Les Organisations de promotion et de protection des Droits Humains et du Droit International humanitaire basées au Kasaï-Oriental, en République Démocratique du Congo, sont très préoccupées de la situation des détenus à la prison centrale de Mbuji-Mayi qui va de mal en pis sans mesure adéquate d’humanisation des leurs conditions de détention.
En effet, en dépit de plusieurs rapports, alertes et communiqués de presse, lobbyings et plaidoyers à l’endroit des autorités tant nationales, provinciales et locales sur la gravité des conditions de détention à la prison centrale de Mbujimayi, l’administration pénitentiaire de cette ville est restée en marge des instruments juridiques internationaux régulièrement ratifiés par la République Démocratique du Congo et plus qu’inquiétante.
Au vu des statistiques à notre possession du 25 août 2015, cette prison compte 815 détenus civils, policiers et militaires confondus, dont parmi eux 37 femmes, 778 hommes, 8 mineurs.
Elle dispose de 262 condamnés et 553 prévenus dont certains dossiers disparus, selon les informations en notre possession.
Pire est de constater qu’au delà du nombre très croissant de détenus dans cette prison dont l’exigüité de l’espace de leur hébergement n’est pas à démontrer, sa capacité d’accueil étant d’au moins 150 à 200 détenus, ces derniers sont tous exposés à l’épidémie de la tuberculose dont 212 cas positifs dépistés sont enregistrés à ce jour.
Par ailleurs, l’environnement demeure très pollué. Depuis le mois de janvier à Août 2015, dans ces conditions proches à l’holocauste, la prison compte 23 décès, dont 13 cas de décès dus à la malnutrition sévère, 7 cas de tuberculose. Les autres cas de décès auraient des causes non déterminées.
Cependant, la carence de ration alimentaire dans cette prison, l’insuffisance des intrants médicaux et l’exigüité de la prison constitueraient indubitablement et péremptoirement les grands maux et facteurs de morbidité.
Eu égard à tout ce qui précède, les Organisations de promotion et de protection des Droits Humains et du Droit International humanitaire du Kasaï Oriental invitent et recommandent :
¢ Au pouvoir judiciaire :
– De procéder sans délai à la vérification des dossiers de tous les détenus afin que chacun des prisonniers soit fixé sur son sort et dans le délai raisonnable.
¢ Au premier ministre et au ministre ayant en charge la justice et les droits humains:- D’Améliorer d’urgence les conditions de détentions dans cette prison en la dotant régulièrement d’une ration alimentaire ;
– Délocaliser la prison, et soumettre au parlement le financement pour la construction et l’équipement d’une autre prison moderne en respectant les standards Internationaux.
– Au gouvernement provincial :
D’apporter son appui dans la prise en charge des prisonniers sans lequel sa responsabilité pourrait être désormais engagée en vertu des principes généraux de droits pour non assistance à personne en danger et crime contre l’humanité.
¢ Au Comité local d’encadrement du budget de la prison de Mbuji-Mayi :
– De bien gérer la ration alimentaire leur allouée par le gouvernement central et soumettre à la hiérarchie toute situation qui compromettrait aux droits des détenus.
Fait à Mbuji-Mayi,
le 27/08/2015
Sé/ CDH, ACIDH, FKVL, PVH, UFDH.