Décédé le samedi 12 mars : le professeur Mbuyamba Kankolongo repose désormais à la Nécropole Entre Ciel et Terre

Lundi 21 mars 2016 - 11:58
Image

 

La Colline Inspirée se vide de ses professeurs. Un grand critique littéraire, notamment le professeur Alphonse Mbuyamba Kankolongo vient de tirer sa révérence.

Le monde de belles lettres, surtout celui de la critique littéraire congolaise, est en deuil. Il a perdu depuis le samedi 12 mars 2016 le professeur Alphonse Mbuyamba Kankolongo, un grand critique littéraire dont le dernier ouvrage est « Les mélanges de Kadima Nzuji et Yves-Valentin Mudimbe ».

C’est hier dimanche 20 mars qu’Alphonse Mbuyamba Kakonlongo a été porté en terre à la Nécropole Entre Ciel et Terre dans la banlieue Est de la ville de Kinshasa.

Mais la question qu’on se pose est celle de savoir comment la société congolaise assiste « inactive » à la mort de ses intellectuels. Tous meurent de la même façon : dans une misère et un dénuement total. Alors que ceux qui n’ont rien fait pour ce pays sont dans une jouissance totale. De leur vivant, ces intellectuels sont écartelés entre la science et la pauvreté, au point qu’à leur décès commence pour la famille la traversée du désert. Et s’ils ne meurent pas, la misère frappe déjà à la porte à partir de la retraite. La scène est connue : prime brutalement coupée et le professeur ne vit plus que d’expédients et du maigre salaire. D’où cette question : Quelle est la place de la science dans la société congolaise?

L’université congolaise connaît une réalité triste, celui du vieillissement du personnel enseignant. Plus grave, ces enseignants sont en train de mourir sans possibilité de procéder au renouvellement de cette caste d’hommes rarissimes. Il se pose un sérieux problème de vocation, dirait on, au regard de la précarité de la carrière enseignante en RDC. Le métier de la craie paie très mal au pays de Lumumba qu’il n’y a aucun honneur d’être enseignant congolais.

Pour que le professeur d’université se retrouve, il doit se caser dans un cabinet ministériel, sinon c’est la mort programmée. C’est la misère la plus noire, malgré le nombre de ses diplômes ou ses qualifications académiques. Comme qui dirait, il n’est pas bon d’être enseignant congolais. Pour que cette situation change, le gouvernement doit inscrire la question du personnel universitaire (professeurs d’universités et chercheurs) au centre de ses préoccupations. Pour ce faire, il doit voter non seulement un budget conséquent en faveur de l’université et de son personnel, mais aussi et surtout assurer la survie de la famille après la mort du professeur qui rend des services indéniables à la société. Car, dit-on, sans université, il n’y a ni émergence, ni développement.

C’est quand même curieux que la société congolaise soit portée à oublier les services que lui rend l’université. La plupart de ceux qui sont au pouvoir passent par cette Alma Mater mais dès qu’ils acquièrent une parcelle d’autorité, ils oublient vite ceux qui leur ont transmis le savoir.

Les premiers concernés sont les professeurs qui se retrouvent dans le sérail du pouvoir et qui assistent « médusés » à la mort de leurs collègues, les uns après les autres.

Par ST AUGUSTIN K.