C’est la sixième fois depuis l’ignoble double-assassinat de deux fervents défenseurs des droits de l’homme de la VSV, un certain 1er juin 2010, un jour noir pour le mouvement associatif. Des tonnes de larmes et surtout des coups de colère ont une nouvelle fois fusé hier devant la tombe de Floribert Chebeya Bahizire dit " Flory " au cimetière Benseke-Futi, nouvelle cité.
La douleur est toujours vive dans le cœur de tous ceux qui sont venus se recueillir pour cette commémoration placée sous le thème : " Six ans après votre assassinat, tous unis pour défendre votre cause ". Il ne croyait pas si bien dire, celui qui a inspiré cette réflexion. Dans tous les mots qu’on a entendus tout au long de la journée de commémoration, c’est la justice qui est prise à partie pour n’avoir pas conduit à la manifestation de la vérité.
C’est Adelaïde Tshebeya Tshibalonza qui est la première à s’exprimer, en fondant en larmes comme d’habitude. Elle retrace les circonstances de la mort de son petit-frère Floribert Chebeya Bahizire et son compagnon d’infortune Fidele Bazana Edadi. Elle considère ce dernier comme un témoin gênant. Tous, activistes des droits de l’homme, ont été assassinés, rappelle-t-elle, dans les installations des bureaux de l’Etat. Cet acte est curieusement commis par les agents de l’Etat congolais et avec comme Inspecteur général de la Police nationale congolaise (PNC), le général John Numbi Banza Tambo dans la commune de Lingwala, à Kinshasa, capitale de la RDC où siègent toutes les Institutions du pays.
L’ETAT CONGOLAIS QUI EST CIVILEMENT RESPONSABLE DOIT DEDOMMAGER CONSEQUEMMENT LES FAMILLES
Adelaïde Tshebeya note que l’Etat congolais malgré son silence est civilement responsable. D’où, elle exige une réparation conséquente en termes des dommages et intérêts. Quant au déroulement du procès, Adélaïde Tshebeya parle d’une mascarade juste pour dorloter les naïfs.
Elle formule des récriminations du fait que John Numbi Banza Tambo considéré comme suspect N°1 est toujours soustrait à toutes les procédures pénales initiées. Mais Adelaïde Tshebeya Tshibalonza est convaincue que le temps finira bien par le rattraper. Le vœu de la famille biologique de Floribert Chebeya Bahizire est d’avoir la lumière sur ce double-assassinat et connaitre les commanditaires par le biais de la justice.
La deuxième intervention est celle de la famille de Fidele Bazana Edadi qui a les mêmes revendications que celles de la famille Chebeya en rapport avec la justice. Elle déplore en plus le fait que le corps de leur regretté frère n’a jamais été restitué à la famille afin de lui permettre de faire son deuil.
En ce qui concerne la journée de commémoration de l’an-6 de ce double-assassinat, la famille Bazana Edadi a un sentiment de tristesse et de pincement au cœur. Pour elle, cet acte odieux est commis par les ennemis de la démocratie, ceux qui violent chaque jour les droits de l’homme.
Il y a eu ensuite la lecture du message d’Eugène Diomi Ndongala envoyé de sa cellule de prison de Makala à Floribert Chebeya d’heureuse mémoire. Pour lui, ce défenseur des droits de l’homme n’est pas mort. Car les hommes de cette trempe ne meurent jamais. Il ne sera jamais oublié.
Quant à l’intervention de la VSV prononcée par son directeur exécutif Dolly Ibefo Mbunga, il a insisté sur la nécessité de raviver la mémoire et rappeler l’obligation de poursuivre la lutte pour que justice soit effectivement rendue à Floribert Chebeya Bahizire et Fidele Bazana Edadi.
D’autres acteurs de la Société civile comme Jonas Tshiombela de la NSSC ont fait un mot dans le sens de l’espérance que tôt ou tard justice sera rendue à Chebeya et Bazana.
Le clou de la phase du cimetière, c’est le mot du représentant du ministre de la Justice et droits humains. Il rappelle que Chebeya était un fervent défenseur des droits de l’homme, un grand. Raison pour laquelle, le gouvernement à travers le ministre de la Justice a tenu à lui rendre hommage.
L’ASSASSINAT EST RECONNU PAR LES COURS ET TRIBUNAUX
L’assassinat est reconnu par les Cours et Tribunaux. On ne peut pas oublier ce grand défenseur des droits de l’homme. La justice est en train de faire son travail. L’Etat congolais est reconnu comme civilement responsable. Il ne peut par conséquent pas se dérober de ses responsabilités.
La deuxième phase de la commémoration s’est déroulée dans l’après-midi à la paroisse catholique Notre-Dame de Fatima à Gombe. Avec comme modérateur Jean-Bosco Puna de la Société civile, elle a porté sur les conférences et témoignages ainsi que la messe d’action des grâces dans l’Eglise Notre-Dame de Fatima en mémoire des ces deux activistes des droits de l’homme assassinés.
On peut présenter la quintessence de trois communications qui ont été rendues. La première, par Me Kabengela, du collectif des Avocats des parties civiles Chebeya et Bazana connu comme un fin procédurier. Il a montré les fortunes diverses rencontrées tout au long du procès.
LA HAUTE COUR MILITAIRE A SUBSTANTIELLEMENT REDUIT LA PEINE DE MUKALAY WA MATESO
Il fustige surtout le procès en appel au niveau de la Haute cour militaire (HCM) qui a substantiellement réduit la peine infligée au colonel Mukalayi wa Mateso reconnu coupable au premier degré. Le collectif des Avocats avait reçu autorisation des familles Chebeya et Bazana à aller en cassation à la Cour suprême de justice contre. Le délai du pourvoi est de 3 mois.
Or, au cours de ces 3 mois ils n’ont pas eu accès aux fonds qui était disponibilisé pour ce faire. Les trois mois sont consommés. Le délai est dès lors forclos. Ils ne peuvent plus former un pourvoi en cassation. Il a dénoncé le non-respect du droit de la défense tout au long du procès en appel à la Haute cour militaire.
Il condamne aussi la décision de la Haute cour militaire d’opérer une disjonction des poursuites abandonnant ceux qui sont en fuite et ne jugeant que ceux qui sont présents. Me Kabengela démontre que la Haute cour militaire s’est trompée sur la référence qu’elle fait pour ordonner la disjonction.
Cette disposition prévoit plutôt la surséance et non le disjonction comme l’a fait croire la Haute cour militaire, argumente Me Kabengela en étayant que le juge d’appel est saisi à l’égard de toutes les parties et tous les prévenus y compris les fugitifs. Il ne reste plus au collectif des Avocats de Chebeya et Bazana Edadi que de saisir la Cour constitutionnelle en inconstitutionnalité de l’Arrêt de la Haute cour militaire. Jean-Marie Kabengela Ilunga persiste et signe que le procès Chebeya et Bazana n’est qu’un stratagème pour couvrir l’impunité.KANDOLO M.