Congo-Brazza : nouvelle chasse aux Congolais : Kinshasa payé en monnaie de singe

Jeudi 21 mai 2015 - 10:47

Jusques à quand des congolais, tous âges et sexes confondus, continueront-ils à subir des traitements inhumains et infrahumains dans certains pays d’Afrique ? Des pays qui ont eu à bénéficier de l’hospitalité légendaire pendant des périodes où leurs ressortissants étaient en exil en RDC suite aux longues guerres civiles, des épidémies, la famine. Les ressortissants de neuf Etats voisins venaient chercher du travail au Congo pendant que leurs Etats étaient sous le joug des colonisateurs portugais, belges, britanniques, espagnols et allemands. Beaucoup d’entre eux ont épousé des femmes congolaises et leurs rejetons ont bénéficié de mêmes avantages que les autochtones, tant sur les plans scolaire, universitaire, sanitaire et professionnel. Certains ont eu à exercer de responsabilités politiques, sociales, syndicales et scientifiques en se faisant passer pour des Congolais. D’autres, après leurs études dans des universités européennes et américaines, sont revenus au Congo pour y exercer des hautes fonctions politiques en qualité d’autochtones. Ils n’ont jamais été l’objet de traitements inhumains ni de discriminations alors qu’ils étaient reconnus comme ressortissants étrangers par leurs voisins proches, des amis et connaissances.

Des bataillons de la Force Publique avaient volé au secours d’autres colonies africaines pour mettre un frein à l’occupation allemande pendant le Première Guerre Mondiale de 1914-18. Pour libérer le Rwanda, le Burundi, la Tanzanie actuelle, le Cameroun et la Palestine du joug allemand. D’où certaines avenues des grandes villes du Congo baptisées sous les noms des villes reconquises en Tanzanie actuelle, au Cameroun, en Ethiopie et au Moyen Orient ! Le peuple congolais par le biais du gouvernement congolais de l’époque avait financé les mouvements de libération de nombreux Etats africains, notamment le Mozambique, l’Angola, l’Afrique du Sud, la Zambie, le Zimbabwe, le Rwanda, le Tchad, le Sud Soudan, l’Ouganda, etc. Que des militaires congolais n’avaient-ils pas payé de leur sang les guerres de libération en Angola dans les rangs de l’Unita, du FNLA, du Flec, etc. ! Kinshasa garde encore les traces des sièges de ces mouvements de libération de l’Angola, sans oublier des écoles pour les élèves angolais dont les parents habitaient au Congo depuis l’époque coloniale dans des villes et localités du Kasaï, du Katanga, du Bandundu, du Bas-Congo et même du Kivu.

Outre l’hospitalité offerte à tous les ressortissants de ces pays, il faut prendre en compte que la Constitution de ce pays précisait dans bon nombre de ses articles que le Congo était prêt à renoncer à une partie de sa souveraineté pour voler au secours d’un Etat africain menacé par une puissance non africaine.

L’ingratitude manifeste

Ce qui étonne et révolte, c’est le fait que les autres pays africains qui ont tant bénéficié des faveurs et de l’hospitalité des Congolais, font semblant d’ignorer que les Congolais viennent chez eux pour chercher du travail qu’ils ne trouvent pas dans leur pays d’origine comme ceux-là l’ont fait à l’époque où leurs pays respectifs étaient plongés dans un chômage gravissime ou croupissaient sous le joug des puissances coloniales.

Procéder aux opérations de contrôle des documents de séjour rentre dans le cadre régulier des activités administratives normales et de sécurisation des personnes et leurs biens. Mais en profiter pour s’adonner à cœur joie à des violations massives des droits humains est condamnable à tout point de vue. «Ne faites pas à autrui ce que vous ne voulez pas que l’on vous fasse», disent certains passages de la Bible et du Coran ainsi que les coutumes et traditions séculaires dans le monde. Ensuite, la sagesse africaine énonce que l’on ne crache pas sur la route car l’on peut y revenir suite à d’autres circonstances imprévisibles de la vie. Lors de la guerre civile qui avait sévi au Congo-Brazzaville en 1997-98, des centaines des milliers des ressortissants de ce pays avaient trouvé refuge dans les provinces du Bas-Congo, du Bandundu et de Kinshasa. C’était de même pour les Rwandais, Burundais, Centrafricains, Nigérians, Guinéens, Sud soudanais, Ougandais, Zimbabwéens, Sud-africains et autres tout au long des guerres civiles et de libération.

Faiblesse de la diplomatie congolaise

Au lendemain des expulsions massives caractérisées par des violations massives des droits de l’homme perpétrées sur des ressortissants congolais par des éléments de la Police du Congo-Brazzaville en 2014, l’on avait constitué une commission mixte de deux gouvernements pour trouver des solutions adéquates afin que ce genre de situations ne se reproduise plus jamais. Depuis lors, c’est le silence radio. Voilà que les mêmes expulsions caractérisées par des actes de violence inhumaine se reproduisent sans émouvoir le moins du monde les autorités du Congo-Brazzaville. Il y a quelques semaines, des sud-africains noirs, essentiellement appartenant à la communauté Zouloue, avaient lancé une chance aux immigrés étrangers. Le bilan a été des plus effrayants : des biens meubles et immeubles pillés et incendiés, des dizaines des morts et des centaines des blessés, dont des congolais ayant cru aux vertus du panafricanisme.

Silence coupable de la communauté internationale

Tous ces actes de violence se sont produits sans que la communauté internationale ne lève le petit doigt pour mettre en garde les autorités de ces Etats. Comme si la vie des ressortissants congolais au Congo-Brazzaville et en Afrique du Sud n’a pas de valeur, comme si les congolais n’ont pas droit de vivre partout au monde au même titre que les autres humains. Où est la Cour Pénale Internationale face à ces crimes contre l’humanité ?

F.M.