Annoncé depuis un mois, le vol inaugural de Blue Sky Airlines, la dernière née des compagnies aériennes congolaises, a avorté à la toute dernière minute hier dimanche 22 mars 2015 à l’aéroport international de N’Djili. Pourtant, plusieurs invités et passagers enregistrés pour la circonstance se trouvaient déjà à bord, après avoir payé leur « go pass » ainsi que la taxe urbaine.
Le commandant de bord et propriétaire de Blue Sky Airlines, Stavros Papaioanou, n’attendait plus que la fin des formalités d’embarquement et l’ordre de la tour de contrôle pour prendre la direction de la piste d’envol, à destination de Lubumbashi, pour un aller-retour placé sous le signe de la fête. Puis, brusquement, la situation a tourné au vinaigre. La RVA a exigé, séance tenante, plusieurs documents à l’équipage, notamment le certificat de navigation, le certificat d’origine du fabricant, l’autorisation d’exploitation de l’AAC (Autorité de l’Aviation Civile), etc.
Après vérification des « papiers », il a été signifié à Stavros qu’il ne pouvait pas se lancer dans les airs, au motif qu’il devait beaucoup d’argent à l’Etat congolais, sous le label de la société Hewa Bora. A ce niveau, les deux parties ont engagé un dialogue de sourds qui n’a donné aucun résultat.
Selon l’entourage de Stavros, ce dernier est sorti totalement de l’actionnariat de Hewa Bora depuis la fusion de cette société avec Fly Congo. S’agissant de cette dernière, on apprend qu’elle assume l’actif et le passif de son ancêtre. Par conséquent, si la RVA cherche à exhumer le dossier du crash de Kisangani, les archives renseignent que Fly Congo est très avancée dans le processus de dédommagement des victimes officiellement inscrites dans le manifeste.
Ainsi, sur les 80 victimes déclarées, 65 ont déjà été dédommagées à raison de 85.700 Usd par personne. Cinq dossiers sont encore en souffrance pour des raisons administratives. Dix dossiers sont présumés inéligibles au dédommagement. Aussi du côté de l’administration de Blue Sky Arlines, on estime que s’il existerait un contentieux financier entre Hewa Bora et l’Etat congolais, le créancier devrait s’adresser au liquidateur de cette défunte société, qui se trouve installé à Lubumbashi, et non à Blue Sky Airlines ou à la personne physique dénommée Stavros.
En attendant la clarification de l’affaire « Stavros-RVA », les observateurs s’inquiètent de la prolongation de la situation de monopole dans le transport aérien en République Démocratique du Congo. Le vœu des avocats du désenclavement de ce demi-continent est que le dossier de Blue Sky Airlines soit traité avec responsabilité et équité, de manière à permettre à cette société, s’il est établi qu’elle remplit les conditions d’exploitation du trafic aérien, de désengorger un secteur où les avions sont devenus des produits rares. Dans le cas contraire, plusieurs contrées de la République vont demeurer sans service aérien. Quant à celles desservies par un ou deux exploitants aériens, les voyageurs vont continuer à payer plus cher que leurs compatriotes en partance pour l’étranger, tel est le cas des axes Kinshasa-Lubumbashi, Kinshasa-Goma ou Kinshasa-Kindu par rapport à Kinshasa-Jobourg.
Kimp