Conférence économique africaine : la RDC expose son expérience en matière de lutte contre la pauvreté

Mardi 3 novembre 2015 - 11:44

L’Afrique, réunie à Kinshasa, veut vaincre à jamais les fléaux qui empêchent son développement. Des experts recherchent un consensus dans la stratégie de lutte contre la pauvreté et les inégalités à l’échelle du continent noir pour les quinze années à venir.

 

Le président du Sénat, Léon Kengo wa Dondo, représentant du chef de l’Etat, a lancé les travaux de la 1Qème « Conférence économique africaine» hier lundi 2 novembre à la Cité de l’Union africaine à Kinshasa. La cérémonie d’ouverture a connu la présence du Premier ministre, Augustin Matata Ponyo, accompagné de plusieurs membres de son gouvernement, du secrétaire exécutif de l’Onu, du directeur régional du PNUD en Afrique, du vice-président de la Banque africaine de développement (BAD) ainsi que d’un panel d’experts venu de plusieurs pays.

 

Organisée par le PNUD, la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique et la BAD, cette conférence se tient du 2 au 4 novembre sous le thème « Lutter contre la pauvreté et les inégalités dans le Programme de développement pour l’après 2015 ».

 

Comme déclinée dans l’agenda 2063 de l’Union africaine (UA) et dans la position commune pour l’après-2015 sur les Objectifs du développement durable (ODD), la vision panafricaine de développement reste celle d’une « Afrique intégrée, prospère et paisible dont l’aspiration à l’émergence est conduite par ses propres citoyens et qui, par la même occasion, incarne une force dynamique sur la scène mondiale ».

 

Le président de la République, Joseph Kabila, dans son discours, lu par Léon Kengo wa Dondo, a soutenu que la RDC est maintenant en mesure « d’affronter avec sérénité les défis de la pauvreté et des inégalités » qui se posent. Ce, après quinze ans d’efforts consacrés à la pacification et à la stabilisation du pays, à la normalisation des relations avec les partenaires extérieurs, à la reprise de la coopération structurelle avec les institutions de Bretton Woods et à la relance de l’économie congolaise pour une émergence à l’horizon 2030.

 

CONSENSUS DANS LA LUTTE ATTENDU

 

L’occasion a été ainsi offerte au représentant du chef de l’Etat de décliner les ambitions de Kinshasa dans l’optique de vaincre la pauvreté et les inégalités qui persistent. Pur ce faire, le gouvernement projette de faire de la RDC « un pays à revenu intermédiaire en 2020, un pays émergent en 2030 et un pays développé en 2050 », a affirmé Léon Kengo wa Dondo.

 

Pour sa part, le directeur du bureau régional du PNUD en Afrique, Abdoulaye Mar Dièye, a fait savoir que le problème de la lutte contre la pauvreté et les inégalités se déclinent principalement sur deux niveaux. Les gouvernements doivent augmenter, d’une part, le niveau des ressources internes. Et d’autre part, il faudrait assurer une efficacité dans les dépenses publiques. Abdoulaye Mar Dièye a ainsi déploré la faiblesse des recettes internes des pays africains. « Aucun pays ne peut se développer sans ressources internes suffisantes », a-t-il dit, suggérant aux gouvernements d’accroître les recettes par la pression fiscale, non pas par l’augmentation des taxes mais plutôt par la lutte contre l’évasion fiscale.

Quant à l’efficacité dans les dépenses publiques, ici l’expert du PNUD a déploré les inégalités horizontales. Son constat est que les gouvernements africains ont tendance à dépenser plus pour les capitales et les grandes villes au détriment des régions périphériques. Ce qui serait à la base, selon lui, de l’apparition de conflits dans les zones périphériques du fait de la pauvreté et des inégalités. « Je souhaite inviter notre conférence à sortir des sens tiers battus afin de faire preuve de créativité audacieuse et esquisser les pistes de résolution de la lancina équation que nous posent encore l’inacceptable ténacité de la pauvreté et l’insoutenable persistance des inégalités ; cette situation est un déni d’humanité. Surtout au regard d’énormes atouts et potentialités tant humaines que naturelles de notre continent. Notre conscience collective est donc interpellée », a déclaré le directeur régional du PNUD en Afrique. Et d’espérer que de ces assises sortira ce que l’on pourrait appeler « le Consensus de Kinshasa pour l’éradication de la pauvreté et la réduction des inégalités en Afrique ».

 

MATATA VEUT POURSUIVRE DES REFORMES

 

Pour le secrétaire exécutif de l’ONU, renverser la tendance dans la lutte contre la pauvreté et les inégalités impose aux Africains de rompre avec la routine, d’élaborer des politiques industrielles agressives pour accroître la productivité agricole, notamment, et assurer une croissance de qualité.

 

Le vice-président de la BAD, représentant son titulaire empêché, a relevé que le développement du barrage d’Inga, installé en RDC, est un facteur indispensable pour « changer les règles du jeu dans là lutte contre la pauvreté et les inégalités en Afrique». Investir dans l’électrification des pays africains permettrait, de son avis, d’améliorer sensiblement le bien-être des populations. « Nous voulons donc voir la malnutrition et les inégalités devenir des problèmes du passé. Oui, aujourd’hui le moment est venu d’en finir avec la pauvreté en Afrique », a-t-il martelé.

 

A la suite de la cérémonie officielle d’ouverture, une conférence de presse, animée par les trois orateurs et le Premier ministre Matata a eu lieu devant les médias nationaux et internationaux. A la question de savoir ce qu’il convient de faire pour que la RDC lutte efficacement contre la pauvreté et les inégalités, Matata Ponyo a réaffirmé que le gouvernement va continuer ce qu’il a déjà amorcé sous le leadership du président de la République.

 

Pour le chef du gouvernement, il n’y a pas trente- six solutions pour renverser la tendance. II faut, selon lui, «continuer la stabilisation du cadre macroéconomique qui reste le socle de tout l’édifice des indicateurs socioéconomiques (taux de change, taux d’inflation, taux de croissance). « Il nous faut faire des réformes pour changer la façon de gouverner. Il est difficile d’imaginer le développement sans l’énergie qui reste un facteur déterminant dans l’industrialisation de notre pays. Nous devons aussi améliorer notre gouvernance pour que les ressources collectées soient bien canalisées vers des secteurs porteurs de croissance afin de faire bénéficier le plus grand nombre des revenus générés ».

 

Par AMEDEE MWARABU KIBOKO