Politiquement « mort » il y a trois mois après sa condamnation formelle par la CPI (Cour Pénale Internationale) pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité, Jean-Pierre Bemba Gombo, ancien Vice-président de la République Démocratique du Congo sous le régime 1+4 (2003 à 2006), se trouve toujours dans l’attente de la hauteur de sa peine. Mais au regard de la proposition de la Procureure de cette juridiction, qui a requis au moins 25 ans d’emprisonnement contre lui, on le voit mal s’en sortir avec une peine légère, comme sollicitée par ses avocats.
Pendant que l’on spéculait sur la durée exacte, de son séjour dans les geôles du quartier général de la CPI, à La Haye, le second dossier judiciaire dans lequel est impliqué Bemba vient de rebondir. Cette fois, il est poursuivi pour subornation des témoins, avec ses coaccusés Fidèle Babala (député national en exercice), Me Kilolo et
consorts.
Nombre d’observateurs redoutent un avenir sombre pour l’ancien homme fort de Gbadolite à l’époque où le MLC (Mouvement de Libération du Congo) faisait encore la pluie et le beau temps sous la bannière de la rébellion contre le régime en place à Kinshasa (1998-2003). Si l’accusation arrive à établir une connexion entre le procès dans lequel il vient d’être condamné et l’affaire de la corruption des témoins, le pire serait à craindre pour celui qui conserve encore son statut de Sénateur, car non encore invalidé au niveau de la Chambre
haute du Parlement.
Du coup, chacun se surprend à se spéculer de plus belle. L’exercice
est d’autant prisé qu’en début de semaine, la justice sénégalaise a
condamné à perpétuité l’ancien président tchadien Hissène Habré. Ce
verdict certains à se demander si Jean-Pierre Bemba va passer toute sa
vie en prison, ou rester 15 ans, 20 ans, 25 ans ou 30 ans.
Dans tous les cas, l’addition devrait être lourde. La conséquence
logique des ennuis judiciaires du « Chairman » serait sa
disqualification totale de la scène politique congolaise. Son parti,
le Mouvement de Libération du Congo (MLC), est-il prêt à lui survivre
? Beaucoup sont tentés d’en douter, à la lumière des défections en
chaine que l’on enregistre dans les rangs des cadres depuis que
Jean-Pierre Bemba est privé de liberté. L’impression générale est que
ses directives sont de moins en moins suivies et que la tendance
générale des membres du MLC qui siègent au sein des institutions de la
République est de s’émanciper, soit en traversant la rue, soit en
créant leur propre formation politique.
Quant à la « base », elle s’est effritée au fil du temps, faute d’un
noyau solide d’encadreurs pour la fédérer. Le parti serait-il au bord
de l’implosion ? Peut-être pas. Ce qui est plus ou moins sûr, c’est
que le cercle des inconditionnels de Igwe est en train de se rétrécir,
au point que progressivement, le MLC est en train de perdre son statut
de seconde force politique de l’Opposition, après l’UDPS d’Etienne
Tshisekedi. Avec la montée de nouveaux partis et regroupements
politiques, la bataille de positionnement est rude.
Kimp