni consulter un avocat, en violation de l’article 18(3) de la Constitution congolaise, regrette l’Ongdh britannique.

S’adressant à Amnesty International, certains membres de la famille des personnes arrêtées ont confirmé qu’ils n’avaient pas encore pu communiquer en direct avec leurs proches.

Parmi eux, certains sont gravement malades et ont besoin de soins médicaux de toute urgence. » Nous avons tenté en vain d’entrer en contact avec mon frère, qui compte parmi les personnes arrêtées, mais à chaque fois on nous a empêchés de le voir, s’est plaint un proche qui a préféré garder l’anonymat par peur des représailles. Maintenant, nous craignons le pire, nous ignorons s’il est encore en vie. «

Amnesty International déplore que les autorités n’aient ni relâché ni transféré les personnes arrêtées devant une autorité judiciaire compétente dans un délai de 48 heures, comme le prévoit l’article 18 (4) de la Constitution de la RDC.

» Les autorités congolaises ne doivent pas utiliser les questions de sécurité nationale comme prétexte pour piétiner les garanties d’une procédure régulière et les obligations qui leur incombent au titre du droit international relatif aux droits humains « , a déclaré Sarah Jackson.

Amnesty International exhorte le gouvernement congolais à garantir que les personnes détenues ne soient pas soumises à la torture ni aux mauvais traitements, et à respecter le droit des détenus à comparaître sans délai devant un tribunal compétent en vue de contester la légalité de leur détention.

Par Godé Kalonji Mukendi

 

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