Le scénario tant redouté par les bembistes vient de se produire. Jean-Pierre Bemba vient d'être reconnu coupable de crimes de guerre et crimes contre l'humanité le lundi 21 mars par la Cour Pénale Internationale. Le verdict est tombé comme un couperet causant la désolation chez les partisans du président du MLC. A l'unanimité les juges de la CPI l'ont reconnu coupables pour les viols et pillages commis en République centrafricaine entre 2002 et 2003. Pour les juges ses crimes avaient un caractère répétitif car ils se sont produits plusieurs fois. Bemba selon la CPI ne pouvait ignorer ces faits même en étant pas en RCA. Les juges écartent par cette conclusion la thèse bembiste de «resubordination» des troupes MLC au gouvernement du président centrafricain de l'époque Ange Félix Patassé. La Cour enfonce le clou en disant que Bemba avait eu connaissance de ces crimes qui ont fait 4500 victimes mais n'a rien fait pour les empêcher ni punir les auteurs. Évidemment ce verdict qui fait le malheur des uns fait le bonheur des autres. De manière froide, Bemba est définitivement hors course de la présidentielle de 2016 ou 2017. Ce qui objectivement arrange les affaires de ses autres partenaires de l'Opposition: Moïse Katumbi et Vital Kamerhe notamment. Mais au delà de la présidentielle de 2016, c'est la carrière de Bemba qui prend fin. La peine définitive sera connue tard le soir. Avec un casier judiciaire aussi lourd il ne peut concourir à l'avenir à aucune compétition électorale. Il ne pourra se contenter à teleguider ses lieutenants. Le jeu de l'ombre car la lumière c'est fini pour lui.
A moins qu'en appel, on lui donne raison. Scénario invraisemblable. Cette condamnation arrange aussi le régime de Kinshasa qui ne pourra plus activer les dossiers pénaux relatifs aux affrontements sanglants de 2006 entre bembistes et Kabilistes. Affrontements qui avaient cause notamment la mort du cambiste Huguo Ntanzambi. Une autre conséquence de cette décision lourde, c'est la cohésion du MLC. La perspective d'une sortie de prison de Bemba maintenait le parti dans un certain équilibre même si il a fait face à plusieurs départs. Bemba rendu activement inopérant sur le plan politique, ça risque de secouer au MLC. Une autre hypothèque sur Bemba c'est l'indemnisation des milliers des victimes. Cela risque de le ruiner. Ça sera un autre coup dur quand on sait que les indemnisations se chiffrent en millions des dollars. La CPI a frappé fort. Cela poussera beaucoup d'hommes d'État notamment congolais, à réfléchir à deux fois, avant de s'engager dans la voie des violations massives de droits humains de leurs citoyens. Droits qu'ils sont censés garantir par ailleurs.