Le fait est assez inhabituel pour ne pas être souligné. C’est à partir de Rome, la ville éternelle, que les évêques de la Conférence épiscopale nationale du Congo ont choisi de s’adresser aux fidèles catholiques et aux hommes et femmes de bonne volonté de la République Démocratique du Congo. Dans un style qui leur est particulier, ils ont abordé la question fondamentale qui secoue le pays et qui déchire l‟ensemble de la société congolaise : la révision constitutionnelle. Le ton de la lettre est ferme, et les mots choisis sont frappés du sceau du patriotisme. Ce n‟est pas une surprise d‟autant qu‟il s‟agit de parler de l‟avenir du pays, de la construction de la paix et de la cohésion nationale. La Constitution, on le sait, est au centre de tous les débats depuis que la Majorité présidentielle a eu la malheureuse idée de vouloir l‟adapter à ses désirs. L‟initiative n‟est pas du goût de notre peuple qui ne rate aucune occasion pour le crier haut et fort. Ceux qui comptent sur la lassitude et les coups donnés en-dessous de la ceinture pour parvenir à consommer le fruit interdit devraient comprendre, après le message de la Société Civile aux dirigeants des deux chambres du Parlement quarante-huit heures avant la rentrée parlementaire, que la bataille sera longue et populaire. Et là où le peuple se trouve, là est la victoire. L‟Eglise qui est au milieu du peuple et qui vit avec lui sait mieux que quiconque indiquer le côté où le soleil se lève. Si ses évêques ont choisi d‟envoyer des signaux clairs et précis à partir de Rome, c‟est pour faire taire une fois pour toutes ceux qui pensent que l‟action qu‟ils conduisent n‟a pas reçu l‟onction papale. Dans la ville éternelle, le Saint-Père les a réconfortés dans leur ministère pastoral à être « des hommes d‟espérance pour le peuple et à apporter leur contribution pour l‟avenir heureux de notre nation ». Ainsi bénis, ils ont décidé de confier au Seigneur l‟avenir de la RDC, après avoir puisé dans l‟exemple des Apôtres Pierre et Paul « qui ont témoigné du Christ jusqu‟au martyre » l‟engagement d‟être les témoins de la foi qu‟ils leur ont transmise. C‟est fort de cet engagement qu‟ils annoncent : pas question de charcutage de la Constitution, « socle de notre jeune démocratie ». Et pour réveiller la mémoire de ceux qui seraient frappés d‟amnésie, ils réaffirment leur opposition à toute modification de l‟article 220, article verrouillé qui ne laisse ni porte ni fenêtre ouvertes à une quelconque révision. Les laïcs catholiques qui se sentaient orphelins depuis quelques mois et qui éprouvaient quelque peine à décrypter certaines initiatives à l‟image de cette caution qui paraissait donnée à la mise sur pied d‟une Commission dite d‟intégrité et de médiation électorale, retrouvent leurs pères spirituels qui ont enfin vu le piège de l‟infamie qui leur était tendu à travers une structure dont le véritable rôle sera d‟accompagner les fraudes électorales et d‟endormir les naïfs. C‟est donc avec confiance que les laïcs vont recevoir les messages de leurs curés et catéchistes, désormais chargés de sensibiliser les chrétiens pour qu‟ils s‟engagent à protéger la Nation contre toute tentative de modification de l‟article 220. La bataille contre le putsch ne fait que commencer.